Le pouvoir spirituel qui gagne
Swami Rama Tirtha

Conférence donnée le 5 février 1903 au Golden Gate Hall de San Francisco, U.S.A.

(Traduction : Gaura Krishna)

 

 

Mon propre Soi sous la forme de Mesdames et Messieurs,

Voici quelques questions auxquelles doit répondre Rama.

Question : Comment pouvons-nous apprendre à nous voir nous-mêmes comme les autres nous voient ?

Réponse :Si vous apprenez à vous voir vous-mêmes comme les autres vous voient, cela ne vous fera aucun bien. Les autres nous voient comme nous ne sommes pas; il ne nous voient pas comme nous sommes en réalité. Si les gens vous regardaient comme Dieu, s'ils pouvaient voir la Divinité en vous, s'ils pouvaient vous voir comme Divinité, alors vous seriez vraiment compris. Parents, frères, père, mère, amis, tous font dans vos oreilles un tapage selon lequel vous êtes ce que vous n'êtes pas. Quelqu'un vous appelle fils, d'autres frère, ami, ennemi, etc, tout cela vous limite. Un homme vous dit bon, il vous limite; un autre vous dit mauvais, il vous limite; un autre vous flatte ou se moque de vous, il vous limite aussi; un autre vous avilit, vous condamne, cela aussi vous met des menottes, vous limite, vous lie. Heureux est l'homme qui résiste à tous et à chacun et qui affirme sa Divinité, L'homme qui réalise son véritable Atman, son vrai Soi, l'homme qui peut se tenir droit et affirmer sa Divinité devant le monde entier et devant tous les autres mondes autour de lui et qui reconnaît son unité avec la Divinité est en position de défier tous ces mondes. Au moment même où vous êtes prêts à vous lever pour votre Divinité, le monde entier est obligé de vous considérer comme Dieu; l'univers entier doit vous regarder comme Dieu.

Question : Dites-nous, s'il vous plaît, quelle est la signification de Raja Yoga.

Réponse : Le sens de Raja Yoga est : méthode royale ou route royale vers la concentration. C'est le sens littéral. Raja veut dire méthode ou route royale et Yoga veut dire concentration.

Question : Donnez-nous la meilleure méthode ou donnez-nous une méthode telle que tous puissent l'adopter pour répandre la Philosophie Védantique.

Réponse : La toute meilleure méthode de diffusion de la Philosophie Védantique est de la vivre, il n'y a pas d'autre route royale.

Les gens veulent toujours obtenir quelque chose de matériel, quelque chose de grossier, quelque chose sur quoi ils peuvent poser la main. Ils veulent poser leurs mains ou tenir des objets grossiers, matériels, et ils échouent continuellement, mais ils ne veulent pourtant pas abandonner cette matérialité; ils veulent quelque chose sous forme d'argent sonnant et trébuchant, ils ne veulent pas abandonner la forme et l'apparence.

Ô cher frère, ces soi-disant formes d'argent sonnant, ces faits matériels ne sont rien que des illusions des sens, rien d'autre. Celui qui dépend de ces soi-disant faits et formes ne réussira jamais. Se fier à des formes et à des limitations n'apportera jamais le succès; çà n'est pas le secret de la réussite. Le secret de la réussite est de dépendre du principe subtil : la Vérité. Emparez-vous de cela, réalisez cela, ressentez cela, vivez cela et ces noms, ces faits , ces formes et ces apparences vous rechercheront.

Cela a été illustré par deux hommes emportés par le courant d'une puissante rivière. L'un d'eux attrapa un gros rondin et l'autre une fine corde. Celui qui avait attrapé le gros rondin se noya alors que celui qui avait attrapé la fine corde fut sauvé. De même les gens qui dépendent de supports grossiers, les gens qui dépendent de grands noms et d'une grande propriété échoueront à long terme. Dépendez de la fine corde de la Vérité, de la corde fine de la Réalité. Si vous ressentez votre Divinité, si vous prenez conscience de votre Divinité, peu importe où vous vivez, que ce soit dans les forêts profondes ou dans les rues surpeuplées; réaliser la Vérité transformera tout, changera le monde entier.

Voici une table. Supposez que vous vouliez la déplacer. Si vous exercez une force à un coin, si vous prenez la table par un coin ou par l'un des côtés, vous pouvez bouger la table, la table part.. Le monde entier est comme un grand corps rigide et votre corps comme un coin ou un point de cette table. Si vous attrapez ce simple point, si vous le levez, si vous l'élevez, si vous l'appelez Dieu, si vous l'appelez Divinité, si ce simple point peut être pour ainsi dire plongé dans votre Divinité, si ce simple point peut être levé avec cette force, le monde entier sera tiré, le monde entier sera déplacé, parce que le monde entier est comme un corps rigide, solide, comme la table. Donnez de la hauteur à votre personnalité et vous levez le monde entier. C'est une immense bévue, une erreur énorme que de croire en des organisations ou en des grands corps, en de grandes églises et en de grandes missions. C'est une immense bévue, elle n'apporte rien que l'échec et le monde s'en rendra compte tôt ou tard. De même, les gens qui ne dépendent que d'un seul corps et non d'organisations ou de sociétés sont ceux qui changent le monde entier. Les gens qui appartiennent à des associations et à des sociétés réunissent des dollars, construisent des maisons, achètent des vêtements, mais ce genre de conquête n'est pas une évolution spirituelle.

Les chacals des bois forment toujours de grandes congrégations, de larges associations. Ils se réunissent toujours en grand nombre, ils siègent et s'assoient ensemble et ensemble aussi ils hurlent , ils forment de grandes assemblées et il font beaucoup de bruit. Le mouton dépend de même du troupeau, ils s'assemblent et forment des associations; mais les chacals et les moutons sont-ils capables de se lever pour faire face à l'ennemi ? Non, non. Avez-vous jamais entendu parler de lions qui vivaient en grand nombre, avez-vous jamais appris quelque chose sur des lions qui voyagent en grand nombre, avez-vous jamais entendu dire qu'ils formaient des associations ou des rassemblements ?

Les aigles sont les rois des oiseaux. Forment-ils des associations ? Oh non. Ce sont les oiseaux minuscules, les petits oiseaux qui volent ensemble. Les aigles et les lions vivent seuls, mais un aigle peut faire s'envoler toutes vos congrégations de petits oiseaux.

Les éléphants forment des congrégations. Ils voyagent en grand nombre, c'est du fait de leur nature sociable; ce sont des animaux grégaires, d'énormes animaux par la taille, mais un seul lion arrive et il repousse et disperse un rassemblent entier d'éléphants. Ne dépendez pas d'associations ou de congrégations, c'est l'affaire de chacun et de tous d'être fort à l'intérieur de lui.

De même, le meilleur moyen de répandre le Vedanta est de vivre le Vedanta, que ce soit parmi les autres ou seul. Vivez le, l'air est obligé d'en parler; le soleil, la lune, les étoiles, les cieux, tous sont obligés d'en parler et il doit se répandre.

Christ a-t-il formé une congrégation ? Non, non. Le pauvre homme vivait seul. Shankaracharya a-t-il formé une congrégation ? Non, le pauvre homme vivait seul. Chaque homme doit vivre seul, doit se tenir tout seul, chacun doit ressentir et réaliser sa Divinité au-dedans. Au moment même où vous la réalisez, au moment même où vous la réalisez et la vivez, à ce moment même elle jaillira de vous comme la lumière sortant du soleil.

Rappelez-vous, pensez-y, toutes ces tentatives pour opérer des réformes, toutes ces tentatives pour réformer l'humanité, qui sont basées sur ou dépendent de l'argent ou de l'aide extérieure ou qui recherchent quelque chose des autres, toutes ces tentatives qui mendient, toutes aboutissent à l'échec. C'est la Loi. Ne dépendez que de la Réalité Suprême et Infinie au-dedans, et lorsque l'aide extérieure cherche après vous, c'est très bien, vous pouvez condescendre à l'accepter. Ce doit être de la condescendance de votre part s'ils veulent devenir des recrues, s'ils veulent devenir des disciples. Dépendez d'eux et au moment même où vous dépendrez d'eux ils vous quitteront, ils vous abandonneront, c'est la Loi. Ne dépendez jamais d'aide extérieure, ne dépendez que de vous-mêmes, de l'Esprit à l'intérieur, cela est nécessaire, rien d'autre.Ces grandes formes, montées par les gens, tous ces titres à rallonge, tous sont des échecs; ils ratent la cible; ils ne délivrent personne, ils ne libèrent personne, ils ne rendent personne indépendant, ils apportent souffrance et problèmes.

Prenez un cadavre. Vous pouvez l'animer à l'aide de l'électricité, vous pouvez faire bouger ses lèvres, vous pouvez faire lever ses bras, vous pouvez le faire s'incliner comme ceci ou comme cela, mais oh, çà n'est pas de la vie. De même, toute l'aide qui vient de l'extérieur, tout le pouvoir que vous obtenez des richesses, de la fortune, des vêtements, toute la flatterie qui vous est accordée par les journaux, toute la louange que vous obtenez par la presse, toute l'attention obtenue des disciples et des dévots, toute cette aide n'est que l'aide de l'électricité pour faire bouger le cadavre, elle n'amène aucune vie, elle n'enlève aucune souffrance, elle ne vous rend ni libre ni indépendant. La vie ne vient pas au son des trompettes, la vie pousse à partir de la graine, du dedans et non du dehors.

Voici une graine vivante, le petit embryon; la vie est là, elle va monter de l'intérieur, cela va prendre un peu de temps mais ce sera de la vie réelle et non de la fausse.

Grâce à l'électricité nous pouvons produire des effets instantanées et des résultats tout à fait étonnants en faisant bouger un cadavre, en lui faisant lever la tête ou lever la main, etc... mais la vie n'est pas là. La vie est ce que nous voulons. De la même manière Rama dit : laissez semer les graines, que la Vérité fasse du bruit dans vos oreilles et y pénètre; la graine une fois semée nous n'avons pas besoin de nous en préoccuper beaucoup. De même, pour répandre le Vedanta, pour prêcher le Vedanta, vous devez vous-mêmes réaliser la Vérité; les graines seront semées, ne vous occupez pas de sa future croissance; elle continuera à croître sans que vous vous en préoccupiez.

Il y avait un jour un sage qui avait un disciple très dévoué, un fidèle très dévoué qui avait l'habitude de lui rendre visite chaque jour. Il advint un jour que le sage s'absenta quelque temps et, lorsqu'il revint, son disciple dévoué ne lui rendit jamais plus visite. D'autres personnes vinrent et remarquèrent l'absence continue du disciple, et ils se mirent à se plaindre de ce disciple qui avait l'habitude de tenir compagnie au sage. Le sage sourit et dit : "Pourquoi chercher une faute; pourquoi proférer des reproches contre lui; quel besoin y a-t-il qu'il vienne; pourquoi devrait-il s'attacher à ce corps ? Je ne suis pas cette personnalité, je ne suis pas ce corps. S'il me considère comme ce corps, s'il me considère comme cette personnalité, il sera lui-même crucifié. Qu'il voie lui-même le réel Soi que je suis, cette Vérité, cette Divinité, cette Puissance Suprême que je suis. Qu'il soit fidèle à mes enseignements et il sera libre, il sera bienheureux." Le sage dit encore : "Une fois qu'une jument a été conçue, elle n'a pas à revoir le cheval; la graine est semée et en temps voulu elle donnera un poulain." Il dit de même : "Les graines ont été semées et je ne me préoccupe pas des résultats, la graine produira des résultats."

Aussi que vous continuiez à tenir des réunions ou non n'a aucune importance pour Rama; que vous vous rappeliez le nom de Rama ou l'écrasiez sous vos pieds n'a aucune importance pour Rama; que vous flattiez ou maudissiez, ou que vous condamniez ce corps n'a aucune importance pour Rama, tout le temps la graine est semée, laissons-la produire des résultats. Pourquoi de plus devrions-nous nous préoccuper du monde ou de tout ce qui s'y trouve ? Au moment où nous nous levons comme réformateurs du monde, nous devenons des déformateurs du monde. Médecin, guéris-toi toi-même.

Selon le Vedanta, le monde entier n'est rien d'autre que Dieu, le monde entier est parfait, le monde entier est Divinité, il est mon propre Soi, le monde entier est un. Dans ce cas, si j'adopte une méthode de réforme, si je vois que vous êtes opprimés, si je vois que vous êtes misérables et malheureux du fait de désirs insignifiants, à ce moment même je vous déforme parce que je vous considère comme quelque chose de différent de moi-même. Aussi le Vedanta dit : "Ô réformateurs, qui prenez ce rôle, vous regardez le monde comme un ensemble de pécheurs, vous les considérez comme déformés et vous abusez d'eux." Pourquoi le monde devrait-il être si pauvre qu'il ait besoin de votre aide ? Christ est venu et a fait tout ce qu'il pouvait pour élever, pour éclairer les gens, mais le monde n'a pas été réformé. Krishna est venu et a fait ce qu'il pouvait. Bouddha est venu, tous les innombrables philosophes sont venus, mais il y a encore la même peine, la même souffrance et les mêmes problèmes, nous voyons que le monde est pareil. Les gens sont-ils un peu plus heureux aujourd'hui ? Vos chemins de fer, vos voitures, vos télégraphes, vos téléphones, vos grands bateaux, toutes vos grandes productions scientifiques rendent-ils les gens plus heureux ? C'est exactement comme une fraction dont le numérateur et le dénominateur ont augmenté tous deux; la fraction semble différente, elle semble être plus grande, mais c'est en réalité la même fraction augmentée proportionnellement. Si vos revenus et vos possessions ont augmenté, vos désirs ont eux aussi augmenté. C'est comme la queue du chien: si vous la tenez droite elle est droite, mais au moment où vous la lâchez elle se recourbe comme avant. Aussi ces gens qui se lèvent ou qui commencent avec un désir de réformer, ceux qui font du bruit de cette manière dans l'univers s'illusionnent eux-mêmes. Jeunes hommes, rappelez-vous, vous faites une grande erreur en commençant quelque chose dans le monde. Ne jetez pas votre centre de gravité en dehors de vous-mêmes. Ressentez, ressentez votre réelle Divinité, et au moment même où vous serez remplis de cette Divinité la vie, l'énergie et la puissance couleront spontanément, de manière permanente. Telle est la manière de répandre la Vérité.

Archimède avait l'habitude de dire : "Je peux faire bouger le monde si je peux avoir un point fixe.", mais le pauvre bonhomme n'a jamais trouvé ce point fixe. Le point fixe est en vous; attrapez-le, ressentez-le, ressentez-le, réalisez-le, prenez conscience que vous êtes Divinité, que vous êtes le Seigneur des seigneurs, l'Arbitre de toute justice, la Source de toute beauté, de toute force, de toute puissance, prenez conscience que vous êtes le Roi du monde entier : vous êtes Cela et la réalisation de votre véritable Soi conquerra d'elle-même le monde entier, donnera vie au monde, le fera aller.

Le Soleil fait tout son travail selon les principes ou sur les principes du Vedanta. Il est l'origine, la source de la vie et de l'énergie du monde entier. Le Soleil est un Vedantin et il agit d'après les conseils que vous donne Rama. Le Soleil fait çà. Il donne toute la vie, toute l'énergie au monde, mais il le fait de manière impersonnelle. Il n'y a en lui aucun égoïsme, il n'y a en lui aucune nature égoïste, aucun petit agrandissement de soi-même n'est en lui : il se remplit lui-même d'énergie, il est toute force, toute énergie, toute lumière et toute activité. Aussi lorsque vous vous levez et qu'arrive le Soleil, fait-il une annonce spéciale de sa venue, écrit-il dessus un livre ou une brochure, fait-il du bruit à ce sujet ? Oh non, mais vous voyez, toute cette terre, ce monde qui est le vôtre est vivifié, cette terre qui est la vôtre est portée à la vie; oh, comme lentement, comme graduellement, comme doucement mais sûrement la Nature s'éveille; les rivières s'éveillent; vous savez qu'elles gèlent la nuit, mais le Soleil monte, les réchauffe, leur donne la vie, et elles coulent. Les roses et les fleurs des rives des lacs et des courants éclatent du fait des rayons chauds et affectueux du Soleil.

Par ailleurs les lotus des yeux des hommes éclatent, ou en d'autres termes les hommes s'éveillent aussi et sont remplis de vie et d'activité; l'air est mis en mouvement, l'air est plein de vie et d'action, parce que le soleil a vie et action, et par lui la lumière et l'activité coulent vers le monde entier. Il ne pense pas à tirer un bénéfice pour lui-même en vivifiant le monde, en vous réveillant ou en faisant chanter les oiseaux ou en faisant s'épanouir les fleurs. Tout passe par lui parce qu'il dépend de lui-même, parce qu'il vit cette vie en lui. Ceci est le principe : vivez cette vie en vous, vivez cet Atman en vous, sentez que vous êtes la Lumière des lumières, le Seigneur des seigneurs, l'Arbitre de toute justice, de toute vigueur et de toute beauté, et que toute existence est due à vous; ressentez cela, ressentez cela ! Tentez ces expériences spirituelles, et alors voyez !

Que font-ils à garder un petit fils, un petit enfant heureux, et gai ? Toutes ces stupides mères et tous ces pères stupides, tous deviennent disciples de l'enfant. Chacun et tous apprennent les leçons de l'enfant. Comment sont-ils disciples ? Ils commencent à parler comme des enfants, ils commencent à danser comme des enfants, ils commencent à faire des grimaces avec l'enfant; l'enfant commence à monter sur leurs épaules, ce petit tyran ! L'enfant vit son innocence; l'enfant est libre, il n'a peur de personne. Ces petites lèvres boudeuses sont plus impérieuses, plus impressionnantes, plus persuasives que n'importe lequel de vos Démosthènes ou que vos Burkes. Sa volonté doit être faite. Ce petit tyran dont le physique est si frêle, dont les mains et les membres sont si minuscules, a foi en lui-même, sa volonté doit être faite. Il est fort dans sa faiblesse. Plein de foi en lui-même il ne se compromet pas. Les parents vendent souvent de la propriété, tout est sacrifié pour le bien de l'enfant, de ce petit tyran, et malheur à l'homme qui n'obéit pas à ses ordres ! Le pouvoir secret dans l'enfant est le Vedanta. Pour lui le monde n'est pas monde, pour lui cette prudence n'est rien, pour lui il n'y a rien que le bonheur suprême et la toute puissance; toute puissance est dans le doux petit enfant innocent. C'est le secret de la réussite de l'enfant.

Vivez de même le Vedanta, ressentez, prenez conscience que vous êtes le Seigneur Tout-Puissant, le Souverain de l'univers, le Seigneur des seigneurs, le Dieu des dieux; le Gouverneur et le Contrôleur de tous les corps du monde; ressentez, ressentez que "Je suis la Réalité", et sentez la, vivez la et vous aurez des disciples, assez de disciples. Les enfants obtiennent des disciples sans faire de la publicité, sans s'insinuer dans les faveurs de quelque grand homme, sans solliciter les faveurs de la presse; quiconque regarde l'enfant est un disciple. N'est-ce pas un fait ?

Vivez le Vedanta et vous aurez assez de personnes pour vous écouter. Lorsque la lune apparaît, il ne manque pas de gens pour venir jouir de sa beauté. En Inde, le jour de la nouvelle lune, tout le monde sort regarder la lune et adorer la Divinité en elle. C'est ce que l'on appelle dvitiya qui veut dire "jour heureux". Ce jour-là les gens mangent de la nourriture bonne et délicieuse et rendent visite à leurs parents et à leurs amis et ils s'amusent..

Laissez la Lune se lever en votre coeur et ne vous préoccupez pas du modus operandi, les voies et les moyens chercheront après vous, ils doivent vous rechercher. Lorsqu'une rose s'épanouit il n'y a pas pénurie d'abeilles. Là où il y a du miel, les fourmis doivent le rechercher.

Ne vous souciez de même que de produire du miel en vos coeurs, produisez les roses de la connaissance, au sommet de leur croissance, en vous, alors tout viendra, vous n'aurez besoin de rien, vous ne voudrez rien. Si alors vous voulez quelque chose, ce sera la Divinité, la réalisation au-dedans. Lorsque vous reculerez, tout vous quittera. Lorsque vous tenez fermement la Divinité au-dedans, lorsque vous avez appris cela, alors vous la vivez, alors le monde entier est comme un chien, il veut lécher vos pieds. Ne le recherchez pas, le secret de toute puissance est en vous et en rien d'autre.

Ici en Californie se trouvent les sources de Shasta. On dit que l'eau y est très belle. Tout le monde veut y aller. Les sources de Shasta n'ont pas à s'inquiéter des visiteurs, elles n'ont pas à faire paraître de proclamations; elles n'ont pas besoins d'envoyer de la publicité aux gens. Les gens doivent chercher après elles et ils le feront.

De la même manière, au moment où les sources pures et fraîches de la Connaissance, de la Vie, de la Pureté et de l'Amour jaillissent de votre coeur, à ce moment même vous possédez pour ainsi dire ces sources Shasta; les visiteurs et les gens chercheront après vous. C'est la Loi inaltérable, immuable. La seule chose nécessaire est de mettre ces sources en vous, peu importe si vous restez dans un seul endroit ou si vous allez de place en place. Si vous restez en un seul endroit, les gens viendront vers vous; si vous voyagez de place en place, les gens chercheront après vous, s'il y a la Vérité et la Spiritualité réelles. Rien ne dépend d'un comportement extérieur, tout l'effort pour y mettre ces sources consiste à laisser la Divinité couler en vous fraîche et libre.

On dit de Kant qu'il ne savait pas quand il était né, mais les gens du monde entier avaient entendu parler de lui. Le secret de la réussite ne consiste pas à demeurer en un seul endroit. Obtenez en vous de la force spirituelle et vous pouvez vous allonger sur un sofa, et malheur au monde s'il ne vient pas recevoir de vous la Vérité.

Lorsqu'un magistrat arrive et prend sa place au tribunal, tous les plaignants, les avocats, tous les défenseurs et les témoins viennent d'eux-mêmes; le magistrat n'a pas à se fatiguer à les envoyer chercher; il n'a pas à se préoccuper de l'arrangement des chaises dans la salle d'audience; il n' a pas à se préoccuper de l'arrangement de la tapisserie de la salle d'audience; il n'a pas à envoyer des invitations aux défenseurs, aux plaignants ou aux témoins; les autres veilleront à tout.

Rama dit : Saisissez ce Royaume des Cieux, saisissez cette Majesté Divine en vous. Ô Divinité Suprême ! Ô Suprême Majesté ! Ô Homme ! marche dans ta dignité, roi que tu es, marche dans ta Divine Majesté, continue ta route dans ta Divinité, dieu que tu es. Ne t'en fais pas pour les affaires, pour ton vêtement, pour ton billet de train, pour ta propriété, pour ta maison, ne te préoccupe pas de toutes ces choses, c'est l'affaire du monde extérieur. Monte, réalise ta Divinité, prends conscience que tu es le Soleil des soleils; la lune, les étoiles et les anges répondront à tes besoins, ils le doivent. C'est la Loi. C'est la Vérité, et le Vedanta prêche cela comme secret de la réussite. Au moment où vous êtes dans la Divinité, au moment où vous prenez conscience de votre véritable Soi, au moment où vous ressentez votre vrai Soi, à ce moment grande sera votre puissance, à ce moment le monde cherchera après vous, à ce moment le monde sollicitera votre faveur.

Ecoutez, c'est la grande erreur des gens de penser que la réussite peut être atteinte par des règles et des lois artificielles, que le succès dépend des puissants dollars, d'aides, de secours, d'argent, de parents, de serviteurs, d'amis. Ô c'est ainsi qu'ils travaillent à leur ruine. Les tentatives faites dans cette direction sont les mêmes que les tentatives faites pour faire chanter artificiellement le rossignol.

Prenez la colombe. Perchez la au sommet du cyprès le plus haut des Himalayas, la colombe sera inspirée d'elle-même et de douces sonorités apparaîtront. Le rossignol, sur ces hauteurs délectables des Himalayas, perché sur les roses, envoie sa délicieuse mélodie; des notes perçantes arrivent. De même Rama dit : lorsque vous vous perchez sur ces délectables montagnes de réalisation, lorsque vous êtes établis, que vous êtes fermement enracinés dans votre Divinité, alors, au travers de votre Divinité, vos actions, votre vie sublime, votre conduite pure, vos nobles actes doivent germer, ils doivent d'eux-mêmes suinter, jaillir, germer. C'est comme çà.

Les réformateurs veulent révéler de grands hommes, de grands hommes en établissant des lois et des règlements et ils veulent leur donner des ordres et se faire les inspecteurs des autres gens. C'est contre nature, çà ne marchera pas.

Les gens disent : "Oh ! mais nous voulons pratiquer." Rama dit : "Frère, D'où vient la pratique ? Ecoute, cette pratique qui se fait par des actions extérieures est comme le chant artificiel du rossignol. Les douces mélodies du rossignol, nous ne pouvons pas les faire sortir en saisissant le rossignol à la gorge et en lui disant : "Rossignol, viens un peu ici et chante." A partir du moment où le rossignol ou la colombe est libre, le rossignol chante et la colombe roucoule. De même à partir du moment où vous êtes en votre centre, à partir du moment où vous êtes dans la Divinité, à partir du moment où vous êtes enraciné dans la Divinité, où vous atteignez ces hauteurs de réalisation; de par vos pratiques nobles, des actes héroïques jailliront de la même manière que le roucoulement de la colombe et que les douces chansons du rossignol lorsque vous serez établi à la bonne place; c'est le bon chemin.

Imaginez un morceau de fer et que nous voulions que ce petit morceau de fer devienne un aimant qui attire à lui d'autres morceaux de fer. Comment pouvons-nous y arriver ? En magnétisant ce petit morceau de fer. C'est la bonne manière, alors ce petit morceau de fer pourra attirer d'autres petits morceaux de fer et les tenir. Actuellement ce petit morceau de fer ne peut tenir de lui-même un autre petit morceau de fer, mais pour y arriver nous devons d'abord transformer ce petit morceau de fer en aimant. Imaginez maintenant un aimant. Attachons ce premier morceau à l'aimant, le premier morceau de fer devient aussi un aimant et peut attirer et retenir le deuxième morceau de fer. Ce premier morceau de fer a été transformé en aimant, mais détachez ce premier morceau de fer du véritable aimant et son pouvoir s'en va, il ne peut retenir le second morceau de fer. Rappelez-vous, quand le premier morceau de fer est attaché ou relié au véritable aimant, c'est aussi un aimant, il a toutes les propriétés d'un aimant et peut retenir n'importe quel morceau de fer. Au moment même où nous coupons la liaison de ce premier morceau de fer avec l'aimant original, son pouvoir disparaît, il est incapable de retenir un morceau de fer.

De la même manière, voici un corps. Supposons qu'il s'appelle Christ. C'était un homme bon, pur. Qu'est-ce qu'il est ? Pendant les trente premières années de sa vie, il a été comme ce petit morceau de fer, personne ne le connaissait, c'était le fils d'un charpentier, c'était un garçon très pauvre, l'enfant d'une mère inconnue, on le méprisait. Puis cette pièce de fer a été reliée au véritable Soi, l'Esprit, qui est l'aimant, la source de l'attraction, le centre de toute vie et de toute puissance; il a été relié à la Divinité, à la Vérité, à la Réalisation, à la Puissance, et qu'est-il advenu de lui ? Cette pièce de fer aussi a été magnétisée, il est devenu un aimant et les gens ont été attirés par lui; des disciples et beaucoup de personnes ont été attirées à lui, ils ont commencé naturellement à s'incliner devant lui. Un moment est arrivé vers la fin de sa vie où de nouveau le corps de Christ, appelé morceau de fer, a été détaché de l'aimant, qu'est-il arrivé à l'esprit ? Toutes les pièces de fer qui y étaient attachées sont tombées, tous ses disciples l'ont quitté, ces mêmes gens de Jérusalem qui l'aimaient et l'adoraient avant, tous ceux qui l'avaient reçu royalement avant, ceux qui avaient décoré la ville en son honneur, tous l'ont quitté, son pouvoir était parti, tout comme le pouvoir de l'aimant lorsqu'il est enlevé du morceau de fer, son pouvoir s'en va, il n'a plus les propriétés d'un aimant. Quand ses disciples l'ont quitté, lorsque ces onze l'ont quitté, les gens se sont tant détournésde lui qu'ils ont voulu assouvir leur vengeance sur lui, qu'ils ont voulu le crucifier. C'était le moment où Christ a dit : "Ô Père, pourquoi m'as-Tu abandonné !" Cela montre que la relation était cassée. Voyez ce que la vie de Christ vous enseigne. Elle vous enseigne que toute la puissance et toute la vertu de Christ repose dans sa relation ou dans son attachement à l'Esprit véritable ou Aimant. Quand le corps solide de Christ était attaché à l'Esprit véritable ou Aimant, le corps de Christ était aussi un aimant; mais lorsque le corps de Christ a été détaché du véritable Esprit ou Aimant, alors son pouvoir est parti, ses disciples et ses fidèles l'ont quitté. Christ a retrouvé son union avec l'Esprit avant sa mort. Vous savez que Christ n'est pas mort quand il a été crucifié. C'est un fait que l'on peut prouver. Il était dans un état appelé Samadhi, un état où toutes les fonctions vitales s'arrêtent, où le pouls ne bat pas, où le sang quitte apparemment les veines, où tous les signes de vie n'existent plus, où le corps est pour ainsi dire crucifié. Christ s'est jeté dans cet état pendant trois jours et est revenu à la vie comme un yogi, il s'est échappé et est revenu vivre au Cachemire. Rama est allé là-bas et il a trouvé beaucoup d'indices que Christ y a vécu. Il y a beaucoup d'endroits qui portent son nom, des endroits où les Chrétiens ne sont jamais venus, beaucoup de villes qui portent les mêmes noms que les villes de Jérusalem où Christ est passé. Il y a là une tombe qui a 2.000 ans. On la tient pour très sacrée, elle est appelée la tombe d'Esah qui est le nom de Christ en hindoustani, et Esah veut dire prince, ainsi y a-t-il beaucoup de raisons qui prouvent qu'il est venu en Inde, la même Inde où il avait appris ses enseignements.

De plus les gens de l'Inde ont une sorte d'onguent magique que l'on appelle l'onguent de Christ, et l'histoire que racontent les personnes qui préparent cet onguent est que Christ avait l'habitude de guérir ses blessures avec après être revenu à la vie; et cet onguent guérit réellement miraculeusement toutes sortes de blessures.

Il y a beaucoup de preuves qui montrent qu'il est revenu là; mais Rama n'entrera pas ici dans les détails. Rama vous dit que lorsque Christ avait son corps attaché à l'Aimant, à la Divinité, le monde entier était attiré à lui. Comment la relation s'est-elle rompue ? Il y a plusieurs causes, les influences extérieures, le fait de trop se mêler au peuple, de rester trop longtemps éloigné de ces hauteurs spirituelles. Du fait de ces choses nous nous éloignons de ce pouvoir. Vous savez, Christ devait quitter les foules et se retirer dans les montagnes et il a dit à l'un de ses disciples : "Je sens que le pouvoir m'a été retiré, qui m'a touché ?" Voici comment cette relation a été rompue du fait d'un vécu trop long avec le peuple, d'un vécu trop long en-dessous de ces hauteurs de spiritualité. C'est tout à fait humain, tout à fait naturel. Même les fautes de Christ vous apportent du bien, la vie de tout le monde nous fait du bien si nous la lisons correctement; la bonne lecture de la vie de n'importe qui peut nous faire autant de bien que celle de la vie de Christ. Rama dit qu'au moment où vous vous coupez de l'Esprit vous n'êtes rien. Restez dans la Divinité, restez uni à la Divinité, ne descendez pas de ces hauteurs, réalisez la Vérité et vous êtes l'aimant, exactement comme le morceau de fer est l'aimant. Votre corps devient vif, exactement comme pour le petit enfant : sa chair est vive, toutes ses larmes, son chagrin liquide, pour ainsi dire, est réel.

Si de même vous êtes un avec la Divinité, vous êtes sacré, vous êtes un morceau de fer magnétisé, et vous devenez un aimant en restant au contact de l'aimant. Cela nous amène à un autre aspect de la même question. Nous avons attiré l'attention sur la source réelle, la cause réelle, le secret réel du pouvoir, mais les gens se trompent en le prenant pour autre chose. De la même manière le véritable pouvoir dans l'enfant vient de la réalisation du véritable Atman, du Soi réel, mais les gens donnent toute l'importance à son corps, et au lieu de développer cette véritable source de pouvoir dans la vie de l'enfant, les gens en font une vie opprimée.

Lisez la vie de Christ et faites exactement ce que Christ a fait; ne dépendez pas du corps de Christ mais dépendez de l'Esprit de Christ, de l'Esprit en vous. C'est la véritable manière de devenir Christ.

Le Vedanta n'est pas confiné en Inde; il est aussi bien pour les Chrétiens que pour les Hindous. Comment, à la lumière du Vedanta, s'opère le salut de l'homme au nom du Christ, comment ce problème est-il résolu ? On peut l'illustrer par une histoire. Il y avait un jour une mère, pas une bonne mère sensible, qui faisait croire à son enfant que la pièce à côté du salon était hantée par un esprit, un monstre terrible, quelque chose de hideux.. L'enfant devint fort terrifié et il avait peur d'entrer dans cette pièce. Un soir, le père revint de son bureau et demanda à l'enfant d'aller dans la pièce à côté et de lui rapporter quelque chose qu'il voulait à ce moment-là. L'enfant avait peur, il n'osait pas entrer dans la sombre pièce. Il courut près de son père et dit : "Oh papa, je ne veux pas aller dans cette pièce parce qu'il y a un grand monstre terrible, un fantôme, et j'ai peur." Le père n'aima pas çà et dit : "Non, non, cher fils, il n'y a pas de fantôme, pas de monstre, il n'y a rien dans cette pièce qui puisse te faire du mal, alors s'il te plaît vas-y et rapporte-moi ce que je t'ai demandé." Mais l'enfant ne bougea pas. Le père était très sage, aussi réfléchit-il à un remède pour cette maladie, pour cette superstition que l'enfant avait attrapée. Le père appela le serviteur et lui murmura quelque chose à l'oreille. Le serviteur quitta la pièce où se trouvait le père et il entra par une porte de derrière dans la pièce d'à côté, la pièce supposée hantée. Il prit l'un des oreillers et il posa un chiffon noir sur l'un des coins de l'oreiller et il fit dépasser l'un des coins de l'oreiller par un trou qui se trouvait à l'une des fenêtres de la pièce; il le rembourra et le fixa de telle sorte qu'il semble hideux. On y attira l'attention du garçon et l'enfant regarda quelque chose d'étrange et qui semblait terrible. Le père dit : "On dirait une oreille." (en montrant un des coins de l'oreiller qui dépassait), et l'imagination de l'enfant, qui était très active, établit tout de suite que c'était l'oreille du soi-disant esprit, et il cria : "Oh papa, c'est l'oreille du monstre, ne t'ai-je pas dit que cette maison était hantée, nous savons maintenant que c'est vrai." Le père dit : "Cher garçon, tu as raison, mais sois fort et courageux; prends ce bâton et nous allons détruire le fantôme." Vous savez, les garçons sont très héroïques, ils peuvent tout oser, ils ont un grand courage; aussi, en prenant la belle canne de son père, le garçon donna un bon coup, on entendit un bruit puis un petit cri. Le serviteur qui était dans la pièce sombre remit alors dans la chambre ce qui était supposé être l'oreille du monstre. Cela fit plaisir à l'enfant et il s'écria avec courage qu'il l'emportait sur le monstre. Le père lui remonta le moral, le regonfla et lui dit : "Mon cher garçon, tu es si courageux, tu es un héros." Mais tandis qu'il parlait à l'enfant deux oreilles du monstre apparurent dans l'entrebâillement ou dans l'ouverture des portes de la pièce. L'enfant fut stimulé, il courut vers le monstre et tapa et retapa sur la tête du soi-disant monstre. IL tapa et continua de taper, on entendit des cris de l'intérieur et le père dit : "Ecoute, mon enfant, le monstre crie d'angoisse, tu as vaincu, tu as vaincu." L'enfant continua de taper le soi-disant monstre, et le père retira l'oreiller. Le père s'écria : "Brave garçon, tu as battu le monstre qui se trouvait dans un oreiller, tu l'as transformé en oreiller. L'enfant fut content parce que c'était un fait; le monstre, le fantôme, la superstition avait disparu. L'enfant devint courageux, il sauta et dansa de joie. Il se mit à chanter puis il se rendit dans la pièce et apporta ce que son père voulait; mais est-ce qu'un père sain d'esprit conseillerait un remède de ce genre pour de grands garçons ? Oh non. Ce remède est très bon pour les petits garçons, mais pas pour les autres. Cette méthode fit du bien à ce petit enfant, elle atteignit son objectif, mais les grands enfants n'ont pas besoin d'un remède comme celui-là. Nous pouvons retirer toutes les fantaisies ou tous les rêves d'un petit enfant si nous prenons assez de temps pour nous y consacrer. Notez-le. Le Vedanta dit que le véritable fantôme, comme dans ce cas de la pièce hantée, n'a pas été chassé parce que l'enfant a tapé sur l'oreiller; la cause réelle de la disparition du monstre n'a pas été le fait de taper sur l'oreiller, çà a été l'évolution de la foi de l'enfant qu'il n'y avait aucun fantôme dans la maison. On a fait en sorte que l'enfant croie qu'il n'y avait pas de fantôme, et il n'y avait pas de fantôme; le fantôme était entré dans la pièce par l'imagination de l'enfant. Le fantôme ne s'y est en réalité jamais trouvé, c'était cette fausse imagination qui avait mis le fantôme dans la pièce et c'était cette fausse imagination qui devait être soignée. L'imagination des grandes personnes doit être guérie de manière différente. Les gens croient d'abord que "nous sommes perdus, que nous sommes naturellement des pécheurs, que nous sommes au bord d'un enfer épouvantable qui nous attend, qu'il y a toute une quantité de péchés qui nous alourdissent, que notre nature pécheresse est venue du crime d'Adam, que nous sommes pécheurs par nature, que nous sommes des créatures misérables, rampantes et faibles ! (Vous voudrez bien excuser Rama de parler franchement). Une partie de la Bible fait croire les gens dans leur nature pécheresse. L'Ancien Testament conduit dans les âmes des pauvres Chrétiens de ce monde, il conduit dans les pièces éclairées de vos coeurs, il conduit dans votre esprit, cave de votre Soi immuable, le fantôme de la chute, de la nature pécheresse, le fantôme du soi servile, opprimé, misérable. Ces idées ont été entrées de force dans le coeur des gens, l'idée qu'ils ne sont rien dans le monde que de pauvres créatures, de pauvres vers de terre et rien d'autre, vraiment rien d'autre que des créatures misérables et faibles à la merci du vent et de la tempête, impuissants en ce monde. Le fantôme de la superstition a d'abord été amené dans les âmes du monde. Puis est venu le Nouveau Testament. Rama ne parle pas d'un point de vue partial. Dans le Nouveau Testament le père s'est efforcé de défaire la superstition stupide que la mère, l'Ancien Testament, avait forgée chez les gens. Dans le Nouveau Testament, le père, St Paul, est arrivé et a fait de son mieux pour faire sortir ce fantôme du coeur des gens, et il a fait de son mieux pour les débarrasser de ce fantôme et les libérer. Quel plan a-t-il adopté ? Rama dit : St Paul n'a pas fait cela, mais c'est la Divinité au travers du corps de St Paul qui l'a fait et qui a dit aux gens comment cela devait être fait. On a dit que ces péchés, cette nature pécheresse grossière, cette servilité du mental, ce tâtonnement dans le noir, ce péché, ce fantôme de péché et de perdition pouvait être mis dehors par un certain processus qu'il tenait pour baptême, en devenant Chrétiens, en rejoignant l'église, en assistant à des offices, en demandant grâce pour des porcs rôtis , en nourrissant et en soutenant de grands prêtres, en endossant la livrée de Christ, en faisant tout cela vous serez sauvés et votre nom sera écrit dans le livre de la vie. Faites ce traitement, la rossée de l'oreiller pour ainsi dire, accomplissez ces cérémonies, faites ces choses, répétez le nom de Christ, chantez à l'Eglise, faites des offices, payez les prêtres, faites-les grossir et par cette méthode vous serez sauvés. Rama dit que si les gens qui ont accompli ces offices acquièrent une foi vivante, s'ils acquièrent une conviction profonde qu'ils sont sauvés, alors ils sont réellement sauvés. Rama dit que si le Chrétien véritablement vrai croit être sauvé après avoir accompli ces offices au nom de l'Église, il doit l'être; de la même manière que dans le cas de l'enfant qui accomplissait l'office de battre le monstre dans l'oreiller : la chambre n'a plus été hantée, le monstre, le fantôme n'y était plus.

De même, si vous êtes Chrétiens et que vous avez la ferme conviction d'être sauvés, en vérité vous êtes sauvés. Rama n'est pas d'accord avec les libres penseurs et les agnostiques qui disent que la foi vivante des Chrétiens est perdue ou qu'elle a disparu; il n'est pas d'accord avec ces personnes qui dénoncent la foi Chrétienne. Si votre foi vous donne le courage mental et vous affermit dans la croyance que vous êtes sauvés, alors vous êtes sauvés; mais Rama dit en même temps que le monde n'est plus un enfant, que le monde se trouve dans l'état d'un grand garçon. Ce genre de dogmes a sauvé des millions et des millions de gens jusqu'à aujourd'hui, mais il est grand temps maintenant de faire partir le fantôme de vos chambres en essayant de réaliser que votre nature n'est pas pécheresse, que votre chambre n'est pas hantée par un fantôme, en prenant conscience que vous n'êtes pas un ver de terre qui rampe, en réalisant que votre âme n'est pas opprimée, n'est pas vile. Prenez conscience que vous avez toujours été pur, que vous avez toujours été immaculé, que vous avez toujours été le Tout-en-tout, réalisez que vous êtes le Saint des saints, le Seigneur des seigneurs, le Dieu Suprême. Pensez cela, ressentez cela, réalisez cela, vivez cela. A quoi cela sert-il de vous toucher le nez en passant le bras derrière la tête quand vous pouvez toucher votre nez directement sur le devant de la figure ? Il ne sert à rien de croire au salut en faisant des offices.

Le Vedanta dit que si vous mettez votre foi à croire que vous avez toujours été sauvé, vous êtes le sauveur de l'univers. Si vous croyez que vous n'avez jamais été le corps, que vous n'avez jamais été en esclavage, si vous êtes comme de grands garçons et non comme des enfants stupides, si vous prenez conscience avec le Vedanta que vous êtes toujours sauvés, si vous réalisez avec le Vedanta que vous êtes l'énergie salvatrice, alors vous êtes le sauveur du monde entier. Ne gaspillez pas vos énergies en cérémonies superflues, vides de sens et extravagantes. Ne gaspillez pas vos énergies dans des cérémonies puériles qui consistent à battre un oreiller pour vous sauver. Ne soyez plus des enfants. Prenez conscience que vous êtes sauvés, et vous êtes sauvés. Ainsi l'élément salvateur dans tout le Christianisme est le Vedanta. Le Vedanta est le processus le plus beau. Si, une fois toutes ces cérémonies terminées, vous devenez fermes dans la conviction que "Je suis sauvé" et de rien d'autre, rappelez-vous simplement, c'est le Vedanta qui imprègne et se répand dans votre Christianisme qui vous sauve. N'attachez aucune importance injustifiée aux noms, aux formes et aux cérémonies extérieures.

Lors des Croisades pendant lesquelles tant de sang a été versé, la guerre et la lutte ont été apportées en Judée par les Chrétiens. Dans l'une des échauffourées, les Chrétiens furent battus, refoulés et repoussés. L'un des fanatiques des armées chrétiennes, qui voulait acquérir de la célébrité, annonça qu'il avait eu une vision dans laquelle un ange lui était apparu et lui avait dit qu'une certaine lance qui avait un jour touché le corps de Christ avait été enterrée sous ses pieds et qu'en trouvant cette lance les Chrétiens seraient menés à la victoire. Les gens acceptèrent l'histoire et la firent circuler jusqu'à ce qu'elle se répande dans toute l'armée, et tous les gens sans même avoir réfléchi à la vérité ou à la fausseté de l'histoire, commencèrent à creuser et à creuser, mais ils ne purent pas trouver la lance; ils creusèrent depuis le matin très tôt jusque tard dans la nuit mais ils ne trouvèrent pourtant pas de lance.. Ils devinrent fort découragés et il étaient sur le point d'abandonner la recherche quand tout à coup le même bonhomme commença à crier à tue-tête qu'il avait trouvé l'endroit. Tous se rendirent avec lui à l'endroit où il avait dit qu'on devait trouver la lance et ils trouvèrent la lance. Elle était vieille et rouillée, elle était mangée par les fourmis et les vers, et il dit : "Voici une lance, corrodée par la terre, une lance qui a du toucher le corps de Christ." Il la leva en l'air pour que tout le monde pût la voir. Les Chrétiens sautèrent de joie, leur bonheur ne connaissait pas de bornes. Inspirés par la découverte de la lance couverte de terre, remplis d'énergie et de force, tous attaquèrent de nouveau l'ennemi et en sortirent victorieux. Plus tard, quand les Chrétiens rentrèrent en Europe, tous crurent que c'était le pouvoir de la lance qui leur avait apporté la victoire. Mais après quelque temps ce même homme qui avait raconté l'histoire tomba malade et il se trouvait sur le point de mourir. Il se confessa au prêtre qui était venu le bénir et lui dit que l'histoire de la lance était une supercherie. Il lui dit qu'en réalité la lance appartenait à son arrière grand père qui avait aussi été dans l'armée. La lance avait été enveloppée dans les chiffons et gardée à la maison jusqu'à la mort de son arrière grand-père. Elle n'avait pas seulement été utilisée par son arrière grand-père mais ce dernier l'avait tenue de ses ancêtres. Il dit qu'il avait pris la lance avec lui, enveloppée comme elle l'était, quand les Chrétiens s'étaient rendus à Jérusalem, qu'il l'avait trouvée sans valeur sur le champ de bataille mais que, lors de la fuite, l'idée lui était venue qu'il pouvait devenir populaire, qu'il pouvait devenir célèbre. Il avait alors répandu l'histoire de la lance, et lorsque les gens avaient creusé de l'autre côté de là où ils se trouvait, il avait pris la lance et l'avait jetée dans le fossé. Quand ils y vinrent et qu'ils avaient commencé à creuser, ils l'avaient trouvée. Les historiens jouèrent les oreilles indiscrètes, divulguèrent le secret et établirent que la lance n'avait aucune vertu, mais que cette vertu résidait dans l'enthousiasme et la foi parfaite des gens. Ils firent savoir que la victoire n'avait pas été due à la lance mais au pouvoir qui se trouvait à l'intérieur des gens; les gens, dirent-ils, avaient fabriqué en eux-mêmes la force spirituelle, et cette foi vivante des gens avait amené la victoire et non la lance. Le Vedanta dit de même : " Ô Chrétiens, ô mahometans, Ô Vaishnavas (vishnouites), vous différentes sectes du monde, si vous pensez que vous êtes sauvés par le nom de Christ, de Bouddha, de Krishna ou de n'importe quel autre saint, rappelez-vous que la vertu véritable ne se trouve ni en Christ, ni en Bouddha, ni en Krishna ni en quiconque; la vertu véritable se trouve en votre propre Soi." Faites la distinction entre croyance et foi. L'histoire de la lance a été la croyance du peuple et le pouvoir vivant, l'enthousiasme manifesté a été ce que l'on pourrait appeler la foi du peuple. C'est la foi vivante qui sauve et non la croyance.

Le Vedanta dit que si c'est cette foi vivante, ce pouvoir vivant qui a été la cause de la victoire des Chrétiens, pourquoi ne pas ne pas y souscrire et ne pas appliquer cette foi vivante à votre propre Atman bien-aimé, votre propre Soi véritable ? Pourquoi ne pas l'appliquer à l'Atman, le vrai Soi au-dedans ? Pourquoi mettre une foi vivante ou morte en Christ, en Bouddha, en Krishna ou en d'autres ? Pourquoi ne pas la mettre dans le Soi au-dedans, dans le Dieu à l'intérieur ? Quel processus facile, quelle application naturelle de la foi vivante !

Cette question est très fréquemment posée à Rama.. Si le Vedanta est ainsi, si cela est la substance du Vedanta et si le Vedanta a son origine en Inde, pourquoi l'Inde est-elle si opprimée ? La raison de la chute de l'Inde est que le peuple ne vit pas le Vedanta. Les Américains vivent plus le Vedanta que ne le font les gens de l'Inde, et ils sont prospères. Le monde n'a aucun droit d'attribuer la chute de l'Inde au Vedanta. Rama va le prouver en racontant une belle histoire. Dans un village de l'Inde, un garçon esdt devenu un véritable érudit. Il avait fait ses études à l'université et alors qu'il vivait dans le campus il avait pris quelques manières européennes. Vous savez qu'en Inde les gens sont très conservateurs et ce n'est que très récemment que les manières et les coutumes anglaises ont été introduites.

Rama connaît beaucoup de personnes qui sont allées dans des universités anglaises mais qui ne portent jamais de vêtements anglais, qui ne parlent jamais la langue anglaise. Les parents ne toléreraient pas une telle insolence devant eux. Bien, cet étudiant acheta une montre dans la ville où se trouvait l'université et, pendant les trois mois de vacances, il vécut là où se trouvait sa grand-mère. Il ressentit le besoin de cette montre, aussi la prit-il avec lui pour aller chez sa grand-mère. Le grand père était naturellement opposé à cette intrusion chez lui. Le jeune homme n'apporta aucun vêtement anglais avec lui, mais il sentait que cette montre lui était indispensable pour étudier. Il n'osa pas apporter de chaises ni de tables anglaises, car on considérait qu'elles étaient affreuses, mais il apporta la montre à tout hasard. La famille entière était contre et particulièrement la grand-mère. Elle ne pouvait pas supporter cette intrusion, c'était quelque chose de terrible. "Oh, disait-elle, çà fait tout le temps tic, tic, un tel bruit odieux; casse la, détruis la, jette là dehors, elle est de mauvais augure, elle va engendrer quelque chose de terrible, elle sera la cause d'un désastre." Elle n'acceptait pas. Le jeune homme fit de son mieux pour expliquer, mais elle ne fut pas satisfaite. Le garçon garda la montre pour étudier malgré les remontrances de sa grand-mère. Il advint que des voleurs pénétrèrent dans la maison et qu'ils volèrent de la bijouterie et de l'argent. La grand-mère obtint une preuve supplémentaire en sa faveur et s'exclama : "Ne t'ai-je pas dit que cette montre amènerait un désastre ? Des voleurs sont venus et ils ont volé nos bijoux et notre argent mais ils n'ont pas volé la montre. Ils savaient que s'ils prenaient la montre ils seraient ruinés. Oh, pourquoi gardes-tu cette chose terrible dans la maison ?" Le garçon était très têtu et toutes ses divagations ne servirent à rien. Le garçon conserva la montre pour étudier et peu de temps après le père du garçon mourut et alors la grand-mère devint effrayante. Elle s'écria : "Garçon audacieux, jette loin de la maison cette chose terrible de mauvais augure. Comment peux-tu oser la garder plus longtemps ?" Le garçon garda pourtant la montre; et de même après peu de temps la mère du garçon mourut, et alors la grand-mère ne put tolérer plus longtemps la présence de la montre dans la maison. Comme tant d'autres personnes, elle pensait que la montre contenait un ver, car elles n'avaient jamais vu quelque chose qui fonctionne mécaniquement. Elle pensait donc qu'il devait y avoir un ver dans la montre pour la faire bouger, elle ne pouvait pas concevoir qu'elle tictaque et qu'elle avance d'elle-même. Elle pensait que la montre était la cause de tous les problèmes de la famille, aussi prit-elle la montre, la mit à l'intérieur de son salon privé, mit une pierre en-dessous et, à l'aide d'une autre pierre, elle cassa la montre en morceaux, elle assouvit sa vengeance sur la montre. Prenez note, s'il vous plaît ! Vous pouvez rire de l'état des grand-mères en Inde, mais vous jouez le rôle de ces grand-mères à d'autres égards. Les gens mettent ensemble ceci et cela et sautent à des conclusions; ils disent qu'une chose est la cause de l'autre. Les Européens particulièrement ont des préjugés et sautent aux conclusions selon lesquelles le Vedanta est la cause de l'effondrement de l'Inde. Ils sautent de la même manièresà des conclusions dans leurs argumentations en d'autres matières concernant ce monde.

L'ascension de l'Europe et de l'Amérique n'est pas due à la personnalité de Christ. La véritable cause en est le Vedanta inconsciemment pratiqué. L'effondrement de l'Inde est du à l'absence du Vedanta en pratique.

Permettez à Rama de dire ici juste quelques mots sur le rôle que joue la mère dans l'élévation du monde entier. Tous les grands héros du monde sont des fils de grandes et nobles mères.

Ce sont les mères qui peuvent élever le monde entier; ce sont les mères qui peuvent faire se lever ou tomber un pays; ce sont les mères qui peuvent faire monter ou baisser la marée de la nature. Ce sont toujours les grands héros qui sont les fils de grandes mères. Si ces vérités étaient instillées dans l'enfant dans son jeune âge, si la réalisation du véritable Soi était instillée dans l'enfant dans son jeune âge, il pourrait devenir un Krishna ou un Christ.

Les mères peuvent gâcher la nature de leurs enfants, ou elles peuvent la lever et l'élever. C'est le rôle de la mère. Vous avez entendu parler de la mère spartiate qui avait dit à son fils qui sur le point de se rendre sur le champ de bataille : "Va ou avec le bouclier ou sur lui, jamais sans. Reviens vers moi vivant ou mort, mais jamais vaincu."

Il y avait une reine en Inde qui ferma les portes de la ville à son mari quand il revint vaincu.. Elle lui envoya ce mot : "Va-t-en, traître, tu n'es pas mon mari, tu t'es permis d'être vaincu. Je ne te connais plus, va-t-en, tu n'es pas mon mari."

Il y a l'histoire de la reine indienne qui avait fait le serment que tous ses fils seraient parfaits. Elle avait fait le serment de rendre tous ses enfants libres de la transmigration. Le seul et unique objet des mères de l'Inde est de rendre leurs enfants libres de la transmigration. Un homme de réalisation est une âme libre qui ne renaît jamais. Elle aussi fit le serment de remplir tous ses territoires d'hommes de réalisation, d'hommes de Dieu.

Elle fit aussi le serment de faire de tous ses sujets des hommes de Dieu. Ce fut le serment d'une mère et elle réussit. Ces fils furent des hommes de Dieu, ce furent des Krishnas, des Bouddhas, des philosophes, des hommes de renonciation et ils régnèrent sur la communauté entière; tous ses sujets furent rendus libres. Une femme fit cela; et quelle fut son procédé ? Elle avait l'habitude de chanter à ses enfants alors qu'ils étaient très jeunes, elle avait l'habitude de chanter à ses enfants alors qu'elle les allaitait au sein, elle avait l'habitude de faire pénétrer en eux avec son lait le lait de la sagesse Divine. Le lait du Vedanta. Elle faisait entrer en eux le lait du Vedanta alors qu'elle balançait le berceau, alors qu'elle leur chantait sa berceuse :

 

1

Dors, bébé, dors.
Pas de sanglots, pas de cris, jamais de larme.
Sois paisible, rejette toutes craintes.
Pour Te louer tous les anges chantent.
Arbitre des richesses, de la beauté et des dons
Ton Atman innocent gouverne et élève.
Dors, bébé, dors.

2

Tendres roses, douces gouttes argentées de rosée,
Miel, parfum, zéphyrs et clémente chaleur,
Gazouillement mélodieux, notes si tendres.
Et tout ce qui plaît à l'oeil ou à l'oreille.
Cela vient de Ta demeure céleste, heureuse.
Pur, pur tu es, Om immaculé.
Dors, bébé, dors.

3

Pas d'ennemis, pas de peur, pas de danger, aucun
Ne peut Te toucher, ô Un Eternel !
Le Doux, aimable, tendre, et léger calme
Du sommeil, Ton Atman l'embaume.
Toi-même élèves le dôme pailleté
Des cieux étoilés, Ô Om chéri !
Dors, bébé, dors.

4

Le soleil et la lune, Tes ballons pour jouer,
L'arc en ciel pare Tes couloirs;
Les voies lactées pour Toi marcher,
Les nuages, en se rencontrant, parlent de Toi;
Les globes, Tes poupées, chantent, dansent et errent,
Ils Te glorifient Om, Om Tat Sat Om !
Dors, bébé, dors.

5

Dans les lis et les violettes, les lacs et les ruisseaux,
Comme Ta beauté dormante paraît douce.
Que le temps et l'espace, les chaudes couvertures,
Tombent de Ta face par un bras endormi.
Regarde d'un oeil quand bébé ment,
Cher vilain garçon aux yeux rieurs !
Dors, bébé, dors.

6

Les échos aigus et perçants des coucous,
Sont des sifflements, des crépitements que Tu choisis,
Les moineaux, les vents et toutes les étoiles,
Sont de magnifiques jouets et voitures d'enfants.
Le monde n'est que Ton rêve enjoué,
Il est en Toi, quoi que semblant dehors.
Dors, bébé, dors.

7

Ô demeure éveillée du repos et du sommeil !
ö source active de profonde sagesse !
ö source paisible de vie et d'action !
Ô tendre cause de lutte et de fraction !
Dis adieu à l'obscurité limitante.
Adieu ! adieu !adieu ! adieu !
Dors, bébé, dors.

8

Les objets magnifiques, les choses charmantes,
Sont sons flatteurs d'ailes qui battent;
De Toi, Ô Aigle, Roi béni,
Ou ombres flottantes de Ton aile,
Ravissante beauté qui révèle à demi,
Et comme un voile à moitié cache
Le porteur de ce voile, Doux Om,
Le Soi réel, Om, Tat Sat Om.
Dors, bébé, dors.

Cela donne une idée de la berceuse que la reine chantait à sept de ses fils. Lorsque les fils quittèrent la maison, ils se rendirent à l'étranger remplis de Divinité. Le Vedanta se répandit à travers eux. Le huitième enfant ne fut pas entraîné exactement de la même manière, parce que le roi ne souhaitait pas que cet enfant quitte le trône; on ne voulait pas qu'il devienne un homme parfaitement libre. Alors la mère ne chanta pas cette berceuse à cet enfant, mais elle dut être fidèle à son serment d'une autre manière qui était que l'enfant ne souffre pas de chagrin et n'ait pas de peine dans sa vie. Comme le huitième enfant n'était pas destiné à quitter le trône royal, il ne fut pas élevé de la même manière que les sept autres. On confia le huitième enfant aux soins d'une nourrice, mais lorsque la mère fut sur le point de mourir, on apporta son fils devant elle, et elle lui donna cette berceuse écrite sur papier et enveloppée dans une matière riche, coûteuse et couverte de joyaux. Elle la mit autour de son bras et lui demanda de garder l'amulette très sacrée. Elle lui demanda de lire le papier qui était à l'intérieur, elle lui demanda d'y penser, de le ressentir et qu'alors il le rendrait libre, qu'il ferait partir toute chagrin. Mais elle lui dit que l'amulette ne devait pas être ouverte sauf en cas d'urgence. La mère mourut et le père mourut, et le fils devint le roi et règna de nombreuses années.

Les frères aînés du garçon vinrent un jour à la capitale de leur père et envoyèrent un message à l'enfant, qui s'appelait Alark, et le menacèrent de le chasser du trône parce qu'il étaient les aînés et les héritiers légitimes du trône. Ils dirent : "Il doit abdiquer en faveur de son frère le plus âgé." Quand cet Alark fut menacé par la préséance de son plus grand frère, il trembla de peur, il fut terrifié et il ne savait pas quoi faire; il pleura à la peur de perdre toute sa grandeur et toute sa gloire. En retournant le soir dans son lit, il remarqua cette amulette autour de son bras, et les dernières paroles de sa mère jetèrent des éclairs dans son esprit. Il l'ouvrit et lut le papier, les larmes aux yeux il lut : "Tu es pur, tu es immuable, tu es toute connaissance, toute puissance, tu es l'arbitre de tout pouvoir, tu es le donateur et le restaurateur de toute la beauté, de toute la joie du monde. Ne penses pas que tu es le corps, ne dépend pas des choses matérielles, élève-toi au-dessus, médite là-dessus, pense-y, tu es l'ami et l'ennemi !" Le fils réalisa cela d'un bout à l'autre, son anxiété et sa peur disparurent; la bonne humeur et la joie lui étaient apportées. Il la chanta et la rechanta encore. Entre la signification et la vertu de la chanson et les bons souhaits de la mère, il ressuscita, il devint lui-même, toutes les craintes et toute l'anxiété s'envolèrent, et le chagrin disparut; il dit adieu à toutes les espérances de ce monde, à toutes les envies de ce monde, à tous les désirs insignifiants. Il en prit tant conscience, il était tant rempli de pureté et de puissance qu'elles jaillissaient de lui; il oublia d'aller dormir. Il s'habilla et se rendit là où ses frères se trouvaient, et il cria : "Venez, frères, et délivrez-moi de ce fardeau, de cette couronne qui donne des maux de tête, voici le fardeau, prenez-le, libérez m'en, je sais que je suis tous ces corps qui désirent s'asseoir sur le trône et gouverner le royaume; je suis vous et je suis un, il n'y a pas de différence." Lorsque ses frères remarquèrent cette sainteté sur son visage, cela les remplit de joie et ils dirent qu'ils n'étaient pas venus prendre le trône, car ils était les rois du monde entier; il voulaient seulement lui donner son véritable droit de naissance qu'il ne devait pas perdre. Ils dirent : "Ô Frère, ce n'est pas toi qui est dupe des sens; toi, frère, tu n'es pas seulement le roi de la terre, mais le roi et le souverain du Soleil, des étoiles, des mondes et de tous les lokas qui peuvent exister. Viens, frère, réalise que tu es l'Infini, le Soi immuable, le Soleil des soleils, la Lumière des lumières." Le prince réalisa cette vérité, et il (Alark) continua à règner, mais il regardait la fonction de roi comme un rôle d'acteur au théâtre, s'imaginant jouer ce rôle. Bien, le roi était sain d'esprit et rien n'aurait pu l'affliger. Il régna comme un puissant monarque et il fut un souverain de la terre rempli de succès. La réussite le recherchait.

La Joie Eternelle, la Paix sans faille est vôtre, non, vous êtes cela. Prenez conscience de votre Centre et demeurez-y à jamais.

 

Om ! Om ! Om !