Le secret de la réussite

Swami Rama Tirtha

Conférence donnée le 26 janvier 1903 au Golden Gate Hall de San Francisco, U.S.A.

Traduction française : Gaura Krishna

 

Mon propre Soi sous la forme de Mesdames et Messieurs,

Leur maître donna à trois garçons une pièce de cinq cents à partager équitablement entre eux. Il décidèrent d'acheter quelque chose avec l'argent. L'un des garçons était anglais, l'autre hindou et le troisième persan. Aucun d'eux ne comprenait tout à fait la langue de l'autre, aussi avaient-ils quelque difficulté à décider ce qu'ils allaient acheter. Le garçon anglais insistait pour acheter un watermelon. Le garçon hindou dit : "Non, non, je voudrais avoir un hindvana".Le troisième garçon, le persan, dit : "Non, non, nous devons avoir un tarbuz". Ils ne pouvaient donc pas décider ce qu'il fallait acheter. Chacun insistait pour acheter la chose qu'il préférait sans tenir compte du goût des autres. C'était une véritable dispute entre eux. Ils se querellaient et marchaient dans les rues. Un homme vint à passer qui comprenait les trois langues : l'anglais, le persan et l'hindustani. L'homme fut surpris de leur querelle. Il dit qu'il pouvait décider pour eux. Tous les trois s'en reportèrent à lui et voulurent s'en tenir à sa décision. L'homme leur prit la pièce de cinq cents et leur demanda d'attendre au coin de la rue. Il alla lui-même à la boutique d'un marchand de fruits et acheta une grosse pastèque avec la pièce de cinq cents. Il la cacha et les appela un par un. Il demanda d'abord au garçon anglais de venir et, sans permettre au jeune garçon de savoir ce qu'il faisait, il coupa la pastèque en trois tranches égales et il sortit une part; la tendit au garçon anglais et lui dit : "N'est-ce pas ce que tu voulais ?". Le garçon fut très satisfait; il l'accepta de bon coeur, avec reconnaissance, et s'en alla en gambadant et en sautant, disant que c'était ce qu'il voulait. Le gentleman demanda ensuite au garçon persan de s'approcher, lui tendit le second morceau et lui demanda si c'était ce qu'il désirait. Oh, le garçon persan fut fort joyeux et il dit : "C'est mon tarbuz ! C'est ce que je voulais !" Il s'en alla tout gai. Puis le garçon hindou fut appelé, le troisième morceau lui fut tendu et l'homme lui demanda si c'était l'objet de son désir. Le garçon hindou fut très satisfait. Il dit : "C'est ce que je voulais; c'est mon hindvana." Qu'est-ce qui avait causé la querelle ou la chicane ? Qu'est-ce qui avait fait naître l'incompréhension entre les jeunes garçons ? De simples noms. Les seuls noms, rien d'autre. Retirez les noms, regardez derrière le voile des noms. Oh ! vous voyez là que trois noms différents : pastèque, tarbuz et hindvana, sous-entendent une seule et même chose.

C'est un seul objet qui est sous-jacent à tous. Il se peut que le tarbuz persan, la pastèque qui pousse en Perse, soit légèrement différente du watermelon qu'ils ont en Angleterre, et il se peut que les pastèques d'Inde soient légèrement différentes des watermelons d'Angleterre, mais le fruit est en réalité le même. C'est une seule et même chose On peut ignorer les petites différences.

Rama est lui aussi très surpris des chicanes, querelles, incompréhensions et controverses qui existent entre les diverses religions; les Chrétiens qui combattent les Juifs, les Juifs qui se trouvent en conflit avec les Mahométans, les Mahométans qui se battent contre les Brahmanes, les Brahmanes qui trouvent à redire avec les Bouddhistes, et les Bouddhistes qui retournent le compliment de la même manière. Il est très surprenant de voir de telles querelles. La cause de ces querelles et de ces incompréhensions repose principalement dans les noms. Enlevez le voile des noms, ôtez le rideau des noms, voyez derrière eux, regardez ce qu'ils soignifient et vous ne trouverez pas beaucoup de différence.

Rama utilise souvent le mot "Vedanta", un nom. C'est ce nom qui fait que certaines personnes ont des préjugés contre le fait d'entendre Rama dire quelque chose. Un homme arrive et il prêche au nom de Bouddha; beaucoup de gens n'aiment pas l'entendre parce qu'il leur apporte un nom qui n'est pas agréable à leurs oreilles. S'il vous plaît, soyez plus prévenants. Il est grand temps au vingtième siècle de s'élever au-dessus des noms. Ce que Rama vous apporte ou ce que n'importe qui d'autre vous apporte, jugez-le en considérant le fond. Ne soyez pas troublés par les noms ne soyez pas trompés par les noms. Examinez toute chose en elle-même, voyez comment elle fonctionne.

N'acceptez pas une religion parce qu'elle est la plus ancienne, le fait qu'elle le soit ne prouve pas pas qu'elle soit vraie. Les vieilles maisons doivent quelquefois être démolies et les vêtements les plus vieux doivent être changés. La dernière innovation, si elle peut tenir l'examen de la raison, est aussi bonne que la rose fraîche ornée de la rosée étincelante. N'acceptez pas une religion parce qu'elle est la dernière. Les dernières choses ne sont pas toujours les meilleures, n'ayant pas tenu l'épreuve du temps. N'acceptez pas une religion parce qu'une grande majorité du genre humain y croit, car la vaste majorité du genre humain croit pour ainsi dire dans la religion de Satan, dans la religion de l'ignorance. Il fut un temps où la grande majorité du genre humain croyait dans l'esclavage, mais cela ne saurait être une preuve que l'esclavage soit une institution convenable. Ne croyez pas dans une religion sur la base que 'les' rares élus y croient. Quelquefois la petite minorité qui accepte une religion est dans l'obscurité, égarée. N'acceptez pas une religion parce qu'elle vient d'un grand ascète, d'un homme qui a renoncé à tout, parce que nous voyons qu'il existe beaucoup d'ascètes, beaucoup d'hommes qui ont renoncé à tout et qui pourtant ne connaissent rien, qui sont de véritables fanatiques. N'acceptez pas une religion parce qu'elle vient de princes ou de rois, les rois sont assez souvent pauvres spirituellement. N'acceptez pas une religion parce qu'elle vient d'une personne dont les qualités morales étaient des plus hautes; les personnes aux très hautes qualités morales n'ont pas souvent réussi à exposer la vérité. Le pouvoir digestif d'un homme peut être exceptionnellement fort sans qu'il sache quoique ce soit du processus d'assimilation. Voilà un peintre. Il vous donne une oeuvre d'art charmante, exquise, splendide, et le peintre peut pourtant être l'homme le plus laid qui soit dans le monde. Il y a des gens qui très laids qui promulguent pourtant de belles vérités. Socrate était ainsi. Il y a eu Sir Francis Bacon, çà n'était pas un homme très moral, pas un caractère super-fin, mais il a pourtant donné au monde "Novum Organum" et il a été le premier à enseigner la Logique inductive; sa philosophie était sublime. Ne croyez pas en une religion parce qu'elle vient d'un homme très célèbre. Sir Isaac Newton est très célèbre, pourtant sa théorie sur l'émission de la lumière est fausse, son taux ou sa proportion à laquelle une quantité fluide augmente sa magnitude, sa méthode des fluxions (calculs newtoniens) ne peut se comparer au Système Différentiel de Leibniz. Acceptez une chose et croyez dans une religion d'après ses propres mérites. Examinez la vous-mêmes. Epluchez la. Ne vendez pas votre liberté à Bouddha, à Jésus, à Mohammed ou à Krishna. Si Bouddha a enseigné de cette manière et Christ de celle-là, ou si Mohammed a enseigné d'une autre manière, tant mieux pour eux; ils ont vécu à d'autres époques. Ils maîtrisaient leurs problèmes; ils jugeaient avec leurs propres intellects; c'était vraiment magnifique de leur part. Mais vous vivez aujourd'hui et vous devez juger, critiquer et étudier les choses pour vous-mêmes. Soyez libres, libres de tout regarder à votre propre lumière. Si vos ancêtres croyaient en une religion particulière, c'était peut-être très bon pour eux d'y croire, mais votre salut est maintenant votre propre affaire, votre rédemption n'est pas l'affaire de vos ancêtres. Ils croyaient en une religion particulière qui les a peut être sauvés ou non, mais vous devez travailler vous-mêmes à votre propre émancipation. Tout ce qui se présente à vous, étudiez-le per se, examinez-le par vous-mêmes, sans abandonner votre liberté. Il se peut qu'une seule religion particulière ait été présentée à vos ancêtres; à vous toutes sortes de vérités, de religions, de philosophies, de sciences vous sont expliquées. Si la religion de vos ancêtres est la vôtre parce qu'elle est mise devant vous, alors la religion du Bouddhisme est vôtre parce qu'elle est placée devant vous, de même le Vedanta est vôtre parce qu'il est mis devant vous.

La vérité n'est la propriété de personne; la vérité n'est pas la propriété de Jésus; nous ne devons pas la prêcher au nom de Jésus. La vérité n'est pas la propriété de Bouddha. Elle n'est pas la propriété de Mohammed; elle n'est pas la propriété de Krishna ou de qui que ce soit. C'est la propriété de tout le monde. Si quelqu'un s'est chauffé aux rayons du soleil auparavant, vous pouvez vous chauffer aux rayons du soleil aujourd'hui. Si un homme boit les eaux fraîches de la source, vous pouvez boire la même eau fraîche. Telle doit être votre attitude envers toutes les religions. Personne n'hésiterait au fond de son coeur à priver ses voisins de leurs possessions matérielles, mais n'est-ce pas étrange que lorsque nos voisins nous offrent très volontiers leurs trésors spirituels ou religieux qui, de l'aveu général, sont bien supérieurs aux richesses matérielles, au lieu d'accepter de bon coeur nous levions les armes contre eux ? Rama vous apporte le Vedanta, sans avoir l'intention de vous appeler Vedantins, non. Prenez tout cela, assimilez le, faites le vôtre, vous pouvez l'appeler Christianisme, les noms ne sont rien pour nous. Rama vous apporte une religion que l'on ne trouve pas seulement dans la Bible et dans la plupart des Ecritures anciennes mais aussi dans les derniers travaux de la philosophie et de la science. Rama vous apporte une religion que l'on trouve dans les rues, qui est écrite sur les feuilles, qui est murmuréespar les ruisseaux, chuchotée par les vents, qui palpite dans vos propres veines et dans vos propres artères, une religion qui concerne vos affaires et votre intimité; une religion que vous n'avez pas à pratiquer seulement en allant dans une église particulière; une religion que vous devez pratiquer et vivre dans votre vie de tous les jours, près de votre cheminée, dans votre salle à manger; partout vous devez vivre cette religion. Nous pouvons ne pas l'appeler Vedanta, nous pouvons l'appeler d'un autre nom, le terme Vedanta signifie simplement vérité fondamentale; la Vérité est votre propriété, elle n'est pas plus celle de Rama que la vôtre, elle n'appartient pas plus à l'hindou qu'à vous. Elle n'appartient à personne, tout le monde et toute chose lui appartient.

Nous allons maintenant voir comment il se fait que ce Vedanta aplanisse votre chemin et rende vos entreprises si agréables dans cette vie. Nous parlerons aujourd'hui du Vedanta Pratique, en d'autres termes du Secret de la Réussite. Le secret de la réussite est le Vedanta mis en pratique. Le Vedanta pratique est le secret de la réussite. Toute science à un art correspondant, et nous parlerons aujourd'hui de cette phase du Vedanta qui est plus art que science : le Vedanta Pratique.

Certaines personnes disent que le Vedanta prêche le pessimisme, que le Vedanta prêche le désespoir; qu'il enseigne la paresse, l'oisiveté. Rama demande à ces personnes de garder leur logique pour elles et de ne pas vendre leur intelligence aux autres; qu'elles la gardent pour elles et qu'elles voient si les enseignements du Vedanta mènent à la vie, à l'énergie, au pouvoir, au succès ou à quelque chose d'autre. Ne demandez pas si les Indiens le vivent ou non. Rama dit clairement qu'il n'est pas la propriété exclusive des Indiens, c'est la propriété de tout le monde. C'est votre propre droit de naissance. Les Américains le vivent plus dans les affaires et ils réussissent dans leur exercice; les Indiens ne le vivent pas en pratique au même point que les Américains, aussi sont-ils en retard du point de vue matériel.

Rama ne vous apporte aucun Vedanta perverti mais le véritable Vedanta qui vient des sources même de la Nature. Appliquez votre logique et amenez votre raison à porter son attention sur le sujet; et vous verrez comme le Vedanta est merveilleux et comment il nous conduit au succès dans tous les domaines, comment tout le monde doit malgré lui aller dans le sens du Vedanta et obéir à ses ordres.

Le Secret de la Réussite et multiple. Il existe des phases du secret. Nous prendrons ces principes un par un et découvrirons leur relation avec le Vedanta comme elle est exposée dans les Ecritures hindoues :


Premier principe : le travail

C'est un secret de polichinelle que le travail, l'attaque, l'application persistante est le secret de la réussite.

"Frappez ! frappez !" est le premier principe du succès. Sans travail vous ne pourrez jamais réussir. Un homme paresseux est enclin à périr dans la "lutte pour l'existence", il ne peut vivre, il doit mourir. Ici se présente une question généralement levée contre le Vedanta. Comment pouvez-vous concilier le travail continuel et la nature impassible, impersonnelle, pure du Soi ou Atman comme le Vedanta la démontre ? Le Vedanta ne conduit-il pas à la paresse et à l'inaction en inculquant la réalisation du repos et de la paix du Soi Divin et en prêchant la renonciation ? Cette objection est due à l'incompréhension terrible de la nature du travail ou de la renonciation.

Qu'est-ce que le travail ? Le travail intense, selon le Vedanta, est repos. Voilà une affirmation paradoxale, une affirmation renversante, "le travail est repos". Tout véritable travail est repos. C'est ce que prêche le Vedanta. Le travailleur le plus grand, lorsqu'il est à la hauteur de son travail, lorsqu'il fait de son mieux, regardez le. Aux yeux des autres il est engagé dans des efforts épuisants, mais examinez-le de son propre point de vue, il n'est pas acteur. De la même manière qu'aux yeux de l'observateur lointain l'arc en ciel contient de belles couleurs, mais examinez-le sur place, aucune couleur d'aucune sorte ne s'y trouve. Le héros à la guerre, disons Napoléon ou Washington ou qui que ce soit, lorsqu'il combat, lorsqu'il fait de son mieux, regardez le. Le corps travaille automatiquement, pour ainsi dire, le mental est absorbé dans le travail à un tel degré que "Je travaille" est entièrement parti, le petit ego qui jouit est absolument perdu, le petit soi qui cherche le bénéfice est absent. Ce travail incessant vous conduit sans le savoir au yoga le plus élevé.

Le Vedanta veut que vous vous éleviez au-dessus du petit soi, du petit ego, par un travail intense. Laissez le corps et le mental travailler continuellement à un tel degré que le travail ne puisse pas du tout être ressenti. Le poète est inspiré lorsqu'il est au-dessus de l'idée de "J'écris de la poésie". Demandez à quelqu'un qui a eu l'expérience de résoudre des problèmes difficiles de mathématiques, il vous dira que les problèmes ne sont résolus et que les difficultés ne disparaissent que lorsque l'idée "je fais ceci" est totalement absente; et plus l'homme s'élève au-dessus du petit ego ou du petit soi et plus les oeuvres glorieuses sortent de lui.

Le Vedanta apprend ainsi à s'élever au-dessus du petit ego à force de travail sérieux et à tout perdre dans le véritable principe indescriptible qui, selon le Vedanta, est le véritable Soi, l'Atman ou Dieu. Quand un penseur, un philosophe, un poète, un scientifique ou n'importe quel travailleur s'harmonise avec un état d'abstraction et s'élève aux hauteurs de la résignation à un tel degré qu'il n'y a plus une trace de personnalité en lui et que le Vedanta est réalisé en pratique, alors et alors seulement Dieu, le Maître Musicien, prend dans Ses propres mains l'organe ou l'instrument de son corps et de son mental et fait sortir de lui de grandes vibrations, de douces notes, d'exquises symphonies. Les gens disent : "Oh, il est inspiré !" alors qu'il n'y a pas de Je ni de moi en lui, pas d'action ni de réjouissance visible de son point de vue. Cela est la réalisation du Vedanta dans la vie pratique. Ainsi toute réussite coule du Vedanta mis en pratique sans le savoir.

Il n'est pas nécessaire de vous retirer dans les forêts et de poursuivre des pratiques anormales pour réaliser le yoga Vedantique. Vous êtes le père du yoga, Shiva lui-même, lorsque vous êtes perdu dans l'activité ou plongé dans le travail. Selon le Vedanta le corps n'est pas votre Soi, ne voyez-vous pas que vous n'êtes au plus haut de la gloire, à votre meilleur niveau, que lorsque vous prenez conscience en pratique de cette vérité et que le corps et le mental deviennent pour vous non existants en vertu de l'effort intense ?

Ce qu'est le travail sera expliqué à l'aide une lampe ou une lumière. Prenez une lampe à gaz ou une lampe à huile. La lumière est si éclatante, si éblouissante, si splendide, si brillante et si vive. Qu'est-ce qui prête son éclat et sa brillance à la lampe ? C'est le fait de nier l'ego par un travail constant. Que la lampe tente de ménager sa mèche et son huile et elle deviendra sombre, échec complet, sans réussite. Pour qu'il puisse y avoir réussite, la lape doit brûler, elle ne doit pas épargner sa mèche ni son huile. C'est ce que prêche le Vedanta. Pour que vous puissiez avoir du succès, pour que vous puissiez prospérer, vous devez, au travers de vos actions, par votre vie quotidienne, brûler tout votre corps et tous vos muscles, les incinérer dans le feu de l'utilisation. Vous devez les utiliser. Vous devez consumer votre corps et votre mental, les mettre dans un état de combustion, crucifier votre corps et votre mental, travailler et travailler et alors la lumière brillera au travers de vous. Tout travail n'est rien d'autre que la combustion de votre mèche et de votre huile; en d'autre terme tout travail n'est rien d'autre que de faire devenir votre corps et votre mental des illusions, pratiquement rien du point de vue de votre propre conscience. Elevez-vous au-dessus d'eux et c'est du travail.

Tout véritable travail est accompli lorsque nous nous élevons au-dessus de lui. Deux vaillants frères hindous vinrent un jour à la cour d'Akbar le grand, un empereur de l'Inde.. Ils demandèrent d'être employés par le roi. Le roi demanda quelles étaient leurs qualifications. Ils dirent qu'ils étaient des héros. Le roi leur demanda de donner une preuve de leur héroïsme. A la cour d'Akbar ils se tinrent face à face; ils firent briller leurs dagues étincelantes, leur dagues bien aiguisées. Chacun d'eux mit de bout pointu de sa dague contre la poitrine de son frère. Il cou coururent allègrement et en souriant l'un vers l'autre. Leurs mains étaient fermes et les dagues perça les corps,mais ils s'approchèrent l'un de l'autre sans fléchir et calmement, sans se dérober, sans hésiter; leurs âmes unis dans le ciel, leurs corps se rencontraient sur terre et ils tombèrent en saignant sur le sol. Une singulière preuve de leur héroïsme avait été donnée au roi. C'est une illustration du fait que le véritable travail n'est accompli que lorsque le travailleur qui s'impose est sacrifié. Les abeilles doivent mettre leur vie dans la piqûre qu'elles donnent. "L'"homme qui est son propre maître frappe en vain à la porte de la poésie." dit Platon.

Ainsi toute prospérité et toute réussite vient en vivant le Vedanta de manière pratique. Le travail incessant, le labeur incessant est le plus grand yoga pour l'homme du monde. Vous êtes le plus grand travailleur pour le monde lorsque vous n'êtes pas un travailleur pour vous-mêmes.

De plus dans quelle humeur et de quelle manière ce travail qui réussit devient-il pour nous quelque chose de naturel ? Il est très facile de dire. "Travaillez, travaillez", mais il est très difficile de travailler. Tout le monde veut devenir le plus grand peintre, tout le monde veut devenir un grand musicien, mais tout le monde ne devient pas ce qu'il veut. Qu'est-ce qui vous dispose à l'inaction ? Qu'est-ce qui vous fait aimer le travail ?Ne vous êtes-vous pas rendu compte que quelquefois, lorsque vous souhaitiez travailler, vous ne pouviez pas le faire ? N'avez-vous pas observé que quelquefois vous n'aimiez pas travailler et que pourtant le travail fait était splendide ? N'avez-vous pas remarqué qu'il y a quelque chose de supérieur qui nous gouverne votre capacité de travail ? Comme il arrive souvent qu'un homme s'éveille le matin et se trouve d'une humeur particulière, une humeur indescriptible, en parfaite harmonie avec la nature; il prend son stylo et de son stylo s'écoule une poésie ou une philosophie magnifique. Un peintre essaie de peindre un beau tableau mais il ne peut le faire, en dépit de tous ses efforts. Un matin il se lève et se trouve inspiré, pour ainsi dire, et là il peint des oeuvres d'art magnifiques. N'est-ce pas vrai ?

Nous voyons ainsi qu'il y a quelque chose de plus haut qui met notre puissance de travail à son mieux. Si vous profitez de cette humeur supérieure vous pourrez toujours être à votre meilleur niveau et le travail de vos mains sera parfait, très beau. Le Vedanta met devant vous cette humeur supérieure ou ce secret supérieur; il n'est rien d'autre que d'être en parfaite harmonie avec l'univers, d'être en accord avec la divinité, vivant de manière pratique dans le véritable Atman ou Dieu en vous et d'être élevé au-dessus du petit ego ou des désirs égoïstes. Ainsi le travail peut-il devenir merveilleux en profitant vous-mêmes du secret de toute la lumière ou de tout le pouvoir qui est en vous.

Un artiste ou un peintre se rend dans la rue et il y voit beaucoup de visages; les yeux d'une personne le charment, il conserve inconsciemment ces yeux dans son esprit; il rencontre une autre personne et le menton de cette personne l'impressionne, il conserve ce menton dans son esprit; les yeux pris à une personne et le menton volé à une autre. Un autre homme vient à son magasin pour acheter un tableau. Un tableau est vendu à cet homme, le client s'en va avec le tableau, il ne sait pas qu'il a laissé ses cheveux derrière dans l'esprit de l'artiste. Puis arrive un autre homme qui veut que le peintre fasse quelque chose pour lui; le peintre fait ce quelque chose pour lui mais il s'empare des oreilles remarquables de cet homme et ainsi de manière impersonnelle l'esprit du peintre travaille. Alors que le peintre s'approprie les yeux, le menton, le nez, etc. de différentes personnes, il ne vit pas dans l'idée qu'il est en train de les prendre, mais de manière impersonnelle, inconsciemment, le travail est en train de se faire. Après quelques jours le peintre s'assoit dans son studio devant la toile. Il veut produire un portrait frappant, et là les yeux d'une personne, le nez remarquable d'une autre, les cheveux attrayant d'une autre, tous s'incorporent en une seule peinture, et l'artiste sort une oeuvre absolument magnifique, une peinture qui surpasse tous les originaux. Comment ce magnifique travail a-t-il été fait ? Ce travail fut-il quelque chose de personnel ? Non, le travail fut impersonnel. Tout ce travail a été fait en vivant continuellement dans une humeur libre de pollution égoïste, égocentrique, au dessus du mode "je fais". Que l'artiste souffre de la haine ou de la cupidité, souvent mal nommé amour; le regard de son mental se magnétise, il ne demeure pas plus longtemps dans une discipline de travail, il est dérangé ou débrayé. Le ton impersonnel de son humeur est perdu, il est hypnotisé dans l'égoïsme, l'humeur sereine a disparu, l'esprit Vedanta qui nous garde en contact avec le Tout est remplacé par un attachement limitant ou par la répulsion, et le mental de l'artiste ne peut pus faire le travail impersonnel d'abstraction des caractéristiques de cet homme-ci ou de celui-là. Le Vedanta pratique a disparu, et disparu avec lui le maîtres-pouvoir de produire une oeuvre d'art exquise.

Vous voyez ainsi que plus votre travail devient impersonnel et plus vous vous élevez au-dessus du "Je fais", plus vous renoncez à la prospérité, à l'esprit de copyright et plus vous laissez derrière vous l'esprit d'accumulation, de recherche d'estime, plus vous niez votre soi apparent irréel et meilleur sera votre travail. Le Vedanta vous demande de travailler pour l'amour du travail. Afin que ce travail rencontre le succès, vous ne devez pas penser à la fin, vous ne devez pas faire attention aux conséquence sou au résultat. Que les moyens et la fin soit mis ensemble, que le travail même soit votre fin. Le Vedanta veut que vous soyez au repos en votre Soi intérieur. Que l'Âme intérieure soit au repos et que le corps soit continuellement au travail, le corps sujet aux lois de la dynamique étant en action et le Soi intérieur toujours dans état de repos statique. C'est notre agitation égoïste qui gâche notre travail. Poursuivez le travail par amour de la paix ou du nirvana qui y est relié.


Deuxième principe - Le Sacrifice désintéressé

Il y eut une querelle entre un étang et une rivière. L'étang s'adressa ainsi à la rivière : "Ô rivière, tu es très folle de donner toute ton eau et toute ta richesse à l'océan; ne dilapide pas ton eau et ta richesse pour l'océan.. L'océan est ingrat, l'océan n'en a pas besoin. Si tu continues à verser dans l'océan tous tes trésors accumulés, l'océan restera aussi salé qu'il l'est aujourd'hui, la saumure de la mer ne sera pas altérée. 'Ne jette pas tes perles au cochon.' Garde avec toi tous tes trésors." C'était de la sagesse profane. Il disait par là à la rivière, de considérer la fin, de faire attention au résultat et de bien voir les conséquences. Mais la rivière était Vedantine. Après avoir entendu cette sagesse profane, la rivière répondit : "Non, les conséquences et la fin ne sont pas importantes pour moi; échec et succès ne sont rien pour moi; je dois travailler parce que j'aime le travail; je dois travailler par amour du travail. Travailler est mon objectif, rester en activité ma vie. Mon Âme, mon Atman véritable est énergie même. Je dois travailler." L a rivière continua à travailler, la rivière continua à verser dans l'océan des millions de millions de litres d'eau. L'étang misérablement économe s'assécha en trois ou quatre mois; il devint putride, stagnant, plein d'immondices suppurants mais la rivière resta fraîche et pure, sa source éternelle ne se tarit pas. L'eau était silencieusement et lentement prise de la surface de l'océan pour remplir de nouveau la source de la rivière; les moussons et les alizés portaient invisiblement et silencieusement l'eau de l'océan et gardaient la source de la rivière fraîche à jamais.

De la même manière le Vedanta vous demande de ne pas suivre la politique sophistique de l'étang. C'est le petit étang égoïste qui fait attention au résultat, "Que deviendra-t-il de moi et de mon travail ?". Que votre travail soit fait pour l'amour du travail. vous devez travailler. Votre travail doit être votre but et le Vedanta vous libère ainsi des désirs d'inquiétude et de tourment. C'est le sens de liberté ou libération des désirs que prêche le Vedanta. Ne vous souciez pas des conséquences, n'espérez rien des gens, ne vous ennuyez pas à propos de retour favorable de votre travail ou de critique sévère sur lui. Ne vous souciez pas de savoir si on parlera ou non de votre travail; n'y pensez pas. Faites le travail pour le travail. De cette manière vous devez vous libérer du désir; vous n'avez pas à vous libérer du travail mais vous avez à vous libérer de l'agitation du désir. Comme votre travail devient splendide de cette manière. Le remède le plus efficace et le meilleur pour toutes les sortes de passions et de tentations qui distraient l'attention est le travail. Mais cela ne serait qu'une recommandation négative. La joie positive qui accompagne le travail fidèle est une étincelle de Salut, de réalisation de Soi inconsciente. Il vous fait demeurer pur, immaculé et un avec la Divinité. Ce bonheur est la récompense du travail la plus grande et la plus sure.Ne corrompez pas ce trésor céleste porteur de santé en posant votre coeur sur des motivations au travail qui sont égoïstes. Les ambitions sordides et les mesquines envies retardent plus qu'elles n'accélèrent notre progrès; les attirances extérieures et concrètes sont plus préjudiciables que bénéfiques à l'efficacité de notre travail. Aucun prix ni aucune appréciation ne peut être plus douce ni plus salubre que la joie immédiate qui accompagne une action sérieuse. Suivez alors l'action pour réaliser la renonciation, la religion ou le culte qu'elle implique, et ne soyez pas menés par les frivolités enfantines qu'elle promet. Ne ressentez aucune responsabilité, ne demandez aucun retour. Ce devrait être votre but maintenant. Les gens disent : "Méritez d'abord et désirez ensuite." Le Vedanta dit : " Méritez seulement, pas besoin de désirer." "On ne trouvera jamais sur le chemin une pierre qui est bonne pour le mur." Si vous méritez, par une Loi Divine irrésistible, tout viendra à vous. S'il y a une lampe qui brûle, la lampe continuera de brûler, la lampe n'a pas besoin d'envoyer des invitations aux papillons de nuit, les papillons s'attrouperont d'eux-mêmes autour de la lampe. Là où se trouve une source fraîche, les gens viendront y puiser d'eux-mêmes; la source n'a pas du tout besoin de se soucier des gens. Lorsque la lune se lève, les gens sont d'eux-mêmes attirés dehors pour jouir du clair de lune. Attaquez ! Attaquez ! Frappez ! Frappez ! Travaillez, travaillez pour prendre conscience du néant du corps et la suprême réalité du véritable Soi. Vous goûterez ainsi le Nirvana et le Kaivalya au sommet de l'activité apparente, et lorsque de cette manière vous aurez souffert que votre personnalité et votre ego soient élevés sur la croix du travail, le succès vous recherchera et il n'y aura pas d'effarement des gens qui viendront et qui apprécieront. Les gens n'acceptaient pas Christ tant qu'il était vivant; il a du être crucifié avant d'être adoré. "La vérité écrasée à terre se lèvera de nouveau." Aucune graine ne peut pousser et multiplier sans souffrir la destruction quant à sa forme et à son apparence. Ainsi le second fondement de la réussite est le sacrifice, la crucifixion du petit soi, la renonciation. Ne vous méprenez pas sur ce mot 'renonciation'. Renonciation ne signifie pas ascétisme.

Tout le monde veut être blanc, éclatant, brillant, lumineux. Comment pouvez-vous devenir glorieux ? Pourquoi les objets sont-ils blancs ? Regardez simplement ces objets. Qu'est-ce qui les rend si blancs ? La science vous dit que le secret de la blancheur est la renonciation, rien de moins. Les sept couleurs dans les rayons du soleil se heurtent à des objets divers. Quelques objets absorbent et retiennent la plupart de ces couleurs et n'en reprojettent qu'une. De tels objets sont connus par la couleur même qu'ils renvoient ou qu'ils nient pour eux-mêmes. Vous appelez cela rose, mais c'est la couleur même qui n'appartient pas au rose. Les couleurs qu'il a absorbées, qui sont véritablement en lui, sont les couleurs que vous n'attribuez pas au rose. Comme c'est étrange ! Les objets noirs absorbent toute les couleurs des rayons du soleil. Ils ne rendent aucune couleur, ils ne renoncent à rien, ils ne renvoient rien et ils sont sombres, sombres. Les objets blancs n'absorbent rien, ne réclament rien, ils renoncent à tout. Ils n'essaient pas de conserver une possession égoïste. Ils n'ont pas un esprit de propriétaire et ils sont ainsi blancs, éclatants, lumineux, brillants.

De la même manière, si vous voulez devenir glorieux et prospères, vous devrez élever le fond de votre coeur au-dessus de l'esprit égoïste de propriétaire. Vous devez vous élevez au-dessus de cela. Donnez toujours, soyez toujours un travailleur libre; ne mettez jamais votre coeur dans une attitude de mendicité, d'attente. Débarrassez-vous de l'habitude de monopoliser. Pourquoi devriez-vous poser une réclamation à l'air dans vos poumons ? Cet air est la propriété de tout le monde. Par ailleurs lorsque vous cessez de vous approprier la petite quantité d'air qui est dans vos poumons, vous vous retrouvez l'héritier de tout l'atmosphère, vos ressources deviennent illimitées; absorbez l'oxygène de l'atmosphère. Ne soyez pas vaniteux, ne soyez pas fiers. N'ayez jamais le sentiment que quelque chose appartient à votre petit soi:; c'est à Dieu, c'est à votre Atman véritable. Prenez le cas de Sir Isaac Newton. Comment se fait-il qu'il soit devenu si éclatant, si brillant, si glorieux aux yeux du monde ? A l'heure de sa mort, on fit connaître l'esprit dans lequel il avait travaillé. Quand on le complimenta d'être le plus grand homme du monde, il répondit : " Oh non ! cet intellect ou cette petite personnalité qui est la mienne est seulement comme un petit enfant qui ramasse des galets sur le rivage vaste et immense de la connaissance." Il était encore étendu sur le sable, ramassant des galets Nous voyons ainsi que l'esprit modeste qui ne s'approprie ni ne réclame rien, qui n'agrandit pas le petit soi, est l'esprit qui met votre capacité et vos pouvoirs de travail à leur meilleur niveau et cela est l'esprit caractéristique du Vedanta.

Vous avez des désirs, vous avez toutes sortes de désirs, et vous souhaitez que ces désirs soient comblés; mais apprenez le secret de l'accomplissement des désirs. Comment levons-nous le store ? Nous voulons que le store se lève mais nous devons lui donner un petit coup vers le bas et le laisser aller et là il s'élève. Cela illustre le secret de l'accomplissement de tous vos désirs. Ce n'est que lorsque vous laissez aller le désir qu'il fructifie. Comment tire-t-on les flèches ? Vous prenez l'arc et vous le bandez. Aussi longtemps que nous tendons la corde, la flèche n'atteint pas l'ennemi. Vous pouvez même la tendre très fort, la flèche restera quand même avec vous. Ce n'est que lorsque vous la laissez aller que le claquement fait jaillir la flèche pour percer la poitrine de votre ennemi. De la même manière, aussi longtemps que vous gardez votre désir tendu ou que vous continuerez à désirer, à vouloir, à souhaiter et à languir, il ne percera pas la poitrine de l'autre partie; ce n'est que lorsque vous le laisserez aller qu'il pénétrera l'âme de la partie concernée. "Ce n'est que lorsque tu me quitte et me perds que tu me trouveras près de toi." Ce n'est que lorsque tu te projettes dans un sentiment étrange, indescriptible qui est plus élevé que nous deux que tu me trouves. C'est ce que vous dit le Vedanta.

Deux moines voyageaient ensemble. L'un d'eux maintenait en pratique l'esprit d'accumulation. L'autre était un homme de renonciation. Ils discutaient sur le sujet de la possession contre la renonciation jusqu'à ce qu'ils aient atteint le bord de la rivière. L'homme qui prêchait la renonciation n'avait pas d'"argent sur lui, mais l'autre en avait. L'homme de renonciation dit : "Qu'avons-nous à faire attention au corps; nous n'avons pas d'argent pour payer le batelier; nous pouvons mourir cette nuit-même sur cette rive en chantant le nom de Dieu." L'homme à l'argent répondit : "Si nous restons de ce côté-ci de la rivière, nous ne trouverons pas de village ni de hameau ni de hutte, pas de compagnie, les loups vont nous dévorer, les serpents vont nous piquer, le froid va nous glacer. Nous ferions mieux de passer de l'autre côté. J'ai de l'argent pour payer le batelier pour qu'il nous conduire sur l'autre rive. De ce côté-là se trouve un village; nous y vivrons confortablement." Bon, le batelier traversa et les deux furent amenés de l'autre côté de la rivière. Le soir, l'homme qui avait payé les places fit des remontrances à l'homme de renonciation : "Ne vois-tu pas l'avantage de garder de l'argent ? J'ai gardé de l'argent et deux vies ont été sauvées. Aussi tu ne devrais jamais prêcher la renonciation. Si j'avais été aussi un homme de renonciation comme toi, nous serions morts de faim, nous aurions été gelés ou nous aurions été tués de ce côté-là de la rivière." Mais l'homme de renonciation répondit : "Si tu avais gardé de l'argent avec toi, si tu n'avais pas divisé l'argent en deux, si tu n'y avais pas renoncé pour le batelier, nous serions morts sur l'autre rive. C'est l'abandon de l'argent ou la renonciation qui nous a apporté la sécurité." "En outre", continua-t-il, "si je n'ai pas gardé d'argent dans ma poche, ta poche est devenue ma poche. Ma foi a gardé l'argent pour moi dans cette poche. Je ne souffre jamais. A n'importe quel moment où je me trouve dans le besoin, on y pourvoit. " Cette histoire montre qu'aussi longtemps que vous gardez vos désirs dans votre poche, il n'y a ni sécurité ni repos pour vous. Renoncez à vos désirs, élevez-vous au-dessus d'eux et vous trouverez une paix double : le repos immédiat et une éventuelle réalisation des désirs. Rappelez-vous que vos désirs ne seront réalisés que lorsque vous vous élèverez au-dessus d'eux dans la Réalité Suprême. Lorsque vous vous perdez consciemment ou inconsciemment dans la Divinité, alors et alors seulement le temps sera mur pour l'accomplissement des désirs.

 

Troisième principe : l'Amour

Bien, le troisième principe de la réussite est l'amour, l'harmonie avec l'univers, l'adaptation aux circonstances. Que veut dire Amour ? Amour signifie pratiquement la réalisation de votre unité et de votre identité avec vos voisins, avec tous ceux qui viennent à être en contact avec vous. Si vous êtes boutiquier, à moins que vous ne prenez conscience que les intérêts de vos clients sont unis aux vôtres, vous ne ferez aucun progrès, votre travail souffrira. Si la main veut être égoïste, qu'elle affirme qu'elle est différente des autres membres du corps et commence à argumenter de cette manière : "Dites donc, je suis la main droite, je fais toutes sortes de travail, pourquoi le corps entier devrait-il participer à ce que je gagne par ma sueur ? La nourriture gagnée par mon outil doit-elle être donnée à l'estomac et par là à tous les autres organes ? Non, non, tout sera pour moi." Alors, pour mettre en application cette idée égoïste, il n'y a pour la main d'autre moyen que de prendre cette nourriture et de se l'inoculer ou de se l'injecter dans la peau. Est-ce que ce sera bénéfique pour la main ? La main réussira-t-elle de cette manière ? Impossible ! Jamais ! Oh oui, la main peut devenir très grosse, elle peut exclusivement prospérer à la jalousie de tous les autres membres du corps; la main peut prendre une guêpe ou une abeille et se piquer elle-même. La main deviendra ainsi très grosse, très grande. Ainsi et ainsi seulement l'égoïsme de la main pourras être satisfait, ainsi la philosophie égoïste de la main pourra être contenté. Mais comme cela est peu désirable ! Nous ne souhaitons pas de genre de satisfaction ou cette sorte de réussite. Cela, c'est de la maladie.

Rappelez-vous de la même manière que le monde entier est un seul corps. Votre corps est tout simplement comme la main, un organe tout simplement comme le doigt ou l'ongle. Pour que vous puissiez réussir, vous ne devez pas vous considérer comme séparé et distinct du Soi du monde entier. Pour que la main puisse prospérer, elle doit prendre conscience que ses intérêts sont identiques à ceux de la totalité. En d'autres termes, la main doit ressentir et prendre conscience que son Soi n'est pas enfermé dans la petite surface au-delà du poignet, mais elle doit ressentir de manière pratique qu'elle est identique et une avec le Soi de tout le système. Nourrir le Soi de la totalité c'est nourrir le Soi de la main. A moins que vous ne preniez conscience de ce fait, que vous ne viviez cette vérité que vous êtes un avec l'univers, que vous et Dieu êtes un, vous ne pourrez pas réussir. Vous êtes privé d'aisance, vous êtes affligé par la maladie lorsque vous stagnez dans le bourbier de la séparation et de la division. Vous êtes parfait et entier lorsque vous prenez conscience que vous êtes la Totalité et le Tout. En ressentant cette unité vous vivez pratiquement le Vedanta. Violez cette vérité divine et sublime, rompez cette loi sacrée en pratique et vous êtes obligés de souffrir de votre sacrilège comme la main stupide et égoïste. Dans son "Vieux marin", Coleridge fait magnifiquement ressortir cette vérité. De même Byron dans son "Prisonnier de Chillon". Il est prouvé dans ses poème que l'homme souffre toutes les fois qu'il rompt l'harmonie avec la Nature; au moment même où vous réalisez votre unité avec vos semblables, toute prospérité est vôtre :

Il prie le mieux celui qui aime le mieux,
A la fois homme, oiseau et bête.
Il prie bien celui qui aime bien,
Toutes les choses sont à la fois grandes et petites.

 

Un roi entra dans une forêt pour une expédition de chasse. Dans le feu de la chasse, le roi se retrouva séparé de ses compagnons. Sous les rayons ardents du Soleil brûlant, il eut très soif. Il trouva un petit jardin dans les bois. Il entra dans le jardin, mais comme il était dans sa tenue de chasseur le jardinier ne peut pas le reconnaître, le pauvre jardinier du village n'ayant pas vu la personne du roi auparavant. Le roi demanda au jardinier de lui apporter quelque chose à boire car il avait vraiment très soif. Le jardinier alla directement dans le jardin, y prit quelques grenades, en extrayit le jus et en apporta au roi une grande coupe pleine. Le roi n'en fit qu'une gorgée mais cela n'étancha pas entièrement sa soif dévorante. Le roi lui demanda d'apporter une autre coupe de jus de grenade. Le jardinier alla en chercher. Alors que le jardinier avait quitté la présence du roi, ce dernier commença à réfléchir : "Ce jardinier semble être très riche; en quelques minutes l'homme a pu m'apporter une grande coupe de jus frais; un impôt sur le revenu très lourd doit être levé sur le propriétaire d'une affaire aussi florissante, etc., et. " De l'autre côté le jardinier tardait, tardait et il n'était même pas de retour près du roi après une heure. Le roi commença à s'étonner : "Comment se fait-il que lorsque je lui ai demandé de m'apporter quelque chose à boire, il m'a apporté ce jus de grenade en seulement quelques minutes, et que maintenant qu'il a extrait le jus des grenades pendant presque une heure la coupe n'est pas encore pleine ? Comment se fait-il ?" La coupe fut apportée au roi après une heure, mais elle n'était pas pleine jusqu'au bord. Le roi demanda pourquoi la coupe était quelque peu vide alors qui avait été si vite à la remplir la première fois. Le jardinier qui était un sage répondit : "Notre roi avait de très bonnes intentions lorsque je suis sorti pour vous apporter la première coupe de jus de grenade, mais lorsque je suis sorti pour vous apporter la deuxième, celle qu'aime notre roi, la nature bienveillante a du changer. Je ne peux donner aucune autre explication à un changement aussi soudain de la nature riche de mes grenades." Le roi réfléchit et oui ! l'affirmation était parfaitement juste. Lorsque le roi avait d'abord fait un pas dans le jardin, il était très charitablement disposé et plein d'amour pour les gens qui s'y trouvaient, pensant qu'ils étaient très pauvres et qu'ils avaient besoin d'aide, mais lorsque le vieil homme lui avait apporté une coupe de jus de grenade en si peu de temps, le mental du roi avait changé et ses vues s'étaient modifié. La cassure de l'harmonie avec la Nature de la part du roi avait affecté les grenades du jardin. Au moment où la Loi d'Amour avait été violée par le roi, à ce moment même les arbres avaient retenu le jus loin de lui.

L'histoire peut être vraie ou fausse. Nous n'en avons rien à faire. Mais la vérité est indéniable qu'aussi longtemps que vous êtes en parfaite harmonie avec la Nature, aussi longtemps que votre mental est en accord avec l'univers et que vous ressentiez et prenez conscience de votre unité avec chaque chose et avec tout, toutes les circonstances et tout l'environnement, même les vents et les vagues seront en votre faveur. Au moment même où vous êtes en dissonance avec le Tout, à ce moment même vos amis et vos relations se tourneront contre vous, à ce moment même vous ferez le monde entier se lever en armes contre vous. Comprenez cette Loi divine d'Amour et pratiquez la. L'Amour est un principe vital de la réussite.

 

Quatrième principe : la bonne humeur

Le quatrième principe de la réussite est la jouissance de soi-même ou bonne humeur. Et comment cette jouissance de soi ou bonne humeur est-elle entretenue ? Il est très facile de dire : "Soyez de bonne humeur, soyez calmes, soyez recueillis." Mais comme il est difficile de rester de bonne humeur, calme et recueilli dans toutes circonstances ! Vous ne pouvez pas être de bonne humeur en vous sacrifiant simplement à la loi. Vous ne pouvez rien faire par des règles artificielles. Comment alors rester de bonne humeur ? Qu'est-ce qui régit votre humeur ? Le Vedanta fait ressortir que nous devenons moroses, sombres ou "dans le blues", que nous devenons tristes et mélancoliques lorsque nous descendons au plan du corps, le petit soi et que nous avons d'ardents désirs. Là seulement nous somme en déséquilibre. Nous ne ressentons notre estomac que quand il est malade. Nous ne ressentons notre nez que lorsque nous avons un rhume. Nous ne ressentons notre bras que lorsqu'il souffre. De même nous ne ressentons notre ego personnel, notre petit soi ou corps que lorsque nous sommes spirituellement détraqués. La considération absorbante pour le corps et l'attention créatrice de souci pour le petit ego personnel entraînent une triste maladie spirituelle. Nous chutons de l' 'Eden' au moment où notre faiblesse corporelle se fait ressentir. Nous sommes rejetés du Paradis à l'instant où nous goûtons l'arbre de la distinction et de la différence. Mais nous pouvons regagner le 'Paradis perdu' en souffrant que la chair soit crucifiée. Vous pouvez retrouver votre équilibre et être de bon humeur au moment où vous vous élevez au-dessus du corps, au-dessus des petits attachements égoïstes, sordides, misérables, insignifiants.

Ainsi pour obtenir la bonne humeur, la jouissance de soi, vous devez mettre en pratique l'enseignement central du Vedanta, la Vérité éternelle que votre véritable Atman, votre Soi réel est la seule Réalité rigide. Les circonstances matérielles phénoménales deviennent pour vous changeantes, malléables et volatiles lorsque vous baignez dans le fait solide qu'est votre véritable Atman. Je ne suis pas le corps; tous les sollicitudes, toutes les relations et tous les liens du corps ne sont que des jouets. Ils ne sont que les relations ou les fonctions dans un spectacle théâtral. En tant qu'acteur, j'ai un homme pour ennemi et un homme pour ami, un autre homme est mon père, quelqu'un d'autre mon fils, mais en réalité je ne suis ni le fils ni le père; les ennemis et les amis ne sont ni ennemis ni amis. Je suis la Divinité Absolue. Les liens et les relations matériels ne me concernent pas. Toutes les relations ne sont que des illusions. Tout acteur doit bien jouer son rôle dans la pièce; mais celui qui prend à coeur et applique à son Soi réel la partie dramatique de l'amour ou de la haine n'est guère qu'un fou. En outre, le monde n'étant qu'une représentation dramatique, pourquoi devrais-je attacher une importance injustifiables aux formes extérieures du devoir ? Si un homme est roi, pourquoi l'envier; si un autre est mendiant, pourquoi le mépriser ?

Honneur et disgrâce n'apparaissent à partir d'aucune condition;
Joue bien ton rôle, c'est là que se trouve tout l'honneur.

Le Vedanta inculque que vous ne devez pas vous faire de souci sur l'environnement et les circonstances. Connaissez la Loi et débarrassez-vous de toute crainte.Supposez un magistrat. Il entre dans son tribunal et prend son siège. Il trouve les parties, les clercs, les avocats, les serviteurs et les autres personnes qui l'attendent déjà. Le magistrat n'a pas eu à envoyer chercher les témoins, à inviter les avocats ou à aller appeler les plaignants et les autres. Il n'a pas eu à épousseter la pièce, à passer un coup de balai sur le sol, à arranger la table, etc. L'influence même du magistrat met toutes les choses en ordre tout comme la présence même du soleil éveille toute la Nature, anime les rivières, les plantes, les oiseaux, les animaux et les hommes. De la même manière, lorsque vous vous implantez fermement dans la Vérité, quand vous vous installez dans la position du Suprême Juge désintéressé, votre Atman même, lorsque votre Soi glorieux brille de sa totale splendeur, toutes les circonstances, tout l'environnement prendront soin d'eux-mêmes, tout sera animé et mis en ordre à la douce lumière de votre présence. On raconte de Rama, le plus grand héros de l'Inde, que lorsqu'il commença à retrouver Sita, qui représente la Connaissance Divine, la Nature entière lui offrit ses services; les singes, les oies, les écureuils et même les pierres, l'air et l'eau rivalisèrent pour être enrôlé de son côté. Brillez dans la gloire et la majesté de votre Soi. Loin au-dessus de l'attachement servile et de la haine dégradante, et malheur aux dieux et aux anges s'ils ne vous serves pas comme de misérables esclaves. Pourquoi tout le monde se comporte-t-il comme un laquais avec un enfant ? Le petit tyran monte sur les épaules les plus fortes et tire les cheveux des têtes couronnées de lauriers. Comment se fait-il ? Pourquoi ? Parce que l'enfant vit au-dessus des circonstances, inconsciemment dans la Divinité.

Si vous vous faites votre travail, si vous êtes fidèle à votre travail, ne vous inquiétez pas pour les aides et des secours extérieurs. Ils viendront à vous, ils doivent venir à vous. Lorsque vous faites un discours et que vous avez quelque chose de valeur à conserver, ne vous inquiétez pas de qui va venir le démolir ou qui va venir le publier, etc... Prenez le fauteuil du magistrat, soyez fermes dans votre dignité sans tâche, ne gâchez jamais votre bonne humeur avec des scrupules sur des sujets extérieurs et des aides extérieures.

Lorsqu'une sensation de démangeaison est ressenti quelque part sur le corps, la main se porte automatiquement à cette région pour gratter. Le pouvoir ou Soi qui est à l'origine du mouvement de la main est à l'évidence le même que le pouvoir qui se trouve dans tout environnement ou tous milieux et lorsque votre mental est en vibration harmonieuse avec de Soi Suprême sous-jacent et qu'il est devenu pour vous le monde entier, les aides et les secours extérieurs doivent voler vers vous aussi naturellement et aussi spontanément que la main court à l'endroit de la sensation.

Lorsque nous courons parès notre ombre pour l'attraper, l'ombre jamais ne sera attrapée; l'ombre nous échappera toujours. Mais si nous courons vers le soleil, en tournant le dos à l'ombre, elle nous suivra comme un chien. De la même manière, au moment où vous vous tournez vers ces objets extérieurs et que vous voulez les empoignez et les conserver, ils éviteront votre emprise, ils vous échapperont. Au moment même où vous leur tournez le dos et faites face à la Lumière des lumières, votre Soi intérieur, à ce moment même les circonstances favorables vous rechercheront. C'est la Loi.

La plupart des gens pâlissent et sont acculés au pied du mur au mot "Devoir". Le devoir les hante comme un croque-mitaine, leur tanne le cuir, le leur laisse ni repos ni temps, il est toujours sur eux. De tels esclaves pressés, non, de telles machines du "Devoir" perdent en puissance ce qu'elles gagnent en vitesse. Ne permettez pas au sens du Devoir de vous enlever l'équilibre ou d'abattre vos esprits. Rappelez-vous que tout devoir vous est après tout imposé par vous-même. En fin de compte vous êtes votre propre maître. Vous choisissez vous-mêmes votre position, vous offrez vous-mêmes vos services et vous créez vous-mêmes vos supérieurs. Si en outre vous avez besoin de leur argent, ils ont tout autant besoin de vos services. Les termes sont des termes d'égalité, action et réaction étant égales. Vous servez votre propre volonté et celle de personne d'autre. Votre environnement actuel est créé par vous, le petit monde des relations est votre oeuvre, votre avenir sera celui que vous ferez. Vous êtes le maître de votre propre destinée. Sachez cela et réjouissez-vous, soyez de bonne humeur.

Nous construisons notre avenir pensée par pensée
Pour le bien ou le mal et ne le savons pas.
Pensée est un autre mot pour destin;
Choisis alors ta destinée, et attends.
Le mental est le maître de son domaine;
Sois calme, sois ferme et sincère;
La peur n'est l'ennemie que de la peur
Que le Dieu en toi apparaisse et dise
A la circonstance contraire : "Obéis"
Et ton cher souhait trouvera son chemin.

Prenez goût à votre travail, non comme un laboureur pesant , mais comme un noble prince par amour du plaisir, comme un exercice utile, comme un jeu joyeux ou un gai divertissement. N'approchez jamais un travail avec un esprit épouvanté. Soyez vous-mêmes. Prenez conscience que les rois et les présidents ne sont que vos serviteurs. Travaillez comme le font les étoiles :

Nullement concernées par les choses autour d'elles.
Non effrayées par les choses qu'elles voient,
Elles ne demandent pas que les choses qui se passent d'elles
Leur donnent de l'amour, de la distraction, de la sympathie.
L'exquise récompense de la chanson
Fut chantée : le même frisson et le même teint
Qui appartiennent aux fleurs qui s'épanouissent.
Et les troglodytes et les grives la connaissent.

Ne ressentez aucune responsabilité, ne demandez aucune récompense. Toute autorité devrait vous être servile. Vous êtes votre propre autorité. Aucun sens du devoir ou d'autorité extérieure n,e devrait être pour vous un nuage qui fait de l'ombre. L'ordre façonné par une autorité extérieure peut au mieux être géométrique, mais l'ordre que vous créerez vous-mêmes sera organique.

 

Cinquième principe : le courage

Nous en venons ensuite au cinquième principe de la réussite, le courage. Qu'est-ce que le courage ? Non pas la fois en Maya, mais une connaissance vivante et une véritable foi dans le Soi réel. La peur vient à nous lorsque nous avons le sentiment d'être la demeure de la peur ou d'être le corps; le corps est toujours exposé à être mangé par les vers de l'angoisse; il est vulnérable et sujet à toutes sortes de souffrances. Au moment même où nous nous élevons au-dessus du petit corps, nous devenons libres de la peur. Vivez comme Divinité, vivez le Vedanta, et qui pourra vous faire du mal ? Qui pourra vous blesser ? Courage et Vedanta sont inséparables.

De quelle manière le courage est-il essentiel au succès ? Ce sera illustré par un fait de l'expérience personnelle. Quatre ours arrivèrent un jour dans les forêts himalayennes et se retrouvèrent face à face à Rama, mais ils ne le molestèrent pas. Pourquoi ? Simplement à cause du courage. Rama était rempli de cet esprit : "Je ne suis pas le corps, je ne suis pas le mental; je suis la Suprême Divinité, je suis Dieu; nul feu ne peut me brûler; aucune arme ne peut me blesser." Ils regardèrent droit dans les yeux et s'éloignèrent en courant. Un jour un loup sauvage fut mis dehors; un autre jour un tigre s'enfuit de la même manière. Lorsqu'un chat arrive, les pigeons ferment les yeux; ils pensent que le chat ne les voient pas parce qu'eux ne voient pas le chat, malgré cela le chat les mange complètement. Si vous avez peur, le chat vous mangera. N'avez-vous pas remarqué que lorsque nous marchons dans les quartiers de banlieue, si nous trahissons le moindre signe de peur, même les chiens se rue sur nous pour nous molester ? Même les chiens nous déchirerons si nous avons peur. Mais si nous sommes courageux, nous pouvons vaincre et apprivoiser lions et tigres. Lorsque nous versons du liquide d'un récipient dans un autre, si nous mains tremblotent toujours même un peu, le liquide sera renversé à coup sur . Versez le liquide dans le récipient sans hésitation, avec assurance, sans peur, aucune goutte ne sera perdue.

C'est par hésitation et par peur que nous nous mettons dans de tristes états. Ne laissez rien vous déconcerter ou vous prendre par surprise. Vous êtes le Tout. Chassez la peur qui produit l'attachement au corps. N'est-ce pas dommage que le bruit d'un pétard insignifiant ou même qu'une petite souris, une feuille frémissante, non, une ombre tremblante puisse effrayer soixante quinze kilos complets de chair vêtue de laine ? Aucune calamité n'est jamais pire que la crainte de la calamité. Vous préféreriez souffrir la mort que d'entretenir la peur de la mort.

Quelqu'un a dit : "Personne n'a jamais trouvé la fougère ambulante sans avoir eu dans la tête la fougère ambulante.". Si vous avez l'amour en votre mental, vous trouverez l'amour; si vous entretenez la haine, vous rencontrerez la haine. Si vous avez peur des détectives et des fraudeurs, vous ne les raterez pas. Si vous attendez l'égoïsme et la tromperie, vous ne serez pas surpris, de tous côtés l'égoïsme et la tromperie vous ferons face. Alors n'ayez pas peur; ayez en vous la sainteté et la pureté; vous ne rencontrerez jamais quelque chose de sale. Le succès de la vie et la réussite spirituelle doit aller ensemble. Ils se font des illusions ceux qui divorcent l'un de l'autre.

Les voleurs ne s'introduisent dans une maison que lorsqu'elle n'est pas gardée. Si la maison est tout le temps éclairée, ils n'osent pas y voler. Gardez toujours resplendissante en votre esprit la lumière de la Vérité , aucun démon de la peur ou de la tentation ne s'approchera de vous. S'il vous plaît, ne rendez pas votre vie misérable en vous accrochant à la sagesse matérielle. La prudence peureuse fait de vous un athée complet. Pourquoi permettre aux brumes et aux brouillards des circonstances de vous couvrir de nuages ? N'êtes-vous pas le soleil des soleils ? N'êtes-vous pas le Seigneur de l'Univers ? Quels caprices des circonstances existe-t-il que vous ne puissiez disperser, dissiper et faire évaporer ? Loin de vous l'idée de considérer pour le moins réel tout environnement menaçant. Vous êtes courageux, courageux, courageux.

 

Sixième principe : Confiance en soi

Le sixième secret de la réussite est la confiance en soi. Vous savez que l'éléphant est un animal beaucoup plus gros que le lion. Le corps de l'éléphant semble être beaucoup plus fort que le corps du lion, et pourtant un seul lion peut faire s'enfuir tout un troupeau d'éléphants. Quel est le secret de la puissance du lion ? Le seul secret est que le lion est un Vedantin pratique et que les éléphants sont des dualistes. Les éléphants croient dans le corps, le lion croit de manière pratique non pas dans le corps, mais dans quelque chose de plus haut que le corps, l'esprit. Bien que le corps du lion soit comparativement très petit, le lion croit de manière pratique que sa puissance est infini, que sa force intérieure n'a pas de limite. Les éléphants vivent en groupes de quarante ou de cinquante, quelquefois de cent ou deux cents, et quand les éléphants vont se reposer, ils mettent toujours un éléphant puissant comme veilleur et comme garde. Ils craignent que leurs ennemis ne puissent les attaquer et les dévorer. Ils ne savent pas qu'un seul d'entre eux est capable de détruire des milliers de lions s'il a seulement foi en lui-même, mais les pauvres porteurs de défenses manquent de foi dans le Soi intérieur et par conséquent de courage.

Ainsi la confiance en soi est-elle un principe fondamental du bonheur. Le Vedanta vous enseigne que vous ne devez pas vous appeler pécheur ou pauvre diable rampant, sournois, misérable. Le Vedanta veut que vous croyez en votre puissance innée. Vous êtes Infini, vous êtes Dieu Tout-Puissant, vous êtes Dieu Infini. Croyez cela. Quelle vérité vivifiante ! Croyez en l'extérieur et vous échouez. C'est la loi.

Deux frères embrouillés dans un litige apparurent devant le magistrat. L'un d'eux était millionnaire, l'autre pauvre. Le magistrat demanda au millionnaire comment il se faisait qu'il était devenu si riche et son frère si pauvre. Il dit : "Nous avons hérité il y a trois ans de nos parents d'une propriété d'égale valeur.. Cinquante mille dollars lui échurent et cinquante mille dollars pour moi. Cet homme qui se considérait riche devint paresseux (vous savez que certaines personnes riches pensent qu'il est au-dessous de leur dignité de travailler) et, quelque soit le travail à faire, il en chargeait ses serviteurs. Quand il recevait une lettre, il la donnait à ses serviteurs et disait : "Allez, occupez-vous de cette affaire." Tout ce qui devait être fait, il disait à ses serviteurs de le faire. Il a passé son temps à s'étendre dans la douceur et le confort. : "Manger, boire et s'amuser." Il ordonnait toujours à ses serviteurs : "Allez, allez, occupez-vous de cette affaire-ci ou de cette affaire-là." En parlant de lui, l'homme riche dit : "Lorsque j'ai obtenu mes cinquante mille dollars, je n'ai jamais confié mon travail à qui que ce soit; quand quelque chose devait être fait, je courais toujours le faire moi-même et j'ai toujours dit aux serviteurs : "Venez, venez, suivez-moi." Les paroles qui étaient sur mes lèvres ont toujours été : "Venez, venez", et les paroles qui étaient sur les lèvres de mon frère étaient : "Allez, allez." Tout ce qu'il possédait a obéi à sa devise; ses serviteurs, ses amis, sa propriété et sa richesse s'en sont allés, l'ont entièrement quitté. Ma maxime était : "Venez". Des amis sont venus vers moi, ma propriété s'est accrue, tout a multiplié."

Lorsque nous dépendons des autres, nous disons : "Allez, allez." Tout s'en ira, et lorsque nous dépendons du Soi et que nous n'avons confiance en rien d'autre que l'Atman, tout s'attroupe autour de nous. Si vous pensez que vous êtes pauvre, pleutre, vermine, vous le devenez et si vous vous faites honneur et avez confiance en votre Soi, vous gagnez la grandeur. Ce que vous pensez, vous devez le devenir.

Un inspecteur vint dans une école en Inde. L'un des maîtres d'école dit en désignant un élève qu'il était brillant au point d'avoir appris par coeur telle ou telle oeuvre de la littérature, disons le Paradis Perdu de Milton; il pouvait en réciter n'importe quelle partie. L'élève fut présenté à l'inspecteur mais il n'y avait en lui aucun Vedanta. Il affecta la modestie et lorsqu'on lui demanda : "Connais-tu cette oeuvre par coeur ?" il dit : "Non monsieur, je ne suis rien, je ne sais rien." Il pensait que ces paroles était un signe de modestie, un signe de pudeur. "Non monsieur, je ne suis rien, je ne l'ai pas apprise." L'inspecteur demanda de nouveau, mais le garçon dit encore : "Non monsieur, non monsieur, je ne la connais pas." Le maître était décontenancé. Il y avait un autre garçon qui se savait pas le livre entier par coeur, mais il dit : "Je le connais, je pense que je pourrai réciter n'importe quel passage que vous souhaiterez." L'inspecteur lui posa quelques questions. Le garçon répondit facilement à toutes les questions; ce deuxième garçon déclama passage après passage et obtint le prix. Personne ne vous estimera jamais à une valeur plus élevée que celle que vous vous attribuez vous-mêmes.

S'il vous plaît, ne faites pas de vous des créatures serviles, pleutres, misérables. Comme vous pensez, ainsi deviendrez-vous. Pensez que vous êtes Dieu et vous êtes Dieu. Pensez que vous êtes libres et à cet instant vous êtes libre.

Un homme entra un jour dans la maison d'un Vedantin et occupa le siège d'honneur qui était vide en l'absence du maître de maison. Quand le maître de maison revint dans la pièce, cet intrus lui posa cette question : "Ô Vedantin, fais-moi savoir ce qu'est Dieu et ce qu'est l'homme." Le sage ne répondit pas directement à la question. Il appela simplement ses serviteurs et commença à parler à haute voix et à utiliser un langage rude, leur disant de le flanquer dehors. L'homme véritablement sage utilisa ce langage singulier. En entendant un langage aussi inattendu, l'intrus prit peur, devint nerveux et quitta le siège d'honneur. L'homme sage l'occupa puis, calmement, sereinement, il lui dit : " (en se désignant) voici Dieu, (en désignant l'autre) et voilà l'homme. Si vous n'aviez pas pris peur, si vous aviez gardé votre place, si vous aviez conservé votre équilibre, si vous n'aviez pas été décontenancé, alors vous auriez aussi été Dieu. Mais le fait même de votre tremblement, de votre frissonnement et de votre perte de foi en votre Divinité fait de vous une pauvre vermine." Pensez que vous êtes la Divinité, ayez une foi vivante en votre Divinité et rien ne pourra vous faire de mal, personne ne pourra vous blesser.

Aussi longtemps que vous avez confiance en et dépendez de pouvoirs extérieurs, le résultat sera l'échec. La confiance en Dieu au-dedans met le corps en action et la réussite est assurée. Si la montagne ne vient pas à Mohammed, Mohammed ira à la montagne. Il y avait un homme qui avait faim et, pour pouvoir apaiser sa faim il s'assit dans un endroit, ferma les yeux et commença à manger un cari imaginaire. Après quelque temps on le vit la bouche ouverte, s'efforçant de rafraîchir sa langue brûlée. Quelqu'un lui demanda ce qu'il y avait. Il dit qu'un chilli (piment) très fort s'était trouvé dans sa nourriture. Le nom est froid (1) mais la chose en elle-même est forte. Sur quoi le passant remarqua : "pauvre vieux, si tu as du vivre de nourriture imaginaire, alors pourquoi n'avoir pas choisi quelque chose de beaucoup plus doux que de chilli fort ou le poivre fort. Puisque c'était ta création, ton ouvrage, ton imagination, pourquoi n'as-tu pas fait un meilleur choix ?"

Selon le Vedanta, le monde entier n'étant que votre propre création, votre propre idée, pourquoi penser être un vil et misérable pécheur ? Pourquoi ne pas vous voir comme une incarnation courageuse et ayant confiance en soi de la Divinité ?

Ayez une foi vivante en la Vérité, une connaissance correcte des choses qui vous entourent, prenez toutes les circonstances pour ce qu'elles sont et prenez conscience de l'esprit à un degré tel que ce monde devienne pour vous irréel. Ne savez-vous pas qu'en astronomie, quand on calcule les distances entre les étoiles fixes, on considère ce monde comme un point mathématique, comme rien qui soit en relation avec ces étoiles et ces planètes, comme un simple chiffre ? S'il en est ainsi, cette terre peut-elle quelque chose qui soit en contraste avec le Suprême Pouvoir Infini, l'Atman ? Prenez conscience de cela, ressentez le. Vous êtes la Lumière des lumières, toute gloire est vôtre. Ressentez cela et prenez en conscience à un degré tel que cette terre, ce nom et ce renom, les relations terrestres, la popularité et l'impopularité, l'honneur mondain et la disgrâce mondaine, la critique de vos ennemis et la flatterie de vos ennemis puissent devenir vides de sens pour vous. C'est le secret de la réussite.

Deux hommes étaient emportés par le courant rapide du Niagara. L'un d'eux trouva un gros rondin et il l'attrapa avec le désir d'être sauvé; l'autre homme trouva une toute petite corde que les gens sur la rive avaient lancé pour les secourir. Heureusement il attrapa cette corde qui n'était pas lourde comme le rondin de bois, et il fut sauvé bien que la corde fût apparemment défaillante et frêle; mais l'homme qui avait attrapé le gros morceau de bois fut emporté avec le rondin par le courant rapide dans la tombe béante des eaux houleuses sous les chutes rugissantes.

De la même manière, ô peuple du monde, vous avez confiance en ces noms, en cette renommée, en ces richesses, en cette fortune, en cette terre et en cette prospérité extérieurs. Ils semblent être gros comme le rondin de bois, mais ils ne constituent pas le principe salvateur. Le principe salvateur est semblable au fil fin. Il n'est pas matériel, vous ne pouvez ni le sentir ni le manier, vous ne pouvez pas le toucher; le principe subtil, la subtile vérité est très fine, mais c'est la corde qui vous sauvera. Toutes ces choses matérielles dont vous dépendez ne feront que travailler à votre ruine et vous jetteront dans un abîme profond de désespoir, d'anxiété et de souffrance. Faites attention, faites attention. Ayez une forte prise de la Vérité. Croyez plus en la Vérité que dans les objets extérieurs. La loi de la Nature est que toutes les fois qu'un homme croit de manière pratique dans les objets et la richesse extérieurs, il doit échouer. C'est la loi. Ayez confiance en la Divinité et vous êtes saufs. ne soyez pas dupes des sens.

 

Elevez-vous au-dessus de l'hypnotisme et des suggestions de vos voisins. Tous les liens et toutes les relations de ce monde vous hypnotisent dans la misère et l'inquiétude. Elevez-vous au-dessus de cela. Croyez en la vérité, réalisez votre unité avec la Divinité, et vous êtes sauvés; non, vous êtes le Salut même.

Loin de vous l'idée de considérer le monde de manière plus sérieuse que le Soi réel. Ne restez pas un ego sensible, pitoyable, limité. Que rien ne vous pique. Occupez-vous de votre travail comme les médecins s'occupent de leurs patients sans contracter la maladie. Travaillez dans l'esprit d'un pur témoin, libre de toutes complications. Restez immunisé.

 

Septième principe : la pureté

Le dernier point, mais non le moindre, qui garantit la réussite est la Pureté. C'est vrai que " 'Pensée' est un autre nom pour 'destin' "; ce qu'un home pense, il le devient. Mais si vous commencez à avoir des pensées impures et à vous réfugier dans une immoralité dégradante, avec l'accomplissement de ces désirs égoïstes, une affliction à briser le coeur, une souffrance atroce et un chagrin affolant s'abattront sur vous comme prix à payer. Le chagrin fera sa proie de votre âme. Le fou pense qu'il jouit de plaisirs voluptueux mais il ne sait pas que dans la pensée ou dans l'action impute sa vitalité même est achetée, vendue et consumée. La Loi du Karma vous riposte et vous confond lorsque vous voulez en abuser à des fins égoïstes. Ne dictez pas votre volonté à Dieu. Que la volonté de Dieu soit faite en ce qui concerne les désirs corporels. En matière d'exigences corporelles, la volonté de Dieu deviendra la vôtre. Ressentez, ressentez que vous êtes le Pouvoir Suprême lui-même, dont la volonté à forgé les circonstances dans les formes qu'elles ont. Complaisez-vous dans votre pauvreté comme votre propre oeuvre. Mais si vous vous retrouvez égarés par la chair et pris dans le cauchemar de la chair, c'est l'occasion d'affirmer et d'exercer énergiquement votre immense volonté d'atteindre et de conserver la Conscience de Dieu. Dans ce pays, la cupidité est mise sous vernis sou le saint nom d'Amour ! Quelle moquerie ! Les gens ne vivent pas complètement. Les affections anormales et les passions démesurées coupent et divisent leurs jours en morceaux. Il est très rare qu'un jeune homme complet parle. C'est toujours une fraction appropriée infirme, plus justement une portion très impropre de lui qui apparaît en public. Une part de lui est avec sa dulcinée, une autre avec un autre objet. Aimez votre travail, gardez votre coeur là où est votre main. Tandis que les pieds et les mains sont chauds et travaillent, que votre tête soit fraîche et recueillie. Laissez toujours vos pensées chez elles, centrées dans le Soi réel, et ne vous occupez pas des circonstances. Que la pensée de faire du bien à l'humanité ne vous chagrine pas, pourquoi le monde devrait-il être si pauvre qu'il mendie constamment votre attention ? Que le corps travaille pour l'amour de votre propre Salut. Les gens ignorants n'arrêtent pas de languir et de prier pour la lumière. Pourquoi même devriez-vous désirer cela ? Le désir ardent de lumière vous conserve dans l'obscurité. Pendant une minute, jetez tout désir par-dessus bord; chantez Om; pas d'attachement, de répulsion, un équilibre parfait, et là tout votre être devient Lumière personnifiée. Bannissez toutes les motivations de ce monde pour le travail. Rejetez, exorcisez les démons des désirs. Rendez votre travail sacré. Débarrassez-vous de la maladie de l'attachement. L'attachement à un objet vous détache du Tout. Ce sont les motivations égoïstes dégoûtantes qui rendent votre travail et votre vie profanes. Faites votre travail pour goûter à la renonciation qui se substitue inconsciemment à votre travail car le travail vous garde avec Dieu, au-dessus du corps ou du petit soi. Le travail moins le désir est synonyme de la plus haute Renonciation ou adoration. Pourquoi devriez-vous avoir une motivation pour travailler ? Les misérables ignorants croient que les choses accomplies apportent plus de bonheur que le travail en lui-même. L'aveugle ne sait pas qu'aucun résultat ne peut apporter plus de bonheur que le travail en lui-même. Le bonheur vit vêtu de la robe du travail. Votre réussite peut toujours être avec vous. De cette manière le vaste monde devient votre temple sacré et toute votre vie un hymne continu ! Quel souci vous faites-vous pour l'effet ? Loin de vous l'idée de vous soucier de salaire ou de paye. Si vous n'obtenez aucune position imposante, ne laissez pas de vanité furieuse vous empêcher de balayer les rues. N'hésitez pas à faire le devoir qui se trouve à votre portée. Ce n'est pas de l'amour propre que de fuir le travail qui n'est pas ratifié par la mode. Le véritable amour propre est le respect du Soi réel, le Dieu au-dedans. Le respect du corps est le pôle opposé à la vertu, de raccourci le plus rapide pour la perdition. Quand vous êtes prêts à tendre la main à n'empote quel travail, les fonctions les plus nobles et les occupations les plus respectables tendront les mains pour vous recevoir cordialement. C'est la Loi. Si vous ne reculez pas ne disparaissez pas devant Dieu qui demeure dans le travail, Dieu ne sera pas en reste pour la courtoisie. La lumière brillera à travers vous malgré vous-mêmes. Ne croyez pas dans les applaudissement ou dans la censure du genre humain. Tout cela ne fait que vous induire en erreur et vous décevoir. Votre Paradis est en vous. Vous jouez le rôle de l'adultère impur et impudique lorsque vous vous avilissez à montrer trop d'indulgence envers les objets de plaisir. Dites aux jouissances extérieures : "Arrière, Satan, je ne prendrai rien de tes mains." N'êtes vous pas en vérité la source de toute joie ?

Pour lui vainement roulent les envieuses saisons,
Pour qui porte en son âme l'éternel été.

Perchez la colombe indienne ou le rossignol au sommet d'un pin et de manière naturelle des chants délicieux s'en écoulent. Que votre mental soit placé chez lui et les mélodies les plus douces en jaillissent naturellement, spontanément, sans effort. Votre Divin-ité n'est pas une chose à accomplir, la Réalisation n'est pas une chose à atteindre, vous n'avez rien à faire pour obtenir la vision de Dieu, vous n'avez qu'à défaire ce que vous avez déjà fait en formant de sombres cocons de désirs autour de vous. Ne craignez point, vous êtes libres. Même votre esclavage apparent est imposé par votre liberté. Nul mal ne peut tomber sur vous à moins que vous ne l'invitiez. Aucune épée ne peut couper à moins que vous ne pensiez qu'elle coupe. Pas besoin d'aimer vos fers et vos chaînes comme des ornements. Débarrassez-vous des vaines imaginations, brûlez entièrement toute malhonnêteté, et quel pouvoir sous le soleil ne sera pas seulement trop reconnaissant d'avoir le privilège de délacer vos chaussures ? Affirmez votre Divin-ité, précipitez-vous dans l'oubli de votre petit soi comme s'il n'avait jamais existé. Quand la petite bulle éclate, elle se trouve être tout l'Océan. Vous êtes la Totalité, l'Infini, le Tout. Brillez dans votre gloire immaculée? Pour vous, ô Un parfait, il n'y a ni devoir, ni action, rien à faire, toute la Nature vous sert en retenant son haleine. Le monde remercie ses étoiles d'avoir la bonne fortune de vous présenter ses respects, de vous adorer. S'il vous plaît, penseriez-vous que les Pouvoirs de la Nature s'agenouillent et s'inclinent devant vous !

Fiez-vous, fiez-vous au Soi Suprême,
L'agitation de l'Âme est due
A la foi dans des choses qui semblent (être) :
Les choses qui flottent comme le brouillard ou la rosée,
Pour vous garder jeune et frais,
Pour deviner tout trésor caché,
Affirmez le Soi réel
et niez le soi illusoire.
Il n'y a pas de devoir à faire
Pour toi, Ô Tout, Ô Un !
Pourquoi s'irriter et s'inquiéter au sujet du travail,
Ressentez, ressentez la Vérité, soustrayez-vous à l'angoisse.
Ne croyez pas lorsque les gens disent :
"Oh, quel beau jeu vous jouez !"
Ne croyez pas, jamais, en leur louange;
Non, jamais les actions ne peuvent abaisser ni élever.
Je ne fais jamais d'action personnelle,
Impersonnel, Seigneur, en vérité je suis !
En vain combattent les délirants critiques;
Les dupes des sens ne me connaissent pas.
Je suis la demeure de chacun et de tous
Je suis le Om ! Le Om ! Le Om !

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Ô heureux, heureux, heureux Rama !
Serein et paisible, tranquille, calme,
Ma joie ne peut rien troubler, rien,
Ma route ne peut rien barrer, rien.
Ma livrée porte dieux, hommes et oiseaux.
Mon suprême bonheur est au-delà des mots.
Ici, là et partout:
Là où il n'y a plus de "Où ?"
Maintenant, toujours, plus tard et alors;
Alors, quand il n'y a plus de "Quand ?"
Ceci, cela, et quel et quoi;
Cela, cela est au-delà de "Quoi ?"
D'abord, enfin, au milieu et en haut
L'un au-delà d'un "Pourquoi ?"
Un, cinq et cent, Tout,
Transcendant le nombre, un et tout.
Le sujet, l'objet, la connaissance, la vision;
Même cette description n'est pas juste.
Etait, est, et toujours sera,
Qui confond le verbe "être".
Le Soi le plus doux, le Moi le plus vrai.
Pas Moi, pas Toi, pas Lui.

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L'Infini est cela, l'Infini est ceci;
Et çà n'en finit pas, inchangé est l'Infini.
L'Infini sort de l'Infini,
Et il reste l'Infini inchangé.
La perte extérieure révèle l'Infini,
Le gain apparent manifeste l'Infini,
Ce qui va, ce qui vient, qui se soustrait, qui s'ajoute,
Sont mode et vérité apparente de l'Infini.
Ô, quel charme merveilleux se répand?
Au-dessus de chaque colline et de chaque vallée,
Bleu et vert merveilleux mes lits
Tout rouge et tout pâle exquis.
Lumière glorieuse, glorieuse qu'il répand
Sur chaque tempête et grêle,
Magnifique, magnifique un et tout.
Céleste, céleste appel béni.

Om! Om ! Om !

 

(1) En anglais, chill veut dire glacé.