Krishnaji et Vikashji avaient préparé leur visite en Inde depuis plusieurs mois et avaient réservé leurs places. Moins de deux semaines avant leur départ j'exprimais l'intention de faire partie du groupe. Prenant alors contact avec les agences de voyage, je m'entends catégoriquement dire que tous les vols sur l'Inde sont remplis et que les listes d'attente sont longues. Krishnaji tente un dernier effort à son agence en allant retirer son billet, mais il est alors surpris d'apprendre que leurs deux places, pourtant réservées, avaient été annulées ! Revers insupportable pour un disciple emballé à cent à l'heure pour se rendre aux pieds de son Guru ! Erreur que, devant la nervosité de Krishnaji l'agence de voyages prend l'engagement de réparer. Mais c'est aussi l'occasion opportune pour Krishnaji de pousser sa demande pour une troisième place. Et, contre toute attente, cette troisième place est confirmée instantanément ! Mon premier voyage devient possible, telle est la volonté de Yogiji ! Yogi Ramsuratkumar ki jai !
Arrivé à Mumbai le 18 novembre, Krishnaji se sépare du groupe pour relier Chennai et Tiruvannamalai. Son voyage ne comporte d'autre agenda que d'avoir le darshan de Bhagavan Yogi Ramsuratkumar. Pour nous deux, c'est un déplacement imprégné de tourisme, d'affaires et bien sur de l'opportunité de découvrir Yogiji dont nous avions beaucoup entendu parler et dont nous avions chanté le nom avec Krishnaji. Le fait que nous soyons membres de l'Association nouvellement créée du Yogi Ramsuratkumar Ashram de Chitrakut ne change en rien notre soif de connaître Yogiji en personne.
Les jours à Mumbai, haut lieu des affaires, se passent et se ressemblent. Très bien encadrés par les responsables et militants du V.H.P. et du R.S.S., nos affaires sont bouclées et nous nous préparons à partir pour Chennai et de là nous diriger vers Bangalore et Mysore pour nous relaxer et jouir du panoramas de ses deux villes. Après ce volet touristique de notre visite, il est prévu que nous rejoignons Krishnaji à l'Ashram de Yogiji. Notre voyage en train, et ce en deuxième classe sur les conseils de Krishnaji, dure vingt quatre heures et est riche en expérience. Il nous permet de voir une autre facette de la vie - cette lutte inlassable pour la simple existence et le besoin d'être. Dans le tréfonds de nous-mêmes nous ressentons un réveil et nos réflexions portent sur le vrai sens de la vie. Petit à petit nous nous rendons compte qu'une force anonyme guide nos desseins. Au bout du voyage ferroviaire, il nous paraît que Tiruvannamalai nous appelle et que tout autre projet n'est que superflu.
Le 26 novembre nous nous rendons au Yogi Ramsuratkumar Ashram aux pieds de la colline d'Arunachala, symbole de Shivji. L'Ashram à l'architecture majestueuse s'impose sur la pléthore d'ashrams qui monopolisent l'attention à Tiruvannamalai. C'est une terre sainte où l'on ne voit que des sages et des dévots - des mieux lotis aux sans logis. Le sens d'organisation, la discipline, l'austérité et la dévotion alliés au sens du devoir des préposés de l'Ashram nous transforme. Krishnaji, disciple invétéré de Yogiji nous aide à nous acclimater et nous prépare pour notre premier darshan.
Notre premier darshan est à l'entrée de l'Ashram où une longue file de disciples et de dévots salue l'arrivée de Yogiji.. La scène nous impressionne. D'un côté il y a la dévotion et, de l'autre, l'incarnation de l'humilité, d'une âme illuminée, de l'âme suprême incarnée.
Nos premières impressions se confirment lorsque, pendant les satsangs quotidiens, nous avons le loisir d'observer Yogiji. Il n'est rien de ce que nous pouvons imaginer des personnages spirituels, des swamis qui nous rendent visite (à Maurice). Il est si simple mais, à la fois, il a un comportement unique et imprévisible. Rien de ce monde ne l'attire et il est en constante communion avec SON PERE, NOTRE PERE ETERNEL. C'est la raison pour laquelle il ne donne pas de sermon - il parle peu. Il éduque par ce qui vit. Il donne Sa bénédiction au nom de Dieu Suprême à tout le monde généreusement et sans exception à la manière de Shivji. J'ai une réflexion drôle et confuse le jour du Kartikai Dipam lorsque Yogiji fait face à la colline Arunachala où l'on allume l'énorme feu, où des milliers de pèlerins prient. Je vois Yogiji comme l'Âme, récipiendaire de toutes les prières, et que la colline Arunachala n'est que le symbole.
Chaque disciple de Yogiji a une expérience unique de sa manifestation. Juste avant notre départ de l'Ashram nous vivons personnellement une de ses nombreuses lilas. Il est arrangé d'avance que le 3 décembre nous partions pour Chennai par taxi. La veille Yogiji se présente dans mon rêve, instruisant Krishnaji de ne pas partir en taxi mais par l'autre voiture, qu'il indique. Le matin, je raconte mon rêve à Krishnaji et à Vikashji. Le taxi est déjà à l'ashram. Il est huit heures et nous nous préparons à quitter l'ashram. Nous sommes éblouis de joie : Yogiji nous fait chercher pour partager avec lui le petit déjeuner dans la cabane et nous donne Sa bénédiction. L'administrateur de l'ashram nous annonce qu'il n'est pas nécessaire de prendre le taxi qui attend parce qu'il y a une voiture qui part pour Chennai et qui peut nous y déposer gratuitement ! Nous nous soumettons passifs à la réalisation du rêve.
Yogiji fait comprendre que notre voyage en Inde n'est que Sa volonté et que c'est Sa volonté aussi que nous fassions tout pour propager et partager la magie du Ramnam où que nous soyons.