Sur Yogi Ramsuratkumar

Sadhu RANGARAJAN

 

 

Adveshtaa sarva bhutaanaam rnaitra karuna eva cha
Nirrnamo nirahamkaara sama dukha sukha kshami;
Santushta satatarn yogi yataatmaa drida nischayah
Mayyarpita rnano buddhir yo mad bhakta sa me priyah


"De la méchanceté envers personne, de l'amitié et de la charité pour tous, sans "Je" ni "mien", supportant avec égalité d'esprit bonheur et peine, toujours satisfait, le yogi qui se retient et qui a une ferme résolution, ce dévot M'est cher." (Gita XII-13 & 14) - Ainsi parle Bhagavan Krishna dans son "Chant Céleste".

Qui est ce Yogi ? Où peut-on le trouver ?

Un jour, au pied de la Montagne Arunachala, deux dévots d'Arunachala Siva étaient assis et discutaient amicalement. Ils se connaissaient depuis longtemps en tant que pèlerins sur le chemin Divin. Les deux fait un long chemin sur la voie. Une simplicité d'enfant s'était emparé de leurs coeurs. L'un d'eux pris soudain la main de l'autre qui était son aîné et il lui demanda : "Tu es un Yogi, tu dois maintenant me montrer ton pouvoir. Je ne te lâcherai pas la main."

Il commença à serrer très fort la main du Yogi. Le Yogi protesta : "Non, non. Je suis un mendiant ordinaire. Laisse-moi s'il te plaît. Je ne suis pas un Yogi." Le plus jeune, un étranger qui était alors devenu ermite et qui occupait l'une des cavernes de la montagne Arunachala, ne put pas forcer ce Yogi à démontrer son pouvoir malgré son amitié intime avec lui. Le Yogi, en parlant de cet épisode, dit : "Oh! Comme il écrasait la main de ce mendiant !" Ce mendiant criait qu'il n'était pas Yogi, mais il ne lâchait pas ce mendiant." Et le Yogi de rire de manière hilare et de bon cœur.

Ce Yogi n'est nul autre que Yogi Ramsuratkumar Maharaj de Tiruvannamalai. Il ne prétend jamais être un Yogi et il ne fait jamais montre de ses pouvoirs. Il s'appelle toujours "mendiant".

Lee Lozowick, un 'poète fou'' devenu chercheur spirituel qui a mis sur pied une communauté spirituelle en Arizona, U.S.A., à écrit une lettre en vers au 'mendiant fou' qu'il a rencontré quelque fois lors de ses visites à ce pays de Lumière Spirituelle. Dans tout ce pays, Lee n'a pu trouver qu'un Mahatma qui s'appelait lui-même mendiant. Naturellement, Lee est tombé sous le charme de ce 'mendiant' qu'il appelle "Le Yogi". Ce poème envoyé par Lee a été dûment reçu par le Yogi. Mais qu'à-t-il à faire de la louange ou de la critique ? Il a juste trouvé une place parmi les tas de papiers que le Yogi préservait avec un soin assidu. Quand cet auteur, serviteur du Mendiant, a approché le Yogi pour avoir quelque 'matériel' à son sujet, le Yogi a ri et il a commence à chercher au milieu des papiers mis au rebut. Il n'en a d'abord pas trouvé trace et il a rit en disant : "Oh ! Il est parti ! Quelqu'un a écrit quelque chose et c'est parti." Voyant le désappointement écrit en grand sur le visage de ce pauvre serviteur du mendiant fou, la fontaine de compassion et de pitié a jailli du coeur du mendiant et il s'est remis à chercher. Il a fini par le trouver dans l'un des tas de 'papiers de rebut' accumulés dans sa demeure. C'est comme si cet auteur avait découvert une mine d'or quand le "Yogi" lui a donné avec un sourire de sympathie.

Celui qui écrit a un jour demandé au Mendiant de l'initier à un mantra. "Pourquoi ? Vous avez reçu l'initiation d'un grand mahatma ! Qu'est-ce que ce mendiant peut vous donner ?" Oui, il n'a jamais voulu être un guru. Mais pourtant, son cœur paternel ne pouvait pas supporter la vue de l'agitation et du mécontentement qui se manifestaient sur le visage de cet auteur. Alors que je prenais congé de lui, il est venu jusqu'au pas de la porte. Il a remarqué le sentiment de peine et d'angoisse dans le mental de cet auteur. Il a tout à coup pris les mains de cet auteur, s'est assis sur les marches qui menaient à la rue. S'en est suivi un long moment de silence. Le Yogi était plongé en profonde méditation alors que le cœur de cet auteur palpitait de dévotion intense. Il s'est soudain écrié :

"Sri Rama, Jaya Rama, Jaya Jaya Rama,
Jaya Jaya Rama, Jaya Jaya Rama".

Une vague spontanée de paix et de bonheur intenses s'engouffra dans le cœur de cet humble serviteur du Mendiant. Avec des larmes de gratitude, il prit congé du Mendiant.

Sa compassion et sa douceur s'étendent sur tous ses dévots, sur tous les mendiants, sur tous les êtres. Il ira s'asseoir au milieu des mendiants qui ont fait leur demeure de l'enceinte du temple d'Arunachaleshvara. La loi et l'appareil d'ordre du Gouvernement agissent parfois impitoyablement et on font une rafle des mendiants, considérés comme une nuisance, qui sont ensuite chassés. Mais ce "Mendiant" a beaucoup de chagrin à cause de cela. Il dit : "Dans notre pays, mendier n'a jamais été une faute, cela n'a jamais été interdit. Les mendiants étaient respectés, on leur donnait des aumônes à cette époque-là. Mais ce gouvernement actuel les arrête et les harcèle. Dans Bharatavarsha, mendier n'a jamais été interdit. Il n'est pas juste de harceler les mendiants."

Quelques dévots, parmi lesquels une sannyasini sont un jour venus d'Afrique du Sud et ils ont accompagné cet auteur jusqu'en la présence de ce Mendiant. Ils avaient apporté avec eux des paquets de fruits divers. Le Yogi a reçu les visiteurs et lorsqu'ils ont mis devant lui ce qu'ils lui offraient avec amour, il a dit : "Pourquoi toutes ces choses ? Ce mendiant n'a pas besoin de tout cela."Au même moment un mendiant arriva sur le pas de sa porte et cria : "Yogi Ramsurat Maharaj Ki Jai!" Le Yogi appela immédiatement un de ses dévots : "Swaminatha, prends tout cela et donne-lui." Tous les fruits furent déversés dans les paumes tendues du mendiant. Le Yogi le fit sortir : "Va partager avec tous les autres qui sont assis là-bas (autour du temple)."

Le Yogi n'a ni 'mamakaara' ni ' ahamkaara' . Il est un avec tous, l'ami de tous. Un professeur de philosophie de Maras lui a rendu visite. Après une discussion amicale, le Yogi se rendit compte que le professeur avait l'habitude de fumer. "Pourquoi ne fumez-vous pas avec moi ?" demanda-t-il au professeur. Le professeur fut déconcerté. Mais le Yogi insista. Le professeur essaya alors de sortir un paquet de cigarettes de sa poche. Mais le Yogi dit : "Non, je vais vous donner ma cigarette." Il sortir sa cigarette et l'offrit au professeur. En plus de cela, il alluma même la cigarette pour le professeur. Le professeur fit une prière au Yogi : "Vous devez me permettre de conserver le mégot. Le Yogi répandit un rire de bon cœur et lui permit de le faire.

Un jour, des dévots du Canada, 'Italie et de Madras accompagnèrent cet auteur à la maison de la Divine Mère Mayi à Salem. Lors du retour, il voulurent avoir le darshan du Yogi à Tiruvannamalai. Mais il était minuit quand nous arrivâmes à Tiruvannamalai. Les dévots étaient sceptiques. "Le Yogi sera-t-il éveillé ? Va-t-il nous recevoir maintenant ?"

Yaa nisbaa sarva bhutaanaam tasyaam jaagrati samyami
Yasyaam jaagrati bhutaani saa nishaa pashyato muneh

"Ce qui est la nuit pour tous les êtres, c'est le moment où celui qui a la Maîtrise de soi est éveillé; ce qui est considéré comme état de veille par les êtres n'est que nuit pour Celui qui voit. " (Gita 11-69)

Lorsque nous nous sommes approchés de la demeure du Yogi, il était plongé en profonde méditation. Sortant de sa méditation, il nous a tous reçu à cette heure singulière et il a même passé une heure à converser sereinement et à chanter des bhajans.

Le Yogi est un grand Bhakta. Sa Guru bhakti est incomparable. Il parle toujours de son Guru comme de son Père. Quand l'un des dévots qui avait accompagné cet auteur et qui avait contribué à la sortie du livre de cet auteur sur le Yogi dit au Yogi qu'il était un Gauda Saraswat, le Yogi se réjouit de manière extrême. " Oh, vous êtes un Gauda Saraswat ! Vous appartenez au clan de MON PERE, Swami Ramdas !"

Une autre fois encore, il demanda à la jeune fille de cet auteur : "Ton ami démarre un service de voyages. Où voudrais-tu aller en premier ?" Tout çà fait innocemment, la fille répondit : "Je voudrais aller à Kanhangad?"
Le Yogi éclata d'une joie sans limite et d'un rire hilare. "Oh ! Nivedita veut aller chez MON PERE."

La profonde clairvoyance du Yogi ne se fait pas souvent voir, bien qu'il guide ses dévots par moments. Le fils de cet auteur, Vivekanandan, eu une envie soudaine de voir le Yogi avant son examen public. Le Yogi le reçut sur-le-champ et s'enquit sur sa préparation. Le garçon répondit qu'il s'était bien préparé pour tous les sujets mais qu'il devait encore se préparer pour les langues. "Tu vas très bien réussir dans tous les sujets. Tu vas aussi bien réussir dans les langues. Mais sois vigilant en mathématiques" prévint le Yogi.

Après la session des examens, les journaux apportèrent que le sujet de mathématiques de l'année avait été le plus difficile. L'avertissement opportun du Yogi aida le garçon.

Tulya nindaa stutir mauni, santushto yena kenachit -- "Celui qui reste silencieux sous la louange ou sous la condamnation et qui se contente de ce qu'il a" est un Yogi. Quand le récit biographique de cet auteur sur le Yogi fut publié, il en demanda un exemplaire. Cent exemplaires lui furent envoyés en toute hâte. Le Yogi qui les accepta tous les empaqueta par la suite et les remit à un dévot avec, bien entendu, des instructions claires : "Ouvre ce paquet dans une semaine et tout ce que tu y trouveras, distribue-le à ceux qui le méritent." Et le Yogi fit cadeau à l'auteur d'un dhoti qui suggérait la renonciation, renonciation à l'idée qu'il était l'auteur. Cet auteur chercha à obtenir du Yogi un message à délivrer aux Indiens à l'étranger lors de la tournée qu'il se proposait de faire dans les pays des Caraïbes. Le Yogi dit : "Quel message ce mendiant a-t-il à donner ? Je ne suis pas aussi grand. Ramakrishna, Vivekananda, Aurobindo, Ram Tirtha, Ramdas, Ramana, J.K. sont tous grands et ils ont donné leur message. Ce mendiant n'a pas d'autre message à donner. Quelque soit le message qu'ils ont donné, c'est le message de MON PERE. Ce mendiant n'a pas d'autre message à donner." Puis il dit d'une voix émue : Qu'ils se souviennent des noms de Rama, de Krishna et de Shiva. Ils resteront alors des Bharatiyas. Ils reviendront tous vers cette Terre Sacrée de Bharatavarsha." Les paroles du Yogi faisaient écho à la voix de Swami Vivekananda: "s'il y a sur cette terre un pays qui puisse affirmer qu'il est la Punya Bhumi bénie …. Le pays vers lequel toute âme dirige ses pas vers Dieu doit venir pour arriver chez elle,.... c'est l'Inde."

Nous les enfants de Mère Inde sont bénis de vivre dans la présence vivante de ces grands Yogis et de ces Mahatmas. Que leur Grâce nous permette de nous unir et eux et, par eux, au Divin.
Vande Mataram!