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Pour tous les hindous qui sont intéressés à mettre fin au cycle de la naissance et de la mort et à atteindre l'émancipation, le centre de pèlerinage le plus important et le plus sacré est Varanasi ou Kashi. A Kashi, le fleuve sacré, le Gange, qui a pris son origine dans les pics des Himalayas et est descendu avec force dans les plaines, fait un virage vers le nord, vers sa source. Depuis des temps immémoriaux, les hindous sont attirés vers cette ville vibrante et puissante, et c'est ici que commence l'histoire d'un mystique important, d'un saint et dévot de Sri Ramana Maharshi. Près de la ville de Kashi se trouve un petit village nommé Nardara. Beaucoup de pèlerins qui désirent faire la circumambulation de Mère Gange se reposent souvent dans les petits villages qui se trouvent sur les rives du fleuve. Les villageois des lieux prêtent une attention particulière à ces sâdhus, sannyasins et pèlerins et tel a été particulièrement le cas avec Yogi Ramsuratkumar et sa famille. Le fait de grandir dans cet environnement, avec les rives du fleuve sacré et au contact régulier des pèlerins et des sâdhus a eu une profonde influence sur le jeune garçon. Il s'asseyait avec eux le soir autour du feu et écoutait avec grande attention les histoires de saints et de sages et les épopées telles que le Ramayana et le Mahabharata. Un sâdhu qui s'appelait Kapadia Baba a joué un
rôle particulier dans la vie du jeune Ramsuratkumar et
a influencé le cours des évènements. Kapadia
Baba était un personnage haut et imposant qui, avant de
prendre le sannyas, avait été un juge érudit
et savant. En tant que juge, il a du superviser un cas où
son unique gendre avait commis un crime. Sans aucune hésitation,
il a prononcé la peine de mort pour son gendre après
l'avoir trouvé coupable. Prenant conscience de la futilité
de l'existence terrestre, il a pris le sannyas et a commencé
à faire des circumambulations du Gange. Lors de ces voyages,
il passait environ une journée en compagnie du jeune Ramsuratkumar
à Nardara. Avec cette peine et ce sentiment de culpabilité, il a recherché Kapadia Baba pour trouver un peu de consolation. Quand il a de nouveau rencontré Baba il s'est écrié : "Je suis incapable de supporter cette culpabilité." Kapadia Baba a dit à l'adolescent de seize ans d'aller à Kashi. Là, alors qu'il se tenait en face du Seigneur Vishvanath, il a fait l'expérience d'un éclair de brillante lumière et il a ressenti pour la première fois une extase divine qui lui a fait tout oublier : sa dépression, son corps, le monde, le temps et l'espace. L'énergie divine l'avait englouti. Il a erré sur les ghats de crémation des rives du Gange et il a fait l'expérience de son corps mort qu'on amenait là, qui était réduit en cendres et dont les cendres étaient immergées dans le fleuve sacré. Il a fait l'expérience de la réalité : qu'il n'était pas le corps. Dans cet état, il est allé voir Kapadia Baba qui a porté l'attention du jeune garçon sur la maîtrise du Tulsi Ramayana et de la Bhagavad Gita. Toute sa vie Yogi Ramsuratkumar a abondamment cité le Tulsi Ramayana et la Bhagavad Gita. Il est devenu indifférent à la vie. Ses parents et sa famille l'ont remarqué et, pour tenter de ranimer son intérêt pour la vie, ils ont fait en sorte que le jeune Ramsuratkumar soit marié. Il a d'abord vécu une vie de chef de famille et, bien qu'il travaillât comme directeur dans une école pour gagner de l'argent pour entretenir sa famille, sa quête intérieure pour trouver Dieu et la véritable réalité de ce que la vie était vraiment est demeurée intacte. Kapadia Baba est revenu à cette étape critique de sa vie et lui a conseillé de rechercher un guru. Ramsuratkumar a été surpris car il avait toujours pensé que Kapadia Baba était son guru. Mais Kapadia Baba lui a dit d'aller dans l'Inde du Sud et il a spécifiquement mentionné Sri Aurobindo et Sri Ramana Maharshi. Suivant cette directive, Ramsuratkumar s'est d'abord rendu à Pondicherry. Ne pouvant pas rencontrer Sri Aurobindo, il est arrivé à Arunachala. La première vue accueillante de la sainte colline l'a rempli de bonheur. Débordant d'une joie indescriptible, il est allé au Ramanasramam. Bhagavan était assis sur une estrade et toute l'atmosphère était remplie de silence et de paix. Il est allé s'asseoir en face de Bhagavan. Un regard direct de Bhagavan l'a plongé dans une profonde méditation. Après un long moment, alors qu'il ouvrait les yeux, il a vu Bhagavan concentrer continuellement sur lui son regard de grâce compassionné et rempli d'amour avec un joyeux sourire. Il s'est jeté dans la voie de la Quête du Soi de Ramana Maharshi. Cela l'a conduit à plusieurs reprises dans des états de samadhi. Quand il a du repartir à son village, il s'est prosterné et a silencieusement prié : "Bhagavan, veuillez s'il vous plaît verser sur moi votre grâce de telle sorte que j'atteigne vos saints pieds. Faites que je sois vôtre et gardez-moi toujours à vos pieds." Cela n'a pas été exprimé verbalement. Mais Bhagavan a entendu la prière silencieuse et il a opiné de la tête et a dit : "Shari," ce qui veut dire 'oui' en tamil. Yogi Ramsuratkumar m'a dit plus tard que ça avait été le premier mot tamil qu'il avait appris. Dès lors, il a souvent dans sa vie utilisé ce mot. D'ordinaire, "shari " se traduit par 'oui'. A cette occasion quand Ramsuratkumar s'est abandonné à son maître, cela voulait dire : "oui, je vous ai accepté." Au cours de l'été 1949, il est revenu et a vu que Bhagavan était affligé du cancer et qu'il n'était disponible que quelques heures par jour. Cela l'a fortement peiné jusqu'à ce qu'il entende un dévot demander en sa présence : " Bhagavan, je suis peiné de vous voir souffrir." Bhagavan a ri et a dit : "Le questionneur a pendant beaucoup d'années écouté l'enseignement qui insiste sur :"Je ne suis pas le corps" et il dit pourtant que je souffre. Est-ce la manière de comprendre l'enseignement ? Suis-je le corps ?" Cette réponse a frappé une corde profonde dans le coeur de Ramsuratkumar et elle a solidifié l'expérience qu'il avait eue plus tôt à Varanasi. Afin de s'établir dans cet état, Ramsuratkumar est retourné à son village. Peu après, il est parti pour les Himalayas. Au cours du temps il a ressenti que la clarté de ce qu'il avait vécu en présence physique de Bhagavan s'estompait, de la même manière que plus on se tient éloigné d'une lumière et plus on la sent s'affaiblir. Il a donc décidé de retourner dans l'Inde du Sud. C'est alors qu'il a appris que ses deux gurus, Bhagavan et Aurobindo, avaient abandonné leur corps. En arrivant à l'ashram, il a trouvé que le corps physique de Bhagavan lui manquait beaucoup. En voyant cela, T.K. Sunderesa Iyer l'a guidé vers un autre saint : Swami Ramdas de Kanhangad au Kerala. Cependant, déçu de sa première visite, Ramsuratkumar est reparti à son village. Il a lu le livre de Swami Ramdas : "En Quête de Dieu" et il a été profondément touché. Doucement mais sûrement, il a été de nouveau attiré vers Swami Ramdas et il est retourné à Anandashram. A sa troisième visite, Swami Ramdas l'a accueilli avec un grand sourire et tous deux ont ri à cur ouvert. Il poursuivait continuellement Swami Ramdas, jusqu'à ce qu'un jour le Swami se tourne vers lui avec une vive attention et demande : "Que voulez-vous de moi ?" Ramsuratkumar a demandé l'initiation et Swami Ramdas a accepté à la condition qu'il chante continuellement le mantra pendant vingt quatre heures sans s'arrêter. Il lui a demandé de s'asseoir et il a prononcé trois fois le mantra sacré : "Om Sri Ram Jai Ram Jai Jai Ram." Cela en envoyé Ramsuratkumar en extase et une puissance divine s'est déversée en son être. Le japa a continué les trois jours suivants sans connaître de pause. Il s'est adapté harmonieusement au mantra et cela l'a établi dans l'état final de quiétude absolue où les limitations du corps et du mental ont été transcendées une fois pour toutes. Toutes les fois où il rappelait cela il déclarait : "Ce mendiant est mort aux pieds sacrés de Swami Ramdas en 1952 et depuis ce jour seul Dieu existe pour ce mendiant." Par la suite, il est resté quelque temps à Anandasram. Mais l'extase divine qu'il vivait s'est transformée en dérangement pour les autres résidents de l'ashram. Ils se sont plaints à Swami Ramdas qui lui a demandé de partir. Ramsuratkumar a demandé : "Où vais-je aller ? Je ne sais pas comment vivre dans ce monde, vais-je mendier ?" La réponse est arrivée tout de suite : "Oui, soyez mendiant !" Swami Ramdas a ajouté en toute compassion : "A l'ombre d'un banyan seuls des buissons et des épines peuvent pousser, il n'y a pas de place pour un autre grand arbre. Alors partez. Mais où allez-vous aller ?" "A Arunachala," a dit Ramsuratkumar. Swami Ramdas a été immensément satisfait ! Le Swami lui a donné le châle de laine qu'il portait. Dès lors, ce châle de laine est devenu une marque déposée du vêtement de Ramsuratkumar - même lors des très chauds mois d'été à Tiruvannamalai. Avant de s'établir de manière permanente à Tiruvannamalai, Ramsuratkumar a voyagé en extase à travers l'Inde de 1952 à 1959. Il a passé ces sept ans à aller aux sanctuaires de saints réalisés, en restant tout le temps dans un état continu de samadhi. Quand il a touché le sol sacré d'Arunachalam il a complètement retrouvé sa conscience normale. C'est dans cet état normal qu'il est revenu au Ramanashramam en 1959, et c'est alors que je l'ai rencontré pour la première fois. Je passais du temps avec mon enseignant T.K. Sundaresa lyer quand j'ai remarqué ce 'fou' ébouriffé, débraillé en face de moi. Alors que la pensée me traversait l'esprit, T.K. Sunderesa Iyer s'est tourné vers moi et a dit : "Ce n'est pas un fou, c'est un yogi. Ganesa, c'est un Siddha Purusha. Il a faim, alors va à l'intérieur chercher de la nourriture et donne-la-lui." A l'époque, la nourriture manquait à l'ashram. Malgré ça, je me suis fait un devoir d'essayer de nourrir Ramsuratkumar à chaque fois que c'était possible. Plus tard, il m'a dit que c'était T.K. Sundaresa Iyer qui l'avait appelé "Yogi Ramsuratkumar" et que depuis le nom était resté. Il vivait dans une petite hutte dans un quartier voisin de l'Ashram appelé Ramana Nagar et il allait marcher sur toute la colline, un peu comme son maître Ramana Maharshi. Quand il marchait autour de la colline, j'avais souvent la chance de le voir dans des cimetières sauter d'une tombe à l'autre en chantant "Om Sri Ram Jai Ram Jai Jai Ram." A cette époque j'ai eu souvent l'occasion d'être en contact avec Yogi Ramsuratkumar. Je ne savais pas qu'il y avait une corde spirituelle qui nous attachait, Yogi Ramsuratkumar et moi. Plus tard, en 1962, il s'est mis à vivre dans le temple, et aussi sous un arbre punnai près de la gare des chemins de fer. J'ai perdu contact avec lui après ça du fait que j'étais plongé dans le travail de l'ashram - étant activement occupé avec The Mountain Path. Pourtant, je l'apercevais parfois près du terminus des bus lors de mes voyages à Chennai. Il apparaissait tout à coup, me donnait une fleur et demandait ensuite : "Ganesa, s'il vous plaît, donnez-moi une roupie." Ce n'est qu'en 1980, après un intervalle de plusieurs années, que je suis revenu en contact avec lui. Le Jayanti du Centenaire de Bhagavan était alors organisé à l'ashram sur une grande échelle avec de nombreuses célébrations et de nombreuses pujas. Un groupe faisait même le tour du monde en chantant des chansons de Bhagavan. Un jour Yogi Ramsuratkumar m'a rencontré et m'a dit : - Ganesha, les gens de Tiruvannamalai n'approuvent pas ce qui se passe au Ramanasramam. Ils disent que c'est une institution brahmine et que l'on n'y chante qu'en Sanskrit. Au cours de la vie de Bhagavan, on chantait le parayanam tamil tiré des Oeuvres Complètes de Bhagavan. Recommencez ça. J'ai essayé, mais à l'exception de deux ou trois vieux dévots il n'y avait personne qui connaissait toutes les Oeuvres Complètes. J'ai évité de le rencontrer de nouveau du fait qu'il persistait beaucoup dans sa demande. Il a résolu ce dilemme du redémarrage du parayanam tamil à sa manière inimitable. Mon amie Anuradha s'était établie à Arunachala en 1983. Mon frère Mani avait lui aussi démissionné de son travail et était venu à Tiruvannamalai de manière permanente pour aider au travail de l'Ashram. Ensemble, ils m'aidaient à la direction de l'ashram du fait que ses activités avaient augmenté de manière significative. Lors de la Fête de Kartikaï en 1983, Anuradha, Kanakammal (un vieux dévot de Bhagavan) et moi-même étions près du temple à regarder la procession de l'énorme char en bois. Tout à coup, sorti de nulle part, Yogi Ramsuratkumar est arrive, m'a pris la main et a dit : - Ganesha, ce mendiant vous a envoyé un mot pour vous rencontrer et vous demander de commencer le parayanam tamil. Mais vous m'avez évité. Il était dans sa tenue avec plusieurs châles, portent un bol de coque de noix de coco, des bâtons et un grand éventail. Anuradha a été plutôt effrayée par cette vision d'un 'fou' qui m'accostait tout à coup - ça a été son premier darshan de Yogi Ramsuratkumar ! J'ai admis que je l'évitais du fait que j'étais incapable de trouver quelqu'un qui s'empare de la lourde tâche d'apprendre toutes les Oeuvres complètes de Bhagavan en tamil et à les enseigner à d'autres pour faire le parayanam. Il s'est instantanément tourné vers Anuradha et a dit : - Elle va adopter cette tâche ! Puis il a disparu dans la foule aussi soudainement qu'il était apparu. Anuradha, encore plutôt abasourdie par son apparence ébouriffée et la familiarité avec laquelle il s'était adressé à moi, m'a demandé : - Qui est ce fou qui t'accoste et qui te donne des ordres ? Quel est de parayanam tamil dont il parle ? Un pouvoir a du être transféré de Yogi en Anuradha parce qu'elle a commencé à apprendre les Oeuvres Complètes de Bhagavan de Kanakammal et de Kunju Swami et elle a commencé à chanter dans le sanctuaire de Bhagavan tout ce qu'elle avait appris. De nombreuses dames ont été attirées par son chant parce qu'elles n'avaient jamais entendu les Oeuvres Complètes de Bhagavan chantées dans un passé récent. Toutes les fois que Kunju Swami enseignait Anuradha, il disait : "Vous devez l'apprendre par coeur, autrement je ne vous enseignerai pas." Elle a bientôt appris par coeur tous les poèmes des Oeuvres Complètes et elle les a enseignés à toutes les femmes qui étaient intéressées. Ramani, la femme de mon frère, était particulièrement enthousiasmée pour les apprendre. Yogi Ramsuratkumar se tenait informé des progrès du parayanam. Quelques années plus tard, quand Anuradha a eu terminé et préparé six jours de parayanam, Yogi lui a demandé : - Combien de jours de parayanam sont-ils prêts ? Quand elle a répondu que six journées étaient prêtes, Yogi lui a demandé : - Que pensez-vous de dimanche ? Anuradha, qui est très audacieuse et vive d'esprit, a rétorqué : - Dimanche c'est Sabbat ! Yogi Ramsuratkumar a éclaté de rire et a dit : - Oh, le dimanche sera un jour de repos. Même à ce jour, il n'y a pas de parayanam tamil au Ramanashram le dimanche ! Après cette rencontre, notre échange suivant a eu lieu en 1986. Je rassemblais des articles des souvenirs de dévots de Ramana Maharshi pour les publier dans The Mountain Path. Anuradha, J. Jayaraman (le bibliothécaire de l'ashram) et moi-même sommes sortis pour aller voir Yogi à ce sujet-là. Comme nous n'avions pas prévu de prendre des notes, nous avions décidé d'enregistrer la rencontre subrepticement. Jayaraman a vérifié le magnétophone à l'extérieur de la résidence de Yogi Ramsuratkumar et s'est assuré qu'il fonctionnait convenablement. Mais quand il a essayé de faire marcher le magnétophone dans la pièce, il n'a pas fonctionné ! Yogi Ramsuratkumar, avec colère, s'est mis à raconter un événement précédent quand on avait essayé "de photographier ou d'enregistrer de mendiant sans lui demander. " Jayaraman et moi avons échangé un regard et je me suis mentalement excuse pour cette indiscrétion. Immédiatement, son humeur a changé et il s'est mis à raconter avec extase ses expériences avec Bhagavan. "Un jour que j'étais assis en présence de Sri Bhagavan, il a raconté de manière vivante une histoire fascinante qui est aussi très significative. Un couple d'oiseaux vivait près de l'océan. Laissant leurs oeufs dans leur nid, ils s'envolèrent jusqu'à des lieux lointains à la cherche de nourriture. Un jour, en revenant, ils furent atterrés de voir que leur nid, avec les oeufs, avait été dévoré par les vagues de l'océan. Ils se mirent très en colère et ils jurèrent en tout sérieux qu'ils le videraient si nécessaire pour retrouver leurs oeufs. Ils commencèrent immédiatement l'opération de vidage de l'océan en prenant de l'eau dans leurs becs, becquée après becquée, la rejetant dans un endroit lointain. Ils faisaient cela sans fin, sans repos et avec grand sérieux et grande vivacité. Les jours passaient et ils trempaient encore leurs becs dans l'océan et volaient au loin pour rejeter l'eau. Un jour, un grand être encore passa près d'eux. Observant les efforts inlassables des deux oiseaux, il leur demanda ce qu'ils faisaient. Les oiseaux expliquèrent que leurs ufs avaient été emportés dans l'océan et qu'ils étaient déterminés à le vider pour les retrouver. Surpris, le grand être s'exclama : "Quoi ! C'est impossible ! Pouvez-vous, vous deux oiseaux minuscules, jamais espérer vider l'océan, aussi inflexibles que puissent être vos efforts ?" "Quel doute peut-il y avoir ?" répondirent les oiseaux. "Nous sommes absolument certains qu'en fin de compte nous réussirons et que nous retrouverons nos précieux ufs !" Touché par leur formidable foi et leur formidable dévotion, le grand être, avec compassion, mit ses mains dans l'océan, trouva les ufs et les rendit aux oiseaux remplis de joie. Sri Bhagavan dit alors : "Vider l'océan, c'est comme connaître Dieu. Seul, sans la grâce, c'est impossible. Mais si l'on a la foi inébranlable et le sérieux des deux oiseaux de l'histoire, le guru apparaîtra et comblera nos aspirations spirituelles." "A une autre occasion, j'ai été ému de voir la compassion de Sri Bhagavan. Un dévot, Eknath Rao, avait apporté dans la sale un bol rempli de fruits coupés en morceaux et l'avait mis devant Sri Bhagavan. Dans le grand bol se trouvait un bol plus petit avec des morceaux coupés spécialement pour Sri Bhagavan. Le sens de l'égalité était total chez Bhagavan, et bien que sa tolérance envers les dévots fût immense, il ne permettait jamais rien de spécial pour lui-même. Quand Bhagavan a remarqué qu'il y avait un bol à part pour lui, il s'est fâché et il a violemment poussé le grand bol de côté. Quelques morceaux de fruits se sont répandus sur le sol et y ont été laissés. Le dévot a alors commencé à distribuer les morceaux à tous ceux qui étaient dans la salle. Tous se sont assis avec quelques morceaux dans les mains, ne voulant pas manger du fait que Bhagavan, n'en avait eu aucun. Par compassion envers les dévots, Sri Ramana est descendu, a ramassé les morceaux qui étaient tombés par terre et s'est mis à les manger. Le reste des dévots a pu alors manger aussi." Yogi Ramsuratkumar a continué son récit : "Un jour, un dévot a demandé à Bhagavan si un disciple qui n'avait pas réalisé pouvait prendre un autre guru après que le guru ait abandonné le corps. Bhagavan a répondu : "Non, cela n'est pas nécessaire parce que la grâce et les bénédictions du guru continueront même après que le corps ait été abandonné." Anuradha l'a interrompu sur le champ et a demandé à Yogi Ramsuratkumar : - S'il en est ainsi, pourquoi êtes-vous allé voir Swami Ramdas après le mahasamadhi de Bhagavan ? Yogi Ramsuratkumar l'a regardée avec un beau sourire et a expliqué : - La ferveur divine que j'avais connue en présence
de Bhagavan a commencé à diminuer quand je l'ai
quitté et suis aller rester dans les Himalayas. Néanmoins,
j'avais commencé à voir qu'un pouvoir supérieur
s'exprimait, en m'utilisant comme un instrument. J'ai eu la grande chance de communiquer avec Yogi Ramsuratkumar à plusieurs occasions après cela. Il n'est pas exagéré de dire qu'il a joué un rôle primordial dans ma vie. Ce qui suit est un exemple où il est intervenu spécifiquement dans une crise et l'a résolue. En 1987, j'"ai été pris dans un problème relatif à une presse d'imprimerie. J'essayais d'imprimer localement les publications de l'ashram à un moindre coût de telle sorte que nous puissions les vendre dans notre librairie à prix réduits. Un imprimeur de la ville m'a offert de prendre cette responsabilité d'imprimer nos livres si je pouvais l'aider à acheter une presse d'imprimerie. La banque lui a fait un prêt à la condition que je me porte garant. J'ai accepté sans en comprendre pleinement les conséquences. Malheureusement, il a fait faux bond pour le paiement et le directeur de la banque m'a tenu responsable pour le remboursement du prêt. J'étais abasourdi de la situation. Comme la pression augmentait, j'ai même songé au suicide. Voyant mon désespoir et ma dépression augmenter, Anuradha a suggéré de porter ce problème devant Yogi Ramsuratkumar du fait que beaucoup de ses dévots étaient dans l'imprimerie. .....à suivre
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For all Hindus interested in ending the cycle of birth and death and attaining emancipation, the most important and sacred pilgrimage centre is Varanasi or Kashi. At Kashi, the holy river Ganges, having originated in the peaks of the Himalayas and forcefully moving down the plains, makes a turn towards the north, towards its source. From time immemorial, Hindus have been drawn to this vibrant and powerful city, and it is here that the story of an important mystic, saint, and devotee of Sri Ramana Maharshi begins. Near the town of Kashi is a small village called Nardara. Many pilgrims who aim to complete a circumambulation of Mother Ganges often rest in the small villages that lie on the banks of the river. The local villagers pay special attention to these sadhus, sannyasins and pilgrims and this was especially the case with Yogi Ramsuratkumar and his family. Growing up in this environment, alongside the banks of the holy river and in regular contact with pilgrims and sadhus, had a deep impact on the young boy. He would sit along with them around the fire at night and listen with rapt attention to stories of saints and sages and epics such as the Ramayana and Mahabharata. A sadhu called Kapadia Baba had a special role in young Ramsuratkumar's life and influenced the turn of events. Kapadia baba was a tall and imposing figure, who before taking sannyas was an erudite and scholarly judge. As a judge, he had to oversee a case where his only son-in law had committed a murder. Without any hesitation, he issued the death sentence on his son-in-law after finding him guilty. Realizing the futility of worldly existence, he took sannyas and started circumambulations of the Ganges. During these journeys, he would spend a day or so in the company of young Ramsuratkumar in Nardara. An incident that dramatically shaped Ramsuratkumar's life occurred in his teenage years. One of the household chores he happily did was to help his mother by drawing water from a well using a long rope. One day, while he was drawing water, he noticed a small, beautiful sparrow looking intently at him from the other side of the well. He playfully threw one end of the rope at it. The bird was hit and it fell. Deeply shocked, Ramsuratkumar ran and took the bird in his hands, crying, "Please, do not die! Please, do not die!" He then took it to the Ganges and poured its sacred water on the bird in an attempt to revive it. That too failed. This traumatic event led him to contemplate and enquire deeply on life and death: "Where has the beauty of the bird gone! The wings are there but it has lost the power to fly. What is the force behind the bird's now lifeless body that allowed it to be active and fly just a minute ago?" Enquiring thus, he sat weeping on the banks of the Ganges. The death of the bird was the first shock he received from life and it sharpened his awareness about creation, life and death. Carrying this sorrow and guilt, he searched for Kapadia Baba to get some consolation. When he met Baba again he cried, "I am unable to bear this guilt." Kapadia Baba told the sixteen year old teenager to go to Kashi. There, as he stood in front of Lord Vishwanath, he experienced a flash of brilliant light and felt for the first time a divine ecstasy that made him forget everything - his depression, his body, the world, time and space. The divine energy had engulfed him. He wandered the cremation ghats on the banks of the Ganges and had the experience of his dead body being brought there and burnt to ashes and the ashes being immersed in the sacred river. He experienced the reality that he was not the body. In this state, he went to Kapadia Baba who turned the young lad's attention to mastering the Tulsi Ramayana and Bhagavad Gita. All his life, Yogi Ramsuratkumar used to quote freely from the Tulsi Ramayana and Bhagavad Gita. He became indifferent to life. His parents and relatives noticed this and in an effort to rekindle his interest in life, got young Ramsuratkumar married. He settled initially into a life of a householder and though he was working as a headmaster in a school to earn money to support his family, his inner quest to find God and the true reality of what life actually is, remained undimmed. Kapadia Baba returned at this crucial stage in his life and
instructed him to seek a guru. Ramsuratkumar was surprised as
he had always assumed that Kapadia Baba was his guru. But Kapadia
Baba told him to travel to South India and specifically mentioned
Sri Aurobindo and Sri Ramana Maharshi. Following this directive,
Ramsuratkumar went to Pondicherry first. He plunged into Ramana Maharshi's path of Self Enquiry. This repeatedly led to states of samadhi. When he had to return to his village, he prostrated and silently prayed, "Bhagawan, please pour grace on me so that I attain your holy feet. Make me your own and keep me ever at your feet." This was not expressed verbally. However, Bhagawan heard the silent prayer and nodded his head and said, "Shari," which means 'yes' in Tamil. Later, Yogi Ramsuratkumar told me that this was the first Tamil word that he learnt. From then on, he used this word often in his life. Ordinarily, "shari 'is translated as 'yes.' On this occasion, when Ramsuratkumar surrendered to his master, it meant 'yes, I have accepted you.' During the summer of 1949, he came back and saw that Bhagawan was inflicted with cancer and was available only for a few hours every day. This pained him greatly and he was affected until he heard a devotee ask in his presence, "Bhagawan, I am pained to see you suffer." Bhagawan laughed and said, "The questioner has been listening to the teaching for many years which emphasizes, "I am not the body "and still he says I have got pain. Is this the way to grasp the teaching? Am I the body?" This answer struck a deep chord in Ramsuratkumar's heart and it solidified his earlier experience in Varanasi. In order to be established in this state, Ramsuratkumar went back to his village. Soon afterwards, he left for the Himalayas. In the course of time he felt the clarity he had experienced in Bhagawan's physical presence dimming, just like when the farther one is away from a light, one feels it becoming dimmer. So, he decided to return to South India. It was then that he came to know that both his gurus, Bhagawan and Aurobindo, had dropped their bodies. On reaching the ashram, he found that he sorely missed the
physical frame of Bhagawan. Seeing this, T.K. Sunderesa Iyer
guided him to another saint - Swami Ramdas of Kanhangad in Kerala.
However, disappointed on his initial visit, Ramsuratkumar went
back to his village. He continued in Anandasram for some time after this. But the
divine ecstasy that he was experiencing became a distraction
to other ashram residents. They complained to Swami Ramdas who
asked him to leave. Ramsuratkumar prayed, "Where will I
go? I do not know how to live in this world, am I to beg?"
Pat came to response. "Yes, be a beggar!" Swami Before he came permanently to Tiruvannamalai, Ramsuratkumar
travelled in ecstasy across India from 1952 to 1959. He spent
these seven years visiting shrines of realized saints, all along
remaining in an unbroken state of samadhi. When he touched the
sacred soil of Arunachalam he fully regained his normal consciousness.
It was in that normal state that he returned to Ramanashramam
in 1959, and this was when I first met him. I was spending time
with my teacher, T.K. Sundaresa lyer, when I noticed this dishevelled,
unkempt 'madman' in front of me. As the thought flashed across
my mind, T.K. Sunderesa Iyer turned to me and said "He is
not a madman, he is a yogi. Ganesa, he is a Siddha Purusha. He
is hungry, so go inside, get some food and give it to him."
Food was scarce in the ashram during those days. Despite this,
I made it a point to try and feed Ramsuratkumar whenever possible.
Later, he told me that it was T.K. Sundaresa Iyer who named him
"Yogi Ramsuratkumar" and that from that point on, the
name stuck. He lived in a small hut in a neighborhood of the
ashram called I lost contact with him after that point as I was immersed in ashram work - being actively involved with The Mountain Path. Still, I sometimes caught sight of him near the bus terminus during my trips to Chennai. He would suddenly appear, hand me a flower and then demand, "Ganesa, please give me a rupee." It was only in 1980, after a gap of several years, that I came into contact with him again. The centenary of Bhagawan's Jayanthi was being organized at the ashram on a grand scale with lots of celebrations and poojas. A group even toured all over the world singing Bhagawan's songs. One day, Yogi Ramsuratkumar met me and said, "Ganesa, the local people of Tiruvannamalai are not in favour of what is happening at Ramanasramam. They are saying that it is a Brahmin institution and only Sanskrit is chanted there. During Bhagawan's life time, Tamil parayanam from the Collected works of Bhagawan was being sung. Start that again." I tried, but except for two or three old devotees there was nobody who knew the entire Collected Works. I avoided meeting him again as he was very persistent with this demand. He solved this dilemma of starting the Tamil parayanam in his own inimitable style. My friend Anuradha had settled in Arunachala in 1983. My brother Mani had also resigned his job and moved permanently to Tiruvannamalai to help with Ashram work. Together, they were helping me manage the ashram as its activities had grown significantly. During the Karthikai festival in 1983, Anuradha, Kanakammal (an old devotees of Bhagawan) and I were near the temple witnessing the procession of the huge wooden car. Suddenly, out of nowhere, Yogi Ramsuratkumar came and caught my hand and said, "Ganesa, this beggar had been sending word to you, to meet you and ask you to start the Tamil parayanam. But you have been avoiding me." He was in his garb of several shawls, carrying a coconut shell bowl, sticks and a large fan. Anuradha was quite frightened with this vision of a 'madman', suddenly accosting me - this was her first darshan of Yogi Ramsuratkumar! I admitted that I was avoiding him as I was unable to find someone to take on the heavy task of learning all the Collected works of Bhagawan in Tamil and teaching these to others to do parayanam. He instantaneously turned towards Anuradha and said, ,,She will take up this task!,, He then disappeared into the crowd as abruptly as he had appeared. Anuradha, still quite stunned by his dishevelled appearance and the familiarity with which he addressed me, asked, "Who is this madman who accosts you and gives orders to you? What is this Tamil parayanam he is referring to?" Some power must have been transferred from Yogi to Anuradha because she started learning the Collected works of Bhagawan from Kanakammal and Kunju swami and started singing whatever she had learnt, in Bhagawan's shrine. Many ladies were attracted to her singing because they had never heard Bhagawan Collected works being sung in the recent past. Whenever Kunju Swami taught Anuradha, he used to say, "You have to learn it by heart otherwise I will not teach you." She soon learned every poem in the Collected Works by heart and taught all the ladies who were interested. Ramani, my brother's wife, was especially keen on learning them. Yogi Ramsuratkumar kept himself informed of the progress of the parayanam. A few years later, when Anuradha had completed and prepared six days of parayanam, Yogi asked her, "How many days of parayanam are ready?" When she replied that six days of it were ready, Yogi asked her, "What about Sunday ?" Anuradha, who is very bold and quick witted, retorted, "Sunday is Sabbath!" Yogi Ramsuratkumar burst into peals of laughter and said, "Oh, the Sunday will be a rest day." Even to this day, there is no Tamil parayanam in Ramanashram on Sundays! After that meeting, our next interaction was in 1986. I was collecting articles of the reminiscences of devotees of Ramana Maharshi for publication in The Mountain Path. Anuradha, J. Jayaraman (the ashram librarian) and I set out to meet Yogi in this regard. Since we"' were not planning on taking notes, we had decided on re cording the meeting surreptitiously. Jayaraman tested the recorder outside Yogi Ramsuratkumar's residence and made sure it was working properly. However, when he tried to operate the recorder in the room it wouldn't work! Yogi Ramsuratkumar started angrily narrating an earlier incident in the day when there was an attempt to photograph or record this beggar without asking him." Jayaraman and I exchanged a look and I mentally apologized for this indiscretion. Immediately, his mood changed and he ecstatically started recounting his experiences with Bhagawan. "Once when I was seated in the presence of Sri Bhagawan,
he vividly narrated a fascinating story which is also highly
significant. There lived a pair of birds by the side of the ocean.
Leaving their eggs in their nest, they would fly to far off places
in search of food. One day, on their return, they were aghast
to find that their nest along with the eggs had been devoured
by the waves of the sea. They became very angry and in all seriousness
vowed that they will empty it, if necessary, in order to retrieve
their eggs. They immediately started the operation of emptying
the ocean by taking the sea water in their beaks, mouthful by
mouthful, dropping it at a far off place. They did this endlessly
without rest and with all earnestness and alertness. Days passed
and they were still one-pointedy dipping their beaks into the
ocean and flying away to dispose off the water. One day, a great
being happened to pass by. Observing the tireless efforts of
the two birds, he asked them what they were up to. The birds
explained that their eggs had been washed on into the ocean and
that they were determined to empty it in order to retrieve them.
Surprised, the great being exclaimed, "What! This is impossible!
Can you two tiny birds ever hope to empty the ocean, however
relentless your efforts may be?" "On another occasion, I was thrilled to witness the compassion
of Sri Bhagawan. A devotee, Eknath Rao, brought into the hall
a bowl filled with fruits cut into pieces and placed it before
Sri Bhagawan. Within the large bowl was a smaller bowl with pieces
cut specially for Sri Bhagawan. Bhagawan's sense of equality
was total and although his tolerance towards devotees was immense,
he would never permit anything special for himself. When Yogi Ramsuratkumar continued, with his narration: "Once,
a devotee asked Bhagawan whether a disciple who has not realized
can take to another guru after his guru drops the body. Bhagawan
replied, "No there is no need because the guru's grace and
blessings will continue even when the body is dropped.' Anuradha
promptly interrupted and asked Yogi Ramsuratkumar, "If that
is the case, why did you go to Swami Ramdas after Bhagawan's
I had the good fortune of interacting with Yogi Ramsuratkumar on several occasions after this. It is no exaggeration to say that he played a pivotal role in my life. The following is an example where he specifically stepped in and resolved a crisis. In 1987, I was caught up in a problem involving a printing press. I was trying to print the ashram publications locally at a lower cost so that we could sell them in our bookstore at reduced prices. A local printer offered to take this responsibility of printing our books if I could help him purchase a printing press. The bank gave him a loan on the condition that I was the guarantor. I agreed without fully understanding the consequences of this. Unfortunately, he defaulted on the payment and the bank manager held me liable to repay the loan. I was bewildered about the situation. As the pressure mounted, I even contemplated suicide. Seeing my increasing desperation and depression, Anuradha suggested that we take this problem to Yogi Ramsuratkumar as many of his devotees were in the printing business. .....to continue
(in Saranagatam, April, May 2017) |