Paramahamsopanishad

(Traduction en anglais : Swami Madhavananda
rendue en français avec notes par Gaura Krishna)

(Le texte devanagari ainsi que la translittération ne peuvent être trouvés que dans l'édition imprimée de RAMA NAMA)

 

Aum ! Ô Devas, puissions-nous entendre de nos oreilles ce qui est auspicieux; puissions-nous voir de nos yeux ce qui est auspicieux. Ô vous dignes d'adoration ! Puissions-nous jouir de la durée de la vie attribuée par les Devas, en les louant avec nos corps et nos membres fermes ! Puisse le glorieux Indra nous bénir ! Puisse le soleil omniscient nous bénir ! Puisse Garuda, foudre pour le mal, nous bénir ! Puisse Brihaspati nous accorder le bien-être ! Aum ! Paix ! Paix ! Paix ! Hari Om !

 

1.- "Quelle est la voie des Paramahamsa Yogis (1), et quels sont leurs devoirs ?", fut la question que Narada demanda au Seigneur Brahma en allant le voir. Le Seigneur lui répondit : La voie des Paramahamsas sur laquelle tu questionnes est accessible aux gens avec la difficulté la plus grande; ils n'ont pas beaucoup de protagonistes, et ce serait assez s'il y en avait un de la sorte. En vérité, un tel être demeure dans le Brahman toujours pur; il est vraiment le Brahman indiqué dans les Vedas : c'est ce que maintiennent les connaisseurs de la Vérité; il est le grand, car son mental demeure toujours en Moi; et Moi aussi, pour cette raison, Je demeure en lui. Ayant renoncé à ses enfants, à ses amis, à sa femme et à ses relations etc.; et ayant abandonné la shikha, le cordon sacré, l'étude des Vedas et toutes les oeuvres aussi bien que cet univers (2), il doit utiliser la kaupina, le bâton et juste assez de vêtements, etc. pour la stricte maintenance de son corps et pour le bien de tous (3). Et cela n'est pas la dernière chose. Si on demande quelle est la dernière chose, elle est ce qui suit :

2.- Le Paramahamsa ne porte ni le bâton, ni la shikha, ni le cordon sacré ni de couverture. Il ne ressent ni le froid, ni la chaleur, ni le bonheur ni la misère, ni l'honneur ni le mépris, etc. Il convient qu'il soit au-delà de l'atteinte des six vagues de cet océan du monde (4). Ayant abandonné toute pensée de calomnie, de vanité, de jalousie, d'ostentation, d'arrogance, d'attachement aux ou d'antipathie envers les objets, de joie et de peine, de désir (charnel), de colère, de cupidité, d'illusion de soi, d'exaltation, d'envie, d'égoïsme et autres, il regarde son corps comme un cadavre car il a complètement détruit l'idée de corps. Eternellement libre de la cause du doute, des fausses idées et de la connaissance fausse, réalisant le Brahman Eternel, il vit lui-même en Cela, avec la conscience : "Je suis Lui, je suis Cela qui est toujours calme, immuable, non divisé, de l'essence de la Connaissance-Béatitude, Cela seul est ma nature réelle." Cela (cette connaissance) seul est sa shikha. Cela seul est son cordon sacré. Par la connaissance de l'unité du Jivatman et du Paramatman, la distinction entre eux est elle aussi totalement disparue. Ceci est sa sandhya (5).

3.- Celui qui, renonçant à tous les désirs, a sa demeure suprême dans l'Un sans second,et tient le bâton de la connaissance, est le véritable Ekadandi (6). Celui qui porte un simple bâton de bois, qui prend goût à toutes sortes d'objets des sens et qui est dépourvu de Jnana (connaissance) va vers de terribles enfers connus comme Maharauravas. Connaissant la distinction entre ces deux, il devient un Paramahamsa.

4.- Les points cardinaux sont son vêtement, il ne se prosterne devant personne, il n'offre pas d'oblation aux Pitris (manes), il ne blâme personne, il ne loue personne; le sannyasi est toujours d'une volonté indépendante. Pour lui il n'y a ni invocation ni cérémonie d'adieu; pas de mantra, pas de méditation; pas d'adoration; pour lui le monde phénoménal n'existe pas ni Cela qui est inconnaissable; il ne voit pas la dualité ni ne perçoit l'unité. Il ne voit ni "je" ni "tu" ni tout ceci. (7) Le sannyasi n'a pas de demeure. Il ne doit rien accepter qui soit fait d'or ou autre; il ne doit pas avoir de corporation de disciples ni accepter de richesse. Si on lui demande quel mal il y a à les accepter : oui, il y a du mal en le faisant. Parce que si le sannyasi regarde l'or avec désir, il se fait assassin de Brahman; parce que si le sannyasi touche l'or avec désir, il devient dégradé en Chandala; parce que s'il prend l'or avec désir, il se fait tueur de l'Atman. Aussi le sannyasi ne doit ni regarder ni toucher ni prendre de l'or avec désir. Tous les désirs du mental cessent d'exister, il n'est pas agité par la peine et il n'a aucun désir de bonheur; la renonciation à l'attachement au plaisirs des sens arrive, et il est toujours détaché dans le bien ou le mal; il ne hait point ni n'est exalté. La tendance extériorisante de tous les organes des sens s'affaisse en celui qui demeure dans le seul Atman. Réalisant : "Je suis ce Brahman qui est l'Un Infini, Connaissance-Béatitude", il atteint la fin de ses désirs, en vérité il atteint la fin de ses désirs.

 

Aum ! Ô Devas, puissions-nous entendre de nos oreilles etc ...
Aum Paix ! Paix ! Paix !
Hari Om !

Ici se termine la Paramahamsopanishad.

(1) Les Paramahamsa yogis sont ceux qui ont contrôlé toutes les facultés 'sortantes' du mental et qui ont atteint la concentration par la pratique des huit moyens du Yoga (yama, niyama, asana, pranayama, pratyahara, dharana, dhyana et samadhi (v. Hamsa)). Ils ont atteint l'état de supraconscience dans lequel toute illusion du monde s'est évanouie dans la réalisation directe de la Vérité. Ils appartiennent à l'ordre le plus élevé des sannyasis.
(2) La shikha est la touffe de cheveux maintenue au sommet de la tête. Le paramahamsa a renoncé à tout, à tous les signes, à toutes les études, oeuvres, et a renoncé totalement au monde.
(3) Qui le reconnaîtront à la kaupina, au bâton,etc... et en l'approchant pourront s'élever.
(4) Faim, soif, peine, illusion, décadence et mort.
(5) Sandhya : rite accompli à la sandhya,, c'est à dire au moment intermédiaire du jour et de la nuit et de la nuit et du jour, à savoir à l'aube et au crépuscule.
(6) Ekadandi : à un seul bâton. Ce seul bâton est celui de la connaissance.
(7) Il a atteint le Brahman et est devenu un avec le Brahman sans second. Il n'y a donc rien en dehors de Lui. - "Ceci" : le monde phénoménal.