Swami Vivekananda

Le Vedanta est-il
la religion de l'avenir ?


(Conférence donné à San Francisco le 8 avril 1900)
(Traduction : Gaura Krishna)

 

Le Vedanta est la plus ancienne religion du monde, mais on ne peut absolument pas dire qu'elle soit devenue populaire. Aussi est-il très difficile de répondre à la question : "Va-t-elle devenir la religion de l'avenir ?"

Au départ, je peux vous dire que je ne sais pas si elle sera jamais la religion de la grande majorité des hommes. Pourra-t-elle jamais saisir une nation entière telle que les Etats-Unis d'Amérique ? Cela se peut ...

Je commencerai par vous dire ce que le Vedanta n'est pas, puis je vous dirai ce qu'il est. Mais vous devez vous rappeler que, avec toute son insistance sur des principes impersonnelles, le Vedanta n'est pas opposé à quoi que ce soit , bien qu'il ne fasse pas de compromis ni n'abandonne les vérités qu'il considère fondamentales.

Vous savez tous que certaines choses sont nécessaires pour faire une religion. Avant tout, il y a le livre.

La seconde chose nécessaire pour faire une religion est la vénération envers une personne. La troisième chose nécessaire semble être qu'une religion, pour être forte et sure d'elle-même, doit croire qu'elle est seule la vérité; autrement, elle ne peut pas influencer les gens.

Le libéralisme meurt parce qu'il est sec, parce qu'il ne peut pas soulever le fanatisme dans l'esprit humain, parce qu'il ne peut pas faire sortir la haine envers tout si ce n'est lui-même.

Un prophète apparaît, promet toutes sortes de récompenses à ceux qui le suivront et la condamnation à ceux qui ne voudront pas. Toutes les religions existantes qui se répandent sont terriblement fanatiques. Plus une secte hait les autres sectes, plus grand est son succès et plus sont nombreux les gens qu'elle attire en son sein. Ma conclusion, après avoir voyagé dans une bonne partie du monde, après avoir vécu avec beaucoup de races et en voyant les conditions qui prévalent dans le monde, est que l'état actuel des choses va continuer, malgré beaucoup de paroles sur la fraternité universelle.

Le Vedanta ne croit en aucun de ces enseignements. D'abord, il ne croit pas en un livre : c'est la première difficulté que l'on rencontre avec lui. Il dénie l'autorité de quelque livre que ce soit sur tout autre livre. Il dénie catégoriquement qu'un livre puisse contenir toutes les vérités sur Dieu, sur l'âme, sur la réalité ultime. Ceux d'entre vous qui ont lu les Upanishads se rappellent qu'elle répètent et répètent : "Ce n'est pas en lisant des livres que l'on peut réaliser le Soi."

En second lieu, il trouve la vénération envers une personne particulière encore plus difficile à soutenir. Ceux d'entre vous qui étudient le Vedanta - par Vedanta, on entend toujours les Upanishads - savent que celui-ci est la seule religion qui ne s'accroche pas à quelque personne que ce soit. Aucun homme ni aucune femme n'est jamais devenu un objet d'adoration parmi les Vedantins. Cela ne peut être. Un homme n'est pas plus digne d'adoration que n'importe quel oiseau, que n'importe quel ver de terre. Nous sommes tous frères. La différence n'existe qu'en degré. Je suis exactement le même que le ver de terre le plus vil. Vous voyez comme il y a très peu de place dans le Vedanta pour qu'un homme se tienne en avant de nous et pour que nous allions l'adorer - lui nous tirant et nous étant sauvés par lui. Le Vedanta ne vous donne pas cela. Aucun livre. Aucun homme à adorer. Rien.

Une plus grande difficulté encore existe au sujet de Dieu. Vous voulez, dans ce pays, être démocratiques. C'est le Dieu démocratique qu'enseigne le Vedanta.

Vous avez un gouvernement, mais le gouvernement est impersonnel. Le vôtre n'est pas un gouvernement autocratique, et il est pourtant plus puissant que n'importe quelle monarchie dans le monde. Personne ne semble comprendre que le pouvoir réel, la vie réelle, la véritable force réside dans le non-vu, dans l'impersonnel, le personne. En tant que simple personne séparée des autres, vous n'êtes rien, mais en tant qu'unité impersonnelle de nation qui se dirige elle-même, vous êtes formidables. Vous êtes tous unis dans le gouvernement, vous êtes un pouvoir formidable. Mais où exactement se trouve le pouvoir ? Chaque homme l'est. Il n'y a pas de roi. Je vois tout le monde de manière identique. Je n'ai pas à retirer mon chapeau et à me courber bassement devant qui que ce soit. Il y a pourtant un formidable pouvoir dans chaque homme.

Le Vedanta est exactement cela. Son Dieu n'est pas le monarque assis sur un trône, complètement à part. Il y a ceux qui aiment leur Dieu de cette manière : un Dieu à craindre et à apaiser. Ils brûlent des cierges et rampent dans la poussière devant Lui. Il veulent un roi pour les gouverner : ils croient en un roi dans le ciel pour les gouverner tous. Au moins le roi est parti de ce pays. Maintenant, où est le roi des cieux ? Exactement là où se trouve le roi terrestre. Dans ce pays le roi est entré en chacun de vous. Vous êtes tous rois dans ce pays. De même en est-il avec la religion du Vedanta. Vous êtes tous Dieux. Un Dieu n'est pas suffisant. Vous êtes tous Dieux, dit le Vedanta.

Cela rend le Vedanta très difficile. Il n'enseigne pas du tout la vieille idée de Dieu. A la place de ce Dieu qui s'est assis au-dessus des nuages et règle les affaires du monde sans demander notre permission, qui nous a créés à partir de rien, simplement parce qu'il aimait çà et qui nous a fait subir toute cette misère simplement parce qu'Il aime çà, le Vedanta enseigne le Dieu qui est en chacun, qui est devenu chacun et tout le monde. Sa majesté le roi est parti de ce pays; le royaume des cieux est venu du Vedanta il y a des centaines d'années...

Qu'est-ce que l'idée de Dieu dans le cieux ? Du matérialisme. L'idée védantique est le principe infini de Dieu incarné dans chacun d'entre nous. Dieu assis sur un nuage ! Pensez au blasphème absolu qu'est cela ! C'est du matérialisme, du matérialisme absolu. Lorsque les bébés pensent de cette manière, çà peut aller, mais lorsque des hommes adultes tentent d'enseigner de telles choses, c'est absolument répugnant, voilà ce que c'est, c'est matière complète, complète idée de corps, idée grossière, idée des sens. Chaque morceau est de l'argile et rien que de l'argile. Est-ce que cela est religion ? Cà n'est pas plus de la religion que ne l'est la 'religion' superstitieuse de l'Afrique. Dieu est esprit et Il doit être adoré en esprit et en vérité. L'esprit ne vit-il que dans les cieux ? Qu'est-ce qui est esprit ? Nous sommes tout esprit. Pourquoi ne réalisons-nous pas cela ? Qu'est-ce qui vous rend différents de moi ? Le corps et rien d'autre. Oubliez le corps, et tout est esprit.

Ces choses sont ce que le Vedanta n'a pas à donner. Aucun livre. Aucun homme à isoler du reste de l'humanité : "Nous sommes des vers de terre et nous sommes le Seigneur Dieu !" - rien de cela ! Si vous êtes le Seigneur Dieu, je suis aussi le Seigneur Dieu. Ainsi le Vedanta ne connaît-il aucun péché. Il y a des erreurs mais pas de péché, et à long terme tout est appelé à aller bien. Aucun Satan :rien de ce non-sens. Le Vedanta ne croit que dans un péché, un seul dans le monde, et c'est celui-ci : le moment où vous pensez que vous êtes un pécheur ou que quelqu'un est un pécheur, c'est un péché. De cela s'ensuit toute autre erreur ou ce que l'on appelle habituellement péché. Il y a eu beaucoup d'erreurs dans nos vies; mais nous continuons. Gloire à nous que nous ayons fait des fautes ! Regardez longuement votre vie passée. Si votre état présent est bon, il a été causé par toutes les erreurs aussi bien que par tous les succès passés. Gloire au succès ! Gloire aux erreurs ! Ne regardez pas en arrière sur ce qui a été fait. Allez de l'avant !

Voyez-vous, le Vedanta ne propose aucun péché ni aucun pécheur. Aucun Dieu à craindre. Il est le seul être que nous ne craindrons jamais, parce qu'il est notre propre soi. Il n'y a qu'un être que vous ne pouvez pas craindre : c'est Celui-là. N'est-elle pas alors la personne la plus superstitieuse que celle qui a peur de Dieu ? Quelqu'un peut avoir peur de son ombre, mais il n'a pas peur de lui-même. Dieu est le soi même de tout homme. Il est l'unique être que nous ne pourrons jamais craindre. Qu'est-ce que tout ce non-sens, la peur du Seigneur qui entre dans un homme, qui le fait trembler, etc. ? Que le Seigneur nous bénisse de n'être pas tous dans un asile d'aliénés; mais si la plupart d'entre nous n'est pas lunatique, pourquoi devons-nous inventer de telles idées telles que la peur de Dieu ? Le Seigneur Buddha a dit que la race humaine entière était lunatique, plus ou moins. Il a parfaitement raison, à ce qu'il semble.

Aucun livre, aucune personne, aucun Dieu personnel. Toutes ces choses doivent disparaître. D'ailleurs, les sens doivent disparaître. Nous ne pouvons être esclaves des sens. Nous sommes à présent immobilisés, comme des personnes qui meurent de froid sur les glaciers. Elles ressentent une telle envie de dormir, et lorsque leurs amis tentent de les réveiller, les prévenant de la mort, elles disent : "Laissez-moi mourir, je veux dormir." Nous nous attachons tous aux petites choses des sens, même si de ce fait nous sommes ruinés; nous oublions qu'il y a des choses bien plus grandes ...

Qu'est-ce que le Vedanta nous enseigne ? D'abord, il nous enseigne que vous n'avez même pas besoin de sortir de vous-mêmes pour trouver la vérité. Tout le passé et tout l'avenir sont ici dans le présent. Aucun homme n'a jamais vu le passé. Quelqu'un d'entre vous a-t-il vu le passé ? Lorsque vous pensez que vous connaissez le passé, vous ne faites que vous imaginer le passé dans le moment présent. Pour voir l'avenir, vous devriez l'amener dans le présent, qui est la seule réalité : le reste est imagination. Le présent est tout ce qui est. Il n'y a que l'Un. Tout est ici tout de suite. Un moment dans le temps infini est tout aussi complet et tout-incluant que tout autre moment. Tout ce qui est, fut et sera est ici dans le présent. Que quelqu'un essaie d'imaginer quelque chose en dehors de lui, il ne réussira pas.

Quelle religion peut peindre un paradis qui n'est pas comme cette terre ? Et c'est de l'art pur, seulement cet art nous est fait connaître graduellement. Avec cinq sens, nous regardons ce monde et le trouvons grossier, avec de la couleur, de la forme, du son et autres. Supposez que je développe un sens électrique : tout va changer. Supposez que mes sens s'affinent : vous apparaîtrez tous changés. Si je change, vous changez. Si je vais au-delà du pouvoir des sens, vous apparaîtrez comme esprit et Dieu. Les choses ne sont pas ce qu'elles semblent ...

C'est pourquoi le Vedanta n'exprime pas la fraternité universelle, mais l'unité universelle ...

Pourquoi ne puis-je pas la ressentir ? A cause de cette individualité, de cette malpropreté égoïste.

Quel est le bénéfice ? Le corps de cochon est dur à abandonner; nous sommes désolés de perdre le plaisir de notre petit corps de cochon individuel ! Le Vedanta ne dit pas 'abandonnez-le', il dit : 'transcendez-le'. Aucun besoin d'ascétisme, mieux vaudrait le plaisir de deux corps, mieux de trois. Vivre dans plus de corps qu'un seul ! Quand je peux jouir au-travers de l'univers entier, l'univers entier est mon corps.

Il y en a beaucoup qui se sentent horrifiés lorsqu'ils entendent ces enseignements. Il n'aiment pas qu'on leur dise qu'ils ne sont pas que des petits corps de cochon, créés par un Dieu tyran. Je leur dis : "Montez !" Ils disent qu'ils sont nés dans le péché, qu'ils ne peuvent pas monter si ce n'est par la grâce de quelqu'un. Je dis : "Vous êtes divins !" Ils répondent : "Blasphémateur, comment osez-vous parler ainsi ? Comment une créature misérable pourrait-elle être Dieu ? Nous sommes des pécheurs !" Je me sens parfois très fortement découragé. Des centaines d'hommes et de femmes me disent : "S'il n'y a pas d'enfer, comment peut-il y avoir une religion ?" Si ces gens vont en enfer de leur propre volonté, qui peut les en empêcher ?

Tout ce que vous rêvez et pensez, vous le créez. Si c'est l'enfer, vous mourez et voyez l'enfer. Si c'est le mal et Satan, vous obtenez un Satan. Si ce sont des fantômes, vous avez des fantômes. Tout ce que vous pensez, vous le devenez. Si vous devez penser, ayez de bonnes pensées, de grandes pensées. Prendre pour garanti que vous êtes de faibles petits vers de terre ! En déclarant que nous sommes faibles nous devenons faibles; nous ne devenons pas meilleurs. Supposons que nous retirions la lampe, que nous fermions les fenêtres et que nous disions que la pièce est sombre. Pensez au non-sens ! Quel bien cela peut-il me faire de dire que je suis un pécheur ? Si je suis dans l'obscurité, laissez-moi allumer une lampe. La chose totale est faite. Combien pourtant est curieuse la nature des hommes ! Bien que toujours conscients que le mental universel est derrière leur vie, ils pensent plus à Satan, aux ténèbres et aux mensonges. Vous leur dites la vérité, ils ne la voient pas; ils préfèrent l'obscurité.

Cela forme l'unique grande question posée par le Vedanta : Pourquoi les gens ont-ils si peur ? La réponse est qu'ils se sont rendus eux-mêmes impuissants et dépendants des autres. Nous sommes si paresseux, nous ne voulons rien faire pour nous-mêmes. Nous voulons un Dieu personnel, un sauveur ou un prophète pour tout faire pour nous. L'homme très riche ne marche jamais, il va toujours en voiture; mais au cours des années, il se réveille un jour complètement paralysé. Il commence alors à ressentir que la manière dont il a vécu n'était après tout pas bonne. Aucun homme ne peut marcher pour moi. A chaque fois qu'on l'a fait, c'était à mon préjudice. Si tout est fait pour un homme par un autre, il perdra l'utilisation de ses propres organes. Tout ce que nous faisons nous-mêmes, c'est la seule chose que nous fassions. Tout ce qui est fait par d'autres pour nous ne peut jamais être nôtre. Vous ne pouvez pas apprendre de vérités spirituelles à partir de mes conférences. Si vous avez appris quelque chose, ce n'est que l'étincelle qui a jailli, qui a produit un éclair. C'est tout ce que peuvent faire les prophètes et les maîtres. Toute cette course après de l'aide, c'est de la folie...

Qu'est le Dieu du Vedanta ? Il est principe, non personne. Vous et moi sommes tous des Dieux personnels. Le Dieu absolu de l'univers, le créateur, conservateur et destructeur de l'univers est principe impersonnel. Vous et moi, le chat, le rat, le démon et le fantôme, tous sont ses personnes, tous sont des Dieux personnels. Vous voulez adorer des Dierx personnels. C'est l'adoration de votre propre soi...

Dieu est l'être infini, impersonnel, toujours existant, immuable, immortel, sans peur, et vous êtes tous Ses incarnations, Ses personnifications. C'est le Dieu du Vedanta et Son paradis est partout. Dans ce paradis résident tous les Dieux personnels qui existent : vous vous-mêmes.

La vérité infinie n'est jamais à acquérir. Elle est tout le temps ici, immortelle et non née. Lui, le Seigneur de l'univers, est en chacun. Il n'existe qu'un temple : le corps. C'est le seul temple qui ai jamais existé. Il réside dans ce corps, le Seigneur des âmes et le Roi des rois. Nous ne voyons pas cela, aussi faisons-nous de Lui des images de pierres et construisons-nous des temples au-dessus...

Adorez tout comme étant Dieu, toute forme est Son temple. Tout le reste est illusion. Regardez toujours à l'intérieur, jamais au-dehors. Tel est le Dieu que prêche le Vedanta et telle est Son adoration. Il n'y a naturellement aucune secte, aucune croyance, aucune caste dans le Vedanta...

Quel est le but ? Cela dont j'ai parlé, le Vedanta, n'est pas une nouvelle religion. Elle est si ancienne, aussi ancienne que Dieu Lui-même. Elle n'est pas restreinte à un temps et à un endroit, elle est partout. Tout le monde connaît cette vérité. Nous allons tous vers sa compréhension. Le but de l'univers est cela. Cela s'applique même à la nature extérieure : chaque atome se précipite vers ce but. Et pensez-vous qu'une des pures âmes infinies soient laissées sans connaissance de la vérité suprême ? Toutes l'ont, toutes vont au même but : la découverte de leur Divinité intérieure. Le maniaque, le meurtrier, l'homme superstitieux, l'homme qui est lynché dans ce pays, tous voyagent vers le même but. Simplement ce que nous faisons sans le savoir nous devons le faire sciemment, et mieux.

L'unité de toute existence : vous l'avez tous déjà en vous. Nul n'est jamais né sans. Bien que vous puissiez la nier, elle s'affirme continuellement. Qu'est-ce que l'amour humain ? C'est plus ou moins une affirmation de cette unité : "Je suis un avec toi, ma femme, mon enfant, mon ami !" Seulement vous affirmez l'unité de manière ignorante. "Nul n'a jamais aimé le mari par amour du mari, mais par amour du Soi qui est dans le mari" (1) La femme trouve l'unité là. Le mari se voit dans l'épouse : il le fait instinctivement, mais il ne peut le faire en le sachant, consciemment.

L'univers entier est une seule existence. Il ne peut y avoir rien d'autre (2). A partir de ces diversités nous allons tous vers cette existence universelle. De familles en tribus, de tribus en races, de races en nations, de nations en l'humanité, combien de volontés allant vers l'Un ! C'est toute connaissance, toute science : la réalisation de cette unité.

L'unité est connaissance, la diversité est ignorance. Cette connaissance est votre droit de naissance.

Ce Vedanta est partout, vous devez seulement en devenir conscients.

Si le Vedanta, cette connaissance consciente que tout est un unique esprit, se répand, l'humanité entière deviendra spirituelle. Mais est-ce possible ? Je ne sais pas. Pas avant des milliers d'années. Les vieilles superstitions doivent s'en aller. Vous êtes tous intéressés par la manière de perpétuer toutes vos superstitions. Alors, il y a les idées de famille, de caste, de nation. Toutes ces barrières à la réalisation du Vedanta. La religion a été religion pour très peu.

La plupart de ceux qui ont travaillé dans le domaine de la religion partout dans le monde ont véritablement été des travailleurs politiques. Cà a été l'histoire des êtres humains. Ils ont rarement essayé de vivre sans compromis selon les principes de la vérité. Ils ont toujours adoré le dieu appelé société; ils ont toujours été principalement intéressés à soutenir ce en quoi les masses croyaient : leurs superstitions, leurs faiblesses. Ils n'essayent pas de conquérir la nature mais de s'adapter à la nature, rien d'autre. Allez en Inde et prêchez une nouvelle croyance, ils ne l'écouteront pas. Mais si vous leur dites qu'elle vient des Vedas : "C'est bien !" diront-ils. Je prêche ici cette doctrine et vous, combien d'entre vous m'écoutent-ils sérieusement ? Mais tout ceci est la vérité, et je dois vous dire la vérité...

Christ a dit : "Mon Père et moi sommes un.", et vous le répétez. Cela n'a pourtant pas aidé le genre humain. Pendant dix neuf cents ans les hommes n'ont pas compris cette parole. Ils font de Christ le sauveur des hommes. Il est Dieu et nous sommes des vers de terre ! De la même manière, en Inde, dans tout pays, ce genre de croyance est la colonne vertébrale de toute secte. Pendant des milliers d'années, on a enseigné à des millions et des millions à adorer le Seigneur du monde, les Incarnations, les sauveurs, les prophètes. On leur a enseigné à se considérer comme des créatures impuissantes, misérables et à dépendre pour leur salut de la miséricorde d'une personne ou de personnes. Il y a sans aucun doute beaucoup de choses merveilleuses dans de telles croyances. Mais même à leur meilleur niveau, elles ne sont que des jardins d'enfants de la religion et elles n'ont aidé que peu. Les hommes sont encore hypnotisés en une dégradation abjecte. Il y a cependant certaines âmes fortes qui franchissent cette illusion. L'heure vient où de grands hommes apparaîtront et rejetteront ces jardins d'enfants de la religion et rendront la véritable religion vivace et puissante; l'adoration de l'esprit par l'esprit.