Swami VIVEKANANDA

LE VEDANTA

 

(Donnée à Lahore (alors encore partie de l'Inde) le 12 novembre, 1897)

(traduction : Gaura Krishna)

 

 

Il y a deux mondes dans lesquels nous vivons, l'un l'intérieur, l'autre l'extérieur. Depuis les temps jadis, les progrès humains ont été accomplis pratiquement selon des lignes parallèles le long de ces deux mondes. La recherche a commencé à l'extérieur, et l'homme a d'abord voulu obtenir des réponses de la nature extérieure. L'homme voulait satisfaire sa soif de beau et de sublime à partir de tout ce qui l'entourait; il voulait s'exprimer et tout était en lui dans le langage du concret; et grandes furent en vérité les réponses qu'il a obtenues, de très merveilleuses idées de Dieu et de culte, et des expressions très extatiques du beau. De sublimes idées sont en vérité venues du monde extérieur. Mais l'autre, s'ouvrant plus tard pour l'humanité, déployait devant lui un univers encore plus sublime, encore plus beau, et infiniment plus expansif. Dans le Karma Kanda des Vedas, nous voyons inculquées les plus merveilleuses idées sur la religion, nous voyons les plus merveilleuses idées sur un Créateur, Conservateur et Destructeur de l'Univers qui règne sur tout qui nous sont présentées dans un langage qui est quelquefois le plus émouvant. La plupart d'entre vous se rappelle peut-être le très merveilleux Shloka du Rig-veda Samhita où vous avez la description du chaos, peut être la plus sublime qui ait jamais encore été tentée. Malgré tout cela, nous voyons que ce n'est qu'une peinture du sublime à l'extérieur, nous voyons que c'est encore grossier, que quelque chose de la matière s'attache encore à lui. Pourtant nous voyons que c'est seulement l'expression de l'Infini dans le langage de la matière, dans le langage du fini, c'est l'infini des muscles et non l'infini du mental; c'est l'infini de l'espace et non celui de la pensée. Aussi dans la seconde partie du Jnana Kanda, nous voyons qu'il y a une procédure tout à fait différente. La première était une recherche des vérités de l'univers dans la nature extérieure ; c'était une tentative pour trouver la solution des profonds problèmes de la vie à partir du monde matériel. [Sanskrit] :"De qui ces Himalayas déclarent la gloire." Cela est une grande idée, mais elle n'est pourtant pas assez grande pour l'Inde. Le mental indien dut se replier et la recherche prit une direction tout à fait différente ; de l'extérieur la recherche est allée à l'intérieur, de la matière elle est allée à l'esprit. Là s'élève le cri : " Quand un homme meurt, que devient-il de lui ? " [Sanskrit] : "Certains disent qu'il existe, d'autres qu'il est parti; dites, Ô roi de la Mort, quelle est la vérité ? " Nous trouvons là une procédure entièrement différente. Le mental indien avait obtenu tout ce qu'il pouvait être obtenu à parti du monde extérieur,mais il ne s'en est pas senti satisfait ; il voulait chercher plus loin, plonger dans son âme propre, et la réponse finale est venue.

Upanishads, ou Vedanta, ou Aranyakas, ou Rahasya est le nom de cette portion des Vedas. Nous y voyons d'abord que la religion s'est débarrassée des formalités extérieures. Nous y voyons d'abord que les choses spirituelles ne sont pas dites dans le langage de la matière, mais dans le langage de l'esprit ; le superfin dans le langage du superfin. Plus du tout de grossier qui y soit attaché, il n'y a plus aucun compromis avec les choses d'intérêt matériel. Hardis, courageux, au-delà de la conception actuelle se tiennent les esprits géants des sages des Upanishads, qui déclarent les vérités les plus nobles qui ont jamais été prêchées à l'humanité, sans aucun compromis, sans aucune peur. Cela, chers compatriotes, je veux l'exposer devant vous. Même le Jnana Kanda des Vedas est un vaste océan; de nombreuses vies sont nécessaires pour en comprendre même un peu. Ramanuja a dit juste en disant des Upanishads qu'elles étaient la tête, les épaules et la crête des, et assez sûrement les Upanishads sont devenues la Bible de l'Inde moderne. Les hindous ont le plus grand respect pour le Karma Kanda des Vedas, mais, pour tous les desseins pratiques, nous savons que pendant des âges Shruti voulait dire les Upanishads, et les Upanishads seulement. Nous savons que tous nos grands philosophes, que ce soit Vyasa, Patanjali ou Gautama, et même le père de toute philosophie, le grand Kapila lui-même, toutes les fois qu'ils voulaient une autorité pour ce qu'ils écrivaient, chacun d'entre eux la voyait dans les Upanishads et nulle part ailleurs car en elles sont les vérités qui demeurent pour toujours.

Il y a des vérités qui ne sont varies que dans une certaine ligne, une certaines directions, dans certains circonstances ou à certaines époques; elles se fondent sur les institutions des temps. Il y a des vérités qui sont basées sur la nature de l'homme lui-même et qui doivent durer aussi longtemps que l'homme durera lui-même. Celles-là sont les seules vérités qui peuvent être universelles, et en dépit de tous les changements qui se sont produits en Inde, comme en ce qui concerne notre environnement social, nos habitudes vestimentaires, notre manière de manger, nos modes de culte, ces vérité universelles des Shrutis, les merveilleuses idées védantiques, se détachent dans leur propre sublimité, immuables, invincibles, sans mort et immortelles. Pourtant les germes de toutes les idées qui furent développées dans les Upanishads avaient déjà été enseignés dans le Karma Kanda. L'idée du Cosmos que toutes les sectes de Védantistes ont du considérées comme admises, la psychologie qui a formée la base commune de toutes les écoles indiennes de pensée, y a déjà été élaborée et présentée devant le monde. C'est pourquoi il est nécessaire de dire quelques mots sur le Karma Kanda avant de commencer la portion spirituelle, le Vedanta; et je dois tout d'abord expliquer le sens dans lequel j'utilise le mot Vedanta.

Il y a malheureusement dans l'Inde moderne la notion erronée que le mot Vedanta ne fait référence qu'au système de l'Advaita; mais vous devez toujours vous souvenir que dans l'Inde moderne les trois Prasthanas sont considérés comme également importants dans l'étude de tous les systèmes religieux. Il y a tout d'abord les Révélations, les Shrutis, par quoi j'entends les Upanishads. Deuxièmement, parmi nos philosophies, les Sutras de Vyasa ont la plus grande proéminence du fait qu'ils sont l'achèvement de tous les systèmes de philosophie précédents. Ces systèmes ne sont pas en contradictions les uns les autres mais l'un est basé sur l'autre et il y a un déploiement graduel du thème qui culmine dans les Sutras de Vyasa. Ensuite, entre les Upanishads et les Sutras, qui sont la systématisation des merveilleuses idées du Vedanta, vient la Gita, le commentaire divin du Vedanta.

Aussi les Upanishads, les Vyasa-Sutras et la Gita ont-ils été adoptés par tout secte qui, en Inde, veut prétendre être une autorité en ce qui concerne l'orthodoxie, qu'elle soit dualiste, ou Vishishtadvaitiste ou Advaitiste; les autorités de chacune d'elles sont les trois Prasthanas. Nous voyons qu'un Shankaracharya, ou un Ramanuja, ou un Madhvacharya, ou un Vallabhacharya, ou un Chaitanya - quiconque veut proposer une nouvelle secte - doit adopter ces trois systèmes et doit n'écrire sur eux qu'un seul nouveau commentaire. Il serait donc faux de confiner le mot Vedanta à un seul système qui est apparu à partir des Upanishads. Tous ces systèmes sont couverts par le mot Vedanta. Le Vishishtadvaitiste a autant le droit d'être appelé Védantiste que l'Advaitiste; de fait j'irai un peut plus loin et je dirai que ce que nous entendons réellement par le mot Hindu est réellement la même chose que ce que nous entendons par le mot Védantiste. Je veux que vous notiez que ces trois systèmes ont été en cours en Inde pratiquement depuis des temps immémoriaux ; car vous ne devez pas croire que Shankara a été l'inventeur du système Advaita. Il existait des âges avant que Shankara soit né; il n'a été que l'un de ses derniers représentants. De même pour le système Vishishtadvaita; il existait des âges avant que Ramanuja n'apparaisse, comme nous le savons déjà à partir des commentaires qu'il a écrits; de même pour les systèmes dualistes qui ont existé côte à côte avec les autres. Et avec mon petit savoir, j'en suis venu à la conclusion qu'ils ne se contredisent pas les uns les autres.

Tout comme dans le cas des six Darshanas nous voyons qu'il y a un déploiement graduel des grands principes dont la musique, qui commence loin en arrière avec les douces notes basses, se termine dans le triomphant éclat de Advaita, nous voyons de même dans ses trios systèmes l'élévation graduelle du mental humain vers des idéaux de plus en plus grands jusqu'à ce que tout s'unisse dans cette merveilleuse unité qui est atteinte dans le système Advaita. Aussi ces trois systèmes ne sont-ils pas contradictoires. Je suis d'un autre côté porté à vous dire que cela a été une erreur commise par plus que quelques-uns. Nous voyons qu'un enseignant advaitiste garde intacts ces textes qui enseignent particulièrement l'Advaitisme et qu'il essaie d'interpréter les textes dualistes ou non-dualistes qualifiés à sa propre façon. Nous voyons de la même manière des enseignants dualistes tenter de lire leur signification dualiste dans des textes advaitistes. Nos Gurus étaient de grands hommes, il y a pourtant un dicton : "On doit dire même les fautes d'un Guru." Mon opinion est qu'ils ne se sont trompés qu'en cela. Nous n'avons pas besoin de torturer les textes, nous n'avons pas besoin de faire une sorte de malhonnêteté religieuses, nous n'avons pas besoin de recourir à une sorte de baliverne grammaticale, nous n'avons pas besoin d'essayer de mettre nos propres idées dans des textes qui n'ont jamais été faits pour elles, mais le travail est clair et devient plus facile une fois que vous comprenez la doctrine merveilleuse d'Adhikarabheda.

C'est vrai que les Upanishads ont cet unique thème devant eux : [Sanskrit] " Qu'est cela par la connaissance de quoi nous connaissons toutes les autres choses ? " En langage moderne, le thème des Upanishads est de trouver l'unité ultime des choses. La connaissance n'est rien d'autre que de trouver l'unité au milieu de la diversité. Toute science est basée là-dessus; toute connaissance humaine est basée sur le fait de trouver l'unité au sein de la diversité; et si c'est la tâche de petits fragments de savoir humain que nous appelons nos sciences de trouver l'unité au sein de quelques phénomènes différents, la tâche devient prodigieuse quand le thème qui est devant nous est de trouver l'unité au sein de cet univers merveilleusement diversifié où prévalent d'innombrables différences dans le nom et la forme, en matière et en esprit - chaque pensée différant de toute autre pensée, chaque forme différent de tout autre forme. Pourtant, harmoniser ces nombreux plans et ces Lokas sans fin, au sein de cette variété infinie pour trouver l'unité est le thème des Upanishads. D'un autre côté, la vieille idée d'Arundhati Nyaya s'applique. Pour montrer la mince étoile Arundhati à un homme, on prend la grande étoile brillante qui est la plus proche d'elle et on lui demande de fixer les yeux dessus d'abord, puis il devient très facile de diriger sa vue sur Arundhati. C'est la tâche qui est devant nous, et pour vous prouver mon idée je dois simplement vous montrer les Upanishads, et vous la verrez. Presque chaque chapitre commence avec l'enseignement dualiste, Upasana. Dieu est d'abord enseigné comme quelqu'un qui est le Créateur de cet univers, son Conservateur, et auquel à la fin vont toutes choses. Il est celui qui doit être adoré, le Gouverneur, le Guide de la nature, extérieure et intérieure, pourtant apparaissant comme s'Il était en dehors de la nature et extérieur. Une étape plus loin et nous voyons le même enseignant enseigner que cde Dieu n'est pas en dehors de la nature, mais immanent dans la nature. One step further, and we find the same teacher teaching that this God is not outside of nature, but immanent in nature. Et à la fin les deux idées sont abandonnées et tout ce qui est réel est Lui; il n'y a aucune différence. [Sanskrit] : "Svetaketu, Tu es Cela" Cet Un Immanent est à la fin déclaré être le même que ce qui est l'âme en l'homme. Il n'y a ici aucun compromis ; il n'y a ici aucune peur de l'opinion des autres. La Vérité, l'audacieuse vérité a été enseignée dans un langage audacieux et nous n'avons pas à avoir peur de prêcher la vérité aujourd'hui dans le même langage audacieux et, par la grâce de Dieu, j'espère au moins être un qui ose être ce prêcheur audacieux.

Revenons-en à nos préliminaires. Il y a deux choses à comprendre : l'une, l'aspect psychologique commun à toutes les écoles védantiques, et l'autre, l'aspect cosmologique ? Je vais d'abord prendre le dernier. Nous voyons aujourd'hui des découvertes merveilleuses de la science moderne venir sur nous comme des coups de foudre, nous ouvrir les yeux à des merveilles dont nous n'avions jamais rêvé. Mais beaucoup de ces découvertes ne sont que des re-découvertes de ce qui avait été trouvé il y a des âges. Ce n'est qu'hier que la science moderne a trouvé que même au sein de la variété des forces il y avait unité. Elle a juste découvert que ce qu'elle appelle chaleur, magnétisme, électricité et ainsi de suite sont tous convertibles en une seule force unitaire, et en tant que telle, elle exprime toutes ces choses, quelque soit le nom que vous voulez lui donner. Mais cela a été fait même dans le Samhita; vieux et ancien qu'il est, nous y rencontrons cette même idée de force à laquelle je me référais. Toutes ces forces, que vous les appeliez gravitation, attraction ou répulsion, qu'elles s'expriment comme chaleur, électricité ou magnétisme, ne sont rien que les variations de cette énergie unitaire. Qu'elles s'expriment comme pensée, réfléchies à partir de l'Antahkarana, les organes internes de l'homme, ou comme action à partir d'un organe externe, l'unité dont elles jaillissent est ce que l'on appelle Prana. De plus, qu'est-ce que le Prana ? Le Prana est Spandana ou vibration. Lorsque tout cet univers se sera résorbé en cet état originel, que deviendra-t-il de cette force infinie ? Pensent-ils qu'elle va s'éteindre. Bien sur que non. Si elle s'éteignait, quelle serait la cause de la vague suivante, parce que le mouvement se fait sous formes de vague, qui montent, qui s'affaissent, qui s'élèvent encore et qui s'affaissent de nouveau ? Voici le mot Srishti, qui exprime l'univers. Notez que ce mot ne veut pas dire création. Je suis impuissant en parlant anglais; je dois traduire les mots sanskrits du mieux que je peux. C'est Srishti, projection. A la fin d'un cycle, tout devient de plus en plus subtil et se résorbe dans l'état original dont il avait jailli, et il y reste en repos pendant un moment, prêt à jaillir de nouveau. C'est Srishti, projection. Et que devient-il de toutes ces forces, les Pranas ? Ils se résorbent dans le Prana primordial, et ce Prana devient pratiquement immobile - pas complètement immobile ; et c'est ce qui est décrit dans le Sukta védique : "Il vibrait sans vibrations " - Anidavatam. Il y a beaucoup de phrases techniques dans les Upanishads qui sont difficiles à comprendre. Par exemple, prenez ce mot Vata; de nombreuses fois il signifie air et de nombreuses fois il signifie mouvement, et souvent les gens prennent l'un pour l'autre. Nous devons y prendre garde. Et qu'advient-il de ce que vous appelez matière ? Les forces imprègnent toute matière, elles se dissolvent toutes en, duquel elles sortent de nouveau ; cet Akasha est la matière primordiale. Que vous le traduisiez éther ou autre, l'idée est que cet Akasha est la forme primordiale de la matière. Cet Akasha vibre sous l'action de Prana, et quand la Srishti suivante s'élève, au fur et à mesure que la vibration s'accélère, cet Akasha est fouetté en toutes ces formes de vagues que nous appelons soleils, lunes et systèmes.

Nous lisons encore : [Sanskrit] "Tout dans cet univers a été projeté, Prana vibrant." Vous devez noter le mot Ejati, parce qu'il vient d'Eja - vibrer. Nihsritam - projeté. Yadidam Kincha - tout dans cet univers.

Ceci est une partie du côté cosmologique. Il y a de nombreux détails qui y sont incorporés. Par exemple comment le processus prend place, comment il y a d'abord l'éther, et comment de l'éther viennent les autres choses, comment cet éther commence à vibrer, et comment Vayu en vient. Mais l'unique idée ici est que c'est de ce qui est plus subtil qu'est apparu ce qui est plus grossier. La matière grossière est la dernière à émerger et elle est la plus extérieure, et cette matière grossière avait avant elle la matière plus subtile. Nous voyons pourtant que toute la chose a été résorbée en deux mais qu'il y a pas encore d'unité finale. Il y a l'unité de la force, Prana; il y a l'unité de la matière, appelée Akasha. Y a-t-il encore une unité à trouver entre elles ? Peuvent-elles s'unir en une seule ? Notre science moderne est ici muette, elle n'a pas encore trouvé de sortie; et pour en sortir, tout comme elle a lentement découvert le même vieux Prana et le même ancien elle devra se mouvoir en suivant les mêmes lignes.

L'unité suivante est l'omniprésent Être impersonnel connu par son vieux nom mythologique comme, Brahma à quatre têtes, et psychologiquement appelé Mahat. C'est là où les deux s'unissent. Ce que nous appelons notre mental n'est qu'un morceau de ce Mahat pris au piège du cerveau, et la somme totale de tous les mentaux pris dans les mailles des cerveaux est ce que vous appelez Samashti, l'agrégat, l'universel. L'analyse devait aller plus loin; elle n'était pas encore complète. Là chacun de nous était pour ainsi dire un microcosme, et le monde pris entièrement est le macrocosme. Mais quoi que ce soit qui est dans le Vyashti, le particulier, nous pouvons supposer avec certitude qu'une chose semblable se produit aussi en dehors. Si nous avions le pouvoir d'analyser notre propre mental, nous pourrions supposer avec certitude que la même chose se produit dans le mental cosmique. La question est ce qu'est ce mental. A l'époque moderne, dans les pays occidentaux, alors que la science fait de rapides progrès, alors que la physiologie conquiert pas à pas les citadelles des vieilles religions, les occidentaux ne savent pas où se tenir, parce qu'à leur grand désespoir la physiologie moderne a identifié à chaque pas le mental au cerveau. Mais nous en Inde l'avions toujours sur. C'est la première proposition que le petit hindou apprend, que le mental est de la matière, seulement plus subtile. Le corps est grossier, et derrière le corps il y a ce que nous appelons le Sukshma Sharira, le corps subtil, ou mental. C'est aussi matériel, seulement c'est plus subtil, et çà n'est pas l'Atman.

Je ne vais pas vous traduire ce mot en anglais, parce que l'idée n'existe pas en Europe; elle est intraduisible. La tentative moderne des philosophes allemands est de traduire le mot Atman par le mot "Soi", et jusqu'à ce que le mot soit accepté universellement, il est impossible de l'utiliser. Alors appelez le Soi ou n'importe quoi, c'est notre Atman. Cet Atman est l'homme réel qui est derrière. C'est l'Atman qui utilise le mental matériel comme instrument, son Antahkarana, qui est le terme psychologique pour le mental. Et le mental, par le biais d'une série d'organes internes, fait fonctionner les organes visibles du corps. Qu'est-ce que c'est que ce mental ? Ce n'est qu'hier que les philosophes occidentaux en sont venus à savoir que les yeux ne sont pas les vrais organes de la vision, mais qu'il y avait d'autres organes derrière, les Indriyas, et que si ceux-ci sont détruits, l'homme pourrait avoir mille yeux, comme Indra, mais il n'y aurait pour lui aucune vue. Mais oui, notre philosophie commence avec ce postulat que ce que l'on entend pas vision n'est pas la vision extérieure. La véritable vision appartient aux organes internes, les centres du cerveau à l'intérieur. Vous pouvez les appeler comme vous voulez, mais les Indriyas ne sont pas les yeux ni le nez ni les oreilles. Et la somme totale de tous ces Indriyas plus le Manas, la Buddhi, la Chitta, l'Ahamkara, etc., est ce que nous appelons le mental, et si le physiologiste moderne vient vous dire que le cerveau est ce que l'on appelle le mental et que le cerveau est formé de tant d'organes, vous n'avez pas du tout à avoir peur; dites-lui que vos philosophes l'ont toujours su; c'est l'un des tout premiers principes de votre religion.

Eh bien nous devons maintenant comprendre ce que l'on entend par ces Manas, Buddhi, Chitta, Ahamkara, etc. Prenons tout d'abord Chitta. C'est la substance du mental - une partie du Mahat - c'est le nom générique pur le mental lui-même, y compris tous ses différents états. Supposez qu'un soir d'été il y ait un lac, lisse et calme, sans une ride à la surface. Et supposez que quelqu'un jette une pierre dans ce lac. Qu'arrive-t-il ? Il y a d'abord l'action, le coup donné à l'eau; ensuite l'eau s'élève et envoie une réaction vers la pierre, et cette réaction prend la forme d'une vague. D'abord l'eau vibre un peu et elle renvoie immédiatement une réaction sous forme de vague. Comparons la Chitta à ce lac, et les objets extérieurs sont comme les pierres qui y sont jetées. Dès qu'elle vient en contact avec un objet extérieur par le biais de ces Indriyas - les Indriyas doivent être là pour porter ces objets extérieurs à l'intérieur - il se produit une vibration, ce que l'on appelle Manas, indécis. Il y a ensuite une réaction, la faculté déterminative, Buddhi, et avec cette Buddhi brille l'idée de Aham et l'objet extérieur. Supposez qu'il y ait un moustique sur ma main. Cette sensation est portée à ma Chitta et elle vibre un peu; c'est le Manas psychologique. Puis il y a une réaction, et immédiatement apparaît l'idée que j'ai un moustique sur la main et que je vais devoir l'en chasser. Ainsi ces pierres sont lancées dans le lac, mais dans le cas du lac tout coup qu'il reçoit vient du monde extérieur, tandis que dans le cas du lac du mental, les coups peuvent venir ou du monde extérieur ou du monde intérieur. Toute cette collection est ce que l'on appelle l'Antahkarana.

Avec cela nous devons comprendre une chose supplémentaire qui nous aidera plus tard pour la compréhension du système Advaita. C'est ceci. Vous devez tous avoir vu des perles et la plupart d'entre vous savent comment se forment les perles. Un grain de sable pénètre dans la coquille de l'huître perlière et il y crée une irritation, et le corps de l'huître réagit à l'irritation et elle couvre la petite particule de son propre suc. Cà cristallise et çà forme la perle. Eh bien l'univers entier est comme cela, il est la perle qui est formée par nous. Ce que nous recevons du monde extérieur n'est que le coup. Nous devons même réagir pour être conscient de ce coup, et dès que nous réagissons nous projetons réellement une partie de notre propre mental vers le coup, et quand nous venons à le savoir, c'est en réalité notre propre mental du fait qu'il a été formé par le coup. Il est donc clair, même pour ceux qui veulent croire dans un réalisme sec du monde extérieur, qu'ils ne peuvent qu'admettre en ces jours de physiologie, qu'en supposant que nous représentions le monde extérieur par "x", ce que nous connaissons réellement est "x" plus le mental, et cet élément-mental est si grand qu'il a recouvert l'entièreté de cet "x" qui est resté tout le temps inconnu et inconnaissable ; et donc, s'il y a un monde extérieur, il est toujours inconnu et inconnaissable. Ce que nous en connaissons est comme forge, formé, façonné par notre propre mental. De même avec le monde intérieur. La même chose s'applique à notre propre âme, l'Atman. Pour connaître l'Atman nous devons la connaître par le biais du mental; et donc de peu que nous connaissons de cet Atman n'est qu' l'Atman plus le mental. Ce qui veut dire que l'Atman est recouvert, façonné et forgé par le mental, et rien de plus. Nous reviendrons là-dessus un peu plus tard, mais nous nous souviendrons de ce qui vient d'être dit.

La chose suivante à comprendre est celle-ci. La question est apparue que ce corps est le nom d'un courant continu de manière - nous y ajoutons de la matière à tout moment, et à tout moment il rejette de la matière - comme une rivière qui coule continuellement, de grandes quantités d'eau changent constamment de place; pourtant nous acceptons tous de la même façon la chose entière en imagination et nous l'appelons la même rivière. Qu'est-ce que nous appelons rivière ? L'eau change à tout moment, la rive change, l'environnement change à chaque instant, alors qu'est-ce que la rivière ? C'est le nom d'une série de changements. De même pour le mental. C'est la grande doctrine Kshanika Vijnana Vada, très difficile à comprendre, mais élaborée de la manière la plus rigoureuse et la plus logique dans la philosophie bouddhiste; et cela est apparu en Inde en opposition à une partie du Vedanta. On devait y répondre et nous verrons plus tard seul l'Advaitisme pouvait y répondre et rien d'autre. Nous verrons aussi comment, en dépit des notions curieuses des gens sur l' Advaitisme, c'est le salut du monde, parce que là seulement il est possible d'y trouver la raison des choses. Le dualisme et autres " isms " sont de très bons instruments de culte, très satisfaisants pour le mental et ils ont peut-être aidé le mental à aller de l'avant; mais si l'homme veut être rationnel et religieux en même temps, l'Advaita est pour lui le seul système au monde. Bien, nous allons maintenant envisager le monde comme une rivière similaire, se remplissant à un bout et se vidant à l'autre bout. Où est cette unité que nous appelons l'Atman? L'idée est celle-ci, qu'en dépit de ce changement continuel dans le corps, et en dépit du changement continuel dans le mental, il y a en nous quelque chose qui ne change pas, qui fait que nos idées des choses semblent ne pas changer. Quand des rayons de lumière qui viennent de régions différentes tombent sur un écran ou sur un mur ou sur quelque chose qui ne change pas, alors et alors seulement est-il possible pour eux de former une unité, alors et alors seulement est-il possible pour eux de former un tout complet. Où se trouve cette unité dans les organes humains, en tombant sur quoi, pour ainsi dire, les différentes idées viendront à l'unité et deviendront un tout complet ? Cela ne peut certainement être le mental lui-même, voyant qu'il change aussi. Cela doit donc être quelque chose qui n'est ni le corps ni le mental, quelque chose qui ne change pas, quelque chose de permanent, sur lequel toutes nos idées, toutes nos sensations tombent pour former une unité et un tout complet; et c'est l'âme réelle, l'Atman de l'homme. Et voyant que tout ce qui est matériel, que vous l'appeliez matière subtile, ou mental, doit être changeant, voyant que ce que vous appelez matière grossière, le monde extérieur, dot aussi être changeant en comparaison à cela - ce quelque chose d'inchangeable ne peut être de substance matérielle ; il est donc spirituel, ce qui veut dire qu'il n'est pas de la matière - il est indestructible, immuable

Viendra ensuite une autre question : mis à part ces vieux arguments qui n'apparaissent que dans le monde extérieur, les arguments en faveur du dessein - qui a créé ce monde extérieur, qui a créé la matière, etc. ? L'idée est ici de ne connaître la vérité qu'à partir de la nature intérieure de l'homme, et la question surgit de la même manière qu'elle surgit à propos de l'âme. En considérant comme admis qu'il y a une âme, inchangeable, en chaque homme, qui n'est ni le corps ni le mental, il y a encore une unité d'idée parmi les âmes, une unité de sentiment, de sympathie. Comment est-il possible que mon âme puisse agir sur votre âme, où est le medium par le biais duquel elle peut agir, où travailler, où est le medium par lequel elle peut agir ? Comment se fait-il que je puisse ressentir quelque chose à propos de vos âmes ? Qu'existe-t-il qui est en contact à la fois avec votre âme et avec la mienne ? Il y a donc une nécessité métaphysique d'admettre une autre âme qui agit en contact avec ces différentes âmes, et dans et à travers la matière - une Âme unique qui couvre et interpénètre le nombre infini d'âmes du monde, dans et à travers laquelle elles vivent, dans et à travers laquelle elles sympathisent, aiment et travaillent les unes pour les autres. Et cet Âme universelle est Paramatman, le Seigneur Dieu de l'Univers. Il s'ensuit en outre que du fait que l'âme n'est pas faite de matière, puisqu'elle est spirituelle, elle ne peut obéir aux lois de la matière, elle ne peut être jugée par les lois de la matière. Elle est donc invincible, sans naissance, sans mort, et sans changement.

[Sanskrit]

"Ce Soi, les armes ne peuvent le transpercer, ni le feu le brûler, l'eau ne peut l'humidifier ni l'air le sécher. Sans changement, omni pénétrant, sans mouvement, immuable, éternel est ce Soi de l'homme." Selon la Gita et le Vedanta, nous apprenons que ce Soi individuel est aussi Vibhu, et que selon Kapila il est omniprésent. Il y a bien entendu des sectes en Inde qui soutiennent que le Soi est Anu, infiniment petit; mais ce qu'elles entendent est Anu dans la manifestation; sa nature véritable est Vibhu, omni pénétrant.

Là arrive une autre idée, peut-être effrayante, une idée pourtant indienne d'une manière caractéristique, et s'il existe une idée commune à toutes les sectes, c'est celle-là. Je vous supplie donc de faire attention à cette idée unique et de vous en souvenir, car c'est le fondement même de tout ce que nous avons en Inde. L'idée est celle-ci. Vous avez entendu parler de la doctrine de l'évolution physique prêchée dans le monde occidental par les savants allemands et anglais. Elle nous dit que les corps des différents animaux sont en réalité un seul corps; les différences que nous voyons ne sont que des expressions différentes de la même série; que du vers le plus vil jusqu'à l'homme le plus élevé et le plus saint çà n'est qu'un seul, l'un se change en l'autre et ainsi de suite, allant de plus en plus haut jusqu'à ce qu'il atteigne la perfection. Nous avons aussi eu cette idée. Notre Yogi Patanjali déclare : [Sanskrit] Une espèce - la Jati est une espèce - change en une autre espèce - l'évolution; Parinama veut dire une chose qui se change en une autre, tout comme une espèce se change en une autre. Où différons-nous des Européens ? Patanjali dit Prakrityapurat, "par le remplissage de la nature". Les Européens disent que c'est la compétition, la sélection naturelle et sexuelle, etc… qui force un corps à prendre la forme d'un autre. Mais ici c'est une autre idée, une meilleure analyse encore, qui va plus profondément dans la chose et qui dit : " Par le remplissage de la nature. " Qu'est-il entendu par ce remplissage de la nature ? Nous admettons que l'amibe va de plus en plus haut jusqu'à ce qu'elle devienne un Buddha ; nous l'admettons, mais en même temps nous sommes autant certains que vous ne pouvez pas obtenir une quantité de travail d'une machine à moins que vous ne l'ayez introduite sous une forme ou sous une autre. La somme totale d'énergie reste la même, quelque soit la forme qu'elle prenne. Si vous voulez une quantité d'énergie à un bout, vous avez du l'y introduire à l'autre bout; çà peut être sous une autre forme mais la quantité d'énergie qui doit être produite à partir d'elle doit être la même. Si donc un Buddha est un bout du changement, l'amibe même doit aussi avoir été le Buddha. Si le Buddha est l'amibe évoluée, l'amibe a aussi été le Buddha involué. Si cet univers est la manifestation d'une quantité pratiquement infinie d'énergie, alors que l'univers était dans un état de Pralaya, il doit avoir représenté la même quantité d'énergie involuée. Il ne peut en avoir été autrement. Il s'ensuit de ce fait que toute âme est infinie. Du vers le plus vil qui rampe sous nos pieds aux saints les plus nobles et les plus grands, tous ont ce pouvoir infini, cette pureté infini, et tout infini. La seule différence est dans le degré de manifestation. Le vers ne manifeste qu'un petit peu de cette énergie, vous en ave manifesté plus, un autre saint home en a manifesté encore plus : c'est toute la différence. Mais ce pouvoir infini est là partout le même. Patanjali dit : [Sanskrit] "Comme le paysan qui irrigue son champ. " Par un petit coin de son champ il apporte l'eau d'un réservoir quelque part, et peut-être a-t-il une petite écluse qui empêche l'eau de s'engouffrer dans son champ. Quand il veut de l'eau, il n'a qu'à ouvrir l'écluse, et l'eau s'engouffre dans son champ de sa propre puissance. La puissance n'a pas à être ajoutée, elle est déjà là dans le réservoir. Ainsi chacun d'entre nous, tout être, a pour arrière-plan un tel réservoir de force, de pouvoir infini, de pureté infinie, de félicité infinie et d'existence infinie - seulement ces écluses, ces corps, nous empêchent d'exprimer ce que nous sommes véritablement en toute plénitude.

Et tout comme ces corps deviennent de plus en plus finement organisés, tout comme le Tamoguna devient Rajoguna et tout comme le Rajoguna devient Sattvaguna, de plus en plus de cette puissance et de cette pureté se manifeste, et c'est pourquoi notre people a-t-il fait autant attention sur le boire et le manger et sur la question de la nourriture. Il se peut que les idées originales aient été perdues, tout comme pour ce qui est de notre mariage - que, bien que n'appartenant pas au sujet, je peux prendre en exemple. Je vous parlerai de cela si j'en ai une autre occasion, mais laissez-moi vous dire maintenant que les idées qui se trouvent derrière notre système de mariage ne sont que des idées grâce auxquelles il peut y avoir une réelle civilisation. Il ne peut rien y avoir d'autre. Si on accorde à un homme ou à une femme la liberté de prendre tout femme ou tout homme comme épouse ou époux, si le plaisir individuel, la satisfaction d'instincts animaux, doivent être permis pour courir en liberté dans la société, le résultat doit être le mal, de mauvais enfants, méchants et démoniaques. Mais oui, dans tout pays l'homme produit d'un côté ces enfants brutaux et de l'autre il multiplie les forces de police pour contrôler ces brutes. La question n'est pas de savoir comment détruire le mal de cette manière mais de savoir comment empêcher la naissance du mal. Et aussi longtemps que vous vivez en société votre mariage en affecte chaque membre de manière certaine, et la société a donc le droit de vous dicter qui vous épouserez et qui vous n'épouserez pas. Et de grandes idées de ce genre ont été ici derrière le système du mariage, ce que l'on appelle la Jati astrologique de la fiancée ou du fiancé. Et je peux noter en passant que selon Manu un enfant né de la luxure n'est pas un Aryen. L'enfant dont la conception même et dont la mort arrivent selon les règles des Vedas est un Aryen. Oui, et de moins en moins de ces Aryens sont produits dans chaque pays, et le résultat est la quantité de mal que nous appelons Kali Yuga. Mais nous avons perdu tous ces idéaux - c'est vrai que nous ne pouvons pas adopter toutes ces idées dans toute leur étendue maintenant - il est tout à fait vrai que nous avons presque fait une caricature de certaines de ces grandes idées. Il est lamentablement vrai que les pères et les mères ne sont pas ce qu'ils étaient jadis, que la société n'est pas si éduquée qu'elle avait l'habitude de l'être, et que la société n'a pas cet amour pour les individus qu'elle avait l'habitude d'avoir. Mais, si défectueuse que puisse être l'organisation, le principe est juste; et si son application est devenue défectueuse, si une méthode a failli, prenez le principe et travaillez-y d'une meilleure manière; pourquoi tuer le principe ? La même chose s'applique à la question de la nourriture. Le travail et les détails sont mauvais, vraiment très mauvais, mais cela ne heurte pas le principe. Le principe est éternel et doit être là. Travaillez-y de nouveau et faites une application ré-formée.

C'est l'unique grande idée de l'Atman en laquelle doit croire chacune de nos sectes de l'Inde. Seulement, comme nous le verrons, les dualistes prêchent que cet Atman devient Sankuchita du fait de mauvaises oeuvres, c'est dire que tous ses pouvoirs et toute sa nature se contractent, et qu'il s'élargit de nouveau du fait de bonnes oeuvres. Et l'Advaitiste dit que l'Atman ne s'épanche ni ne se contracte jamais, mais qu'il semble le faire. Il semble s'être contracté. C'est toute la différence, mais ils ont tous l'idée unique que notre Atman possède déjà tous les pouvoirs, que rien ne viendra à lui de l'extérieur, que rien n'y tombera des cieux. Notez-le, nos Vedas ne sont pas inspirés, mais expirés, qu'ils ne viennent pas de quelque part à l'extérieur, mais qu'ils sont les lois éternelles qui vivent dans toute âme. Les Vedas sont dans l'âme de la fourmi, dans l'âme du dieu. Seulement la fourmi doit évoluer et obtenir le corps d'un sage ou d'un Rishi, et les Vedas sortiront, lis éternelles qui s'expriment elles-mêmes. C'est l'unique grande idée à comprendre que notre pouvoir est déjà nôtre, notre salut est déjà en nous. Ou bien dites qu'il s'est contracté, ou dites qu'il a été couvert du voile de Maya, cela importe peu; l'idée est déjà là; vous devez y croire, croire en la possibilité qu'a tout le monde, que même dans l'homme le plus vil il y a la même possibilité que dans le Buddha. Telle est la doctrine de l'Atman.

Mais une lutte terrible arrive maintenant. Voici les bouddhistes, qui analysent pareillement le corps à un niveau matériel et le mental à un autre. Et quant à cet Atman, ils déclarent qu'Il n'est pas nécessaire; nous n'avons donc pas du tout besoin de supposer cet Atman. Quelle est l'utilité d'une substance et de qualités adhérant à la substance ? Nous disons : les Gunas, les qualités, et uniquement les qualités. Il est illogique de supposer deux causes là où une seule peut expliquer toute la chose. Et le combat a continué, et toutes les théories qui soutenaient la doctrine de la substance ont été jetées à terre par les bouddhistes. Il y a eu une débâcle tout au long de la ligne de ceux qui se sont agrippés à la doctrine de la substance et des qualités, selon laquelle vous avez une âme, que j'ai une âme et que tout le monde a une âme séparée du mental et du corps, et que chacun est un individu.

Nous avons vu jusque là que l'idée du dualisme est très bien; car il y a le corps, puis il y a le corps subtil - le mental - il y a cet Atman, et au-dedans et à travers tous les Atman il y a ce Paramatman, Dieu. La difficulté ici est que cet Atman et ce Paramatman sont tous les deux appelés substance à laquelle le mental, le corps et de soi-disant substances adhèrent comme tant de qualités. Personne n'a jamais vu de substance, et personne ne peut en concevoir; quelle est l'utilité de penser à cette substance ? Pourquoi ne pas devenir un Kshanikavadin et dire que tout ce qui existe est cette succession de courants mentaux et rien de plus. Ils n'adhèrent pas les uns aux autres, ils ne forment pas une unité, l'un chasse l'autre, comme des vagues de l'océan, jamais complet, ne formant jamais un tout unitaire. L'homme est une succession de vagues, et lorsque l'un s'en va il en génère un autre, et la cessation de ces formes-vagues est de que l'on appelle Nirvana. Vous voyez que le dualisme est muet devant cela; il lui est impossible d'apporter un argument, et le Dieu dualiste ne peut pas être retenu ici. L'idée d'un Dieu qui est omniprésent et qui est pourtant une personne qui crée l'univers comme un Kumbakara (potier) crée un Ghata (pot), le bouddhiste déclare que c'est puéril et que si cela est Dieu il va combattre ce Dieu et non l'adorer. Cet univers est rempli de souffrance ; si c'est l'œuvre d'un Dieu, nous allons combattre ce Dieu. Et deuxièmement, ce Dieu est illogique et impossible, comme nous en sommes tous conscients. Nous n'avons pas besoins d'aller dans les défauts de la " théorie du dessein ", comme tous nos Kshanikas leur ont complètement démontré; et ce Dieu Personnel est donc tombé en morceaux.

A vérité, et rien que la vérité, est le mot d'ordre d l'Advaitiste. [Sanskrit] "Seule la Vérité triomphe, et non le mensonge. Dans la vérité seule repose la voie qui mène aux dieux, Devayana." Tout le monde marche en avant sous cette bannière; mais oui, mais c'est seulement pour écraser la position de l'homme le plus faible avec la sienne. Vous arrivez avec votre idée dualiste de Dieu pour chercher querelle avec le pauvre home qui adore une image et vous pensez que vous êtes merveilleusement rationnel, que vous pouvez le confondre; mais s'il se retourne et brise votre propre Dieu Personnel et appelle cela une idée imaginaire, où êtes-vous ? Vous avez recours à la foi etc., ou vous criez à l'athéisme, le vieux cri du faible - quiconque le bat est un athée. Si vous voulez être rationnel, soyez rationnel sur toute la ligne, et sinon, permettez aux autres le même privilège que celui que vous demandez pour vous-mêmes. Comment pouvez-vous prouver l'existence de ce Dieu ? D'un autre côté, il peut pratiquement être réfuté. Il n'y a pas l'ombre d'une preuve quant à Son existence, et il y a des arguments très forts contre. Comment allez-vous prouver Son existence, avec votre Dieu, Ses Gunas, un nombre infini d'âmes qui sont substance, et chaque âme un individu ? En quoi êtes-vous un individu ? Vous ne l'êtes pas en tant que corps, car vous savez aujourd'hui mieux même que ne le savaient les bouddhistes de jadis que ce qui peut avoir été matière dans le soleil est maintenant devenu matière en vous et en sortira et deviendra matière dans les plantes; alors où est votre individualité, Mr Untel ? La même chose s'applique au mental. Où est votre individualité ? Vous avez ce soir une pensée et vous en aurez une autre demain. Vous ne pensez pas de la même manière que lorsque vous étiez enfant; et les vieux ne pensent pas de la même manière que lorsqu'ils étaient jeunes. Alors où est votre individualité ? Ne dites pas qu'elle est dans la conscience, cet Ahamkara, parce que cela ne recouvre qu'une petite partie de votre existence. Alors que je vous parle, tous mes organes travaillent et je n'en suis pas conscient. Si la conscience est la preuve de l'existence alors ils n'existent pas, parce que je n'en suis pas conscient. Où êtes-vous alors avec vos théories d'un Dieu Personnel ? Comment pouvez-vous prouver un tel Dieu ?

En outre, les bouddhistes vont se lever et déclarer : non seulement c'est illogique, mais c'est immoral, car cela apprend l'homme à être un couard et à chercher de l'ide à l'extérieur, et personne ne lui donnera cette aide. Voici l'univers, l'homme l'a créé; alors pourquoi dépendre d'un être imaginaire au-dehors que personne n'a jamais vu ni senti et dont il n'a jamais obtenu d'aide ? Pourquoi lors faire de vous des couards et apprendre aux enfants que l'état le plus élevé de l'homme est d'être comme un chien et d'aller ramper devant cet être imaginaire en disant que vous êtes faible et impur et que vous êtes tout ce qu'il y a de vil dans cet univers ? D'autre part, les bouddhistes peuvent dire non seulement que vous dites un mensonge, mais que vous amenez sur vos enfants une quantité terrible de mal; car, notez-le, ce monde est un monde d'hypnotisation. Tout ce que vous dites, vous le devenez. Pratiquement les premières paroles que le grand Buddha a prononcées ont été : " Vous êtes ce que vous pensez ; vous serez ce que vous penserez. " Si c'est vrai, ne vous enseignez pas à vous-mêmes que vous n'êtes rien, oui, que vous ne pouvez rien faire si vous n'êtes pas aidés par quelqu'un qui ne vit pas ici mais qui est assis au-dessus des nuages. Le résultat sera que vous serez chaque jour de plus en plus affaibli. En répétant constamment : " nous sommes très impurs, Seigneur, rends-nous purs ", le résultat sera que vous hypnotiserez dans toutes sortes de vices. Oui, les bouddhistes disent que quatre vingt dix neuf pour cent de ces vices que vous voyez dans toute société existent du fait de cet idée d'un Dieu Personnel; c'est une idée terrible de l'être humain que de penser que la fin et le but de cette expression de la vie, cette merveilleuse expression de la vie, est de devenir comme un chien. Le bouddhiste dit au Vaishnava : si votre idéal, si votre objectif et votre but sont d'aller à l'endroit que l'on appelle Vaikuntha où Dieu vit, et de vous tenir là devant Lui les mains jointes pour toute l'éternité, il est mieux de vous suicider que de faire une telle chose. Les bouddhistes peuvent même dire que c'est pour cela qu'il va créer l'annihilation, le Nirvana, pour échapper à çà. Je mets pour le moment ces idées devant vous comme un bouddhiste parce que de nos jours touts ces idées advaitistes sont dites vous rendre immoral, et j'essaie de vous dire à quoi ressemble l'autre côté. Faisons hardiment et courageusement face aux deux côtés.

Nous avons tout d'abord vu que cela ne peut pas être prouvé, cette idée d'un Dieu Personnel qui crée le monde; y a-t-il aujourd'hui un enfant qui peut y croire ? Parce qu'un Kumbhakara crée un Ghata, un Dieu a créé le monde ! S'il en est ainsi, alors votre Kumbhakara est aussi Dieu; et si quelqu'un vous dit qu'Il agit sans tête ni mains, vous pouvez le conduire à un asile de fous. Votre Dieu Personnel, le Créateur du monde vers qui vous pleurez toute votre vie, vous a-t-Il jamais aidé - c'est le prochain défi pour la science moderne. Ils prouveront que tout aide que vous avez reçu pouvait être venue de vos propres efforts, et mieux encore, vous n'avez pas besoin d'avoir dépensé votre énergie en pleurant de la sorte, vous auriez pu faire mieux sans ces pleurs et ces cris. Et nous avons vu qu'avec cette idée d'un Dieu Personnel vient la tyrannie et la prêtrise. La tyrannie et la prêtrise ont prévalu partout où cette idée a existé, et jusqu'à ce que le mensonge soit frappé à la tête, disent les bouddhistes, la tyrannie ne s'arrêtera pas. Aussi longtemps que l'homme pense qu'il doit trembler devant un être surnaturel, il y aura des prêtres pour réclamer des droits et des privilèges et pour faire trembler les hommes devant eux tandis que des pauvres hommes continueront de demander aux prêtres d'intervenir pour eux. Vous pouvez supprimer le Brahmane, mais notez ce que je dis, ceux qui le feront se mettront eux-mêmes à sa place et ils seront pires, parce que le Brahmane a en lui une certaine somme de générosité, mais ces parvenus sont toujours les pires des tyrans. Si un mendiant devient riche, il pense que le monde entier est un fétu de paille. Il doit donc y avoir ces prêtres, aussi longtemps que persistera cette idée d'un Dieu Personnel, et il sera impossible de penser à quelque grande moralité que ce soit dans la société. Prêtrise et tyrannie vont main dans la main. Pourquoi cela a-t-il été inventé ? Parce que quelques hommes puissants de jadis ont mis le peuple entre leurs mains et ont dit : vous devez nous obéir ou nous vous détruirons. Cela fut le fin mot de l'histoire. [Sanskrit] : c'est l'idée du faiseur d'orage qui tue tout être qui ne lui obéit pas.

Le bouddhiste dit ensuite : vous avez été parfaitement rationnel jusqu'ici, en disant que tout est le résultat de la loi du Karma. Vous croyez en une infinité d'âmes, et ces âmes sont sans naissance ni mort, et cette infinité d'âmes et la croyance dans la loi du Karma sont sans aucun doute parfaitement logiques. Il ne peut pas y avoir de cause sans effet, le présent doit avoir eu sa cause dans le passé et aura son effet dans l'avenir. L'hindou dit que le Karma est Jada (inerte) et non Chaitanya (esprit), que donc du Chaitanya est nécessaire pour amener sa cause à porter fruit. En est-il ainsi, que Chaitanya est nécessaire pour que la plante donne des fruits ? Si je plante la graine et ajoute de l'eau, aucun Chaitanya n'est nécessaire. Vous pouvez dire qu'il y avait là du Chaitanya original, mais les âmes elles-mêmes sont le Chaitanya, rien d'autre n'est nécessaire. Si les âmes humaines l'ont aussi, quelle nécessité y a-t-il pour un Dieu, comme le dissent les Jaïns qui, à la différence des bouddhistes, croient dans les âmes et ne croient pas en Dieu. Où êtes-vous logique, où êtes-vous moral ? Et lorsque vous critiquez l'Advaitisme et que vous craignez qu'il ne vous dirige vers l'immoralité, lisez seulement un peu de ce qui a été fait en Inde par les sectes dualistes. S'il y a eu vingt mille fripouilles advaitistes, il y en a aussi eu vingt mille fripouilles dvaitistes. Généralement parlant, il y a eu plus de fripouilles dvaitistes, parce que cela demande un meilleur type de mental pour comprendre l'Advaitisme, et les advaitistes ne peuvent guère être effrayés par quoi que ce soit. Que vous reste-il alors, à vous hindous ? Il n'y a pour vous aucune aide en dehors des griffes du bouddhiste. Il dira : "Mes Tripitakas disent autrement, et ils sont sans commencement ni fin, ils n'ont même pas été écrits par Buddha, car Buddha dit qu'il ne faisait que les réciter; ils sont éternels. " Et il ajoutera : "Vous avez tort, les vrais Vedas sont les nôtres, les vôtres ont été fabriqués par les prêtres brahmanes, alors n'en parlons pas." Comment allez-vous vous en tirer ?

Voici le moyen d'en sortir. Prenez la première objection, l'objection métaphysique, selon laquelle substance et qualités sont différentes. L'Advaitiste dit qu'elles ne le sont pas. Il n'y a aucune différence entre la substance et les qualités. Nous connaissez la vieille image, comment la corde est prise pour un serpent, et quand vous voyez le serpent vous ne voyez pas du tout la corde, la corde a disparu. Diviser la chose en substance et qualité est quelque chose de métaphysique dans le cerveau des philosophes, car elles ne pourront jamais avoir d'effet à l'extérieur. Vous voyez les qualités si vous êtes un homme ordinaire, et la substance si vous êtes un grand Yogi, mais vous ne voyez jamais les deux en même temps. Ainsi, bouddhistes, votre querelle à propos de la substance et des qualités n'a été qu'un mauvais calcul qui ne repose pas sur le fait. Mais si la substance est non-qualifiée, il ne peut y en voir qu'une. Si vous soustrayez les qualités de l'âme et si vous montrez que ces qualités sont en fait dans le mental, surimposées à l'âme, alors il ne peut jamais y avoir deux âmes car c'est la qualification qui fait la différence entre une âme et une autre. Comment savez-vous qu'une âme est différente de l'autre ? Du fait de certaines marques différenciatrices, de certaines qualités. Et là où les qualités n'existent pas, comment peut-il y avoir différenciation ? Il n'y a donc pas deux âmes, il n'y en a qu'Une, et votre Paramatman n'est pas nécessaire, c'est cette âme même. Cet Un est appelé Paramatman, cet Un même est appelé Jivatman, etc.; et vous dualistes, tels que les Sankhyas et les autres, qui dites que l'âme est Vibhu, omniprésente, comment pouvez-vous créer deux infinis ? Il ne peut y en avoir qu'un. Quoi d'autre ? Cet Un est l'unique Atman Infini, tout le reste est sa manifestation. Là le bouddhiste s'arrête, mais cela ne se termine pas là.

La position advaitiste n'est pas qu'une faible position de critique. L'Advaitiste critique les autres lorsqu'ils s'approchent trop près de lui, et il ne fit que les jeter, c'est tout; mais il émet sa propre position. C'est le seul qui critique, et qui ne s'arrête pas avec la critique et l'exposition de livres. Vous êtes là. Vous dites que l'univers est une chose en perpétuel mouvement. Dans Vyashti (le fini) tout bouge; vous bougez, la table bouge, il y a partout mouvement; c'est le Samsara, le mouvement perpétuel; c'est Jagat. Il ne peut donc pas y avoir d'individualité dans ce Jagat, parce qu'individualité veut dire ce qui ne change pas ; il ne peut pas y avoir d'individualité changeante, c'est une contradiction dans les termes. Il n'y a pas de chose telle que l'individualité dans ce petit monde qui est le nôtre, le Jagat. La pensée et le sentiment, le mental et le corps, les hommes, les animaux et les plantes sont dans un état continu de flux. Mais supposez que vous preniez l'univers comme un tout unitaire ; peut-il changer ou se mouvoir ? Certainement pas. Le mouvement est possible en comparaison avec quelque chose qui est un peut moins en mouvement ou quine bouge pas du tout. L'univers en tant que tout est donc immobile, inchangeable. Vous êtes donc un individu lorsque et seulement lorsque vous en êtes le tout, lorsque l réalisation de " Je suis l'univers " arrive. C'est pourquoi le Védantiste dit qu'aussi longtemps qu'il y a deux, la peur ne cesse pas. Ce n'est que lorsque l'on n'en voit pas un autre que l'on n'en ressent pas un autre, quand tout est un, que la peur cesse, que seulement la mort disparaît, que seulement le Samsara disparaît. L'Advaita nous enseigne donc que l'homme est individu en étant universel, et non en étant particulier. Vous êtes immortels seulement quand vous êtes le tout. Vous êtes sans peur et sans mort seulement quand vous êtes l'univers; et alors ce que vous appelez univers est le même que ce que vous appelez Dieu, le même que vous appelez existence, le même que vous appelez le tout. C'est l'unique Existence non divisée que l'on considère être le monde multiple que l'on voit, comme aussi les autres qui sont dans le même état d'esprit que nous. Les gens qui ont créé un Karma un peu meilleur et qui ont obtenu un meilleur état d'esprit, lorsqu'ils meurent, le voient comme Svarga et ils voient des Indras etc. Les gens qui sont encore plus haut la voient, cette même chose, comme le Brahma-Loka, et ceux qui sont parfaits ne voient ni terre ni cieux, ni aucun Loka que ce soit. L'univers a disparu, et Brahman se tient à sa place.

Pouvons-nous connaître ce Brahman ? Je vous ai parlé de la peinture de l'Infini dans le Samhita. Nous allons voir ici un autre côté montré, l'interne infini. C'était l'infini des muscles. Nous allons avoir ici l'Infini de la pensée. Là on tentait de peindre l'Infini dans le langage positif, ici ce langage a échoué et la tentative a été de le peindre dans le langage négatif. Voici cet univers, et même en admettant qu'ils et Brahman, pouvons-nous le connaître ? Non ! Non ! Vous devez encore comprendre cette unique chose très clairement. Ce doute viendra à vous encore et encore : sic el est Brahman, comment pouvons-nous le connaître ? [Sanskrit] "Par quoi le connaisseur peut-il être connu ? " Comment le connaisseur peut-il être connu ? Les yeux voient tout; peuvent-ils se voir eux-mêmes ? Ils ne le peuvent pas. Le fait même du savoir est une dégradation. Enfants des Aryens, vous devez vous rappeler ceci, car là repose une grande histoire. Toutes les tentations occidentales qui sont venues à vous ont leur base métaphysique sur cette unique chose : il n'y a rien de plus élevé que la connaissance des sens. En orient, nous disons dans nos Vedas que cette connaissance est inférieure à la chose elle-même, parce que c'est toujours une limitation. Lorsque vous voulez connaître une chose, elle est immédiatement limitée par notre mental. Ils disent, référez-vous à cet exemple de l'huître qui crée une perle et voyez comment la connaissance est une limitation, en recueillant une chose, en la portent à la conscience, et en ne la connaissant pas comme un tout. Cela est vrai pour toute connaissance, et peut-elle être encore moindre au sujet de l'Infini ? Pouvez-vous ainsi limiter Celui qui est la substance de toute connaissance, Lui qui est le Sakshi, le témoin, sans lequel vous ne pouvez avoir aucune connaissance, Lui qui n'a pas de qualités, qui est le Témoin de tout l'univers, le Témoins de nos propres âmes ? Comment pouvez-vous Le connaître ? Par quels moyens pouvez-vous Le lier ? Tout, l'univers entiers, est une telle fausse tentative. Cet Atman essaye, pour ainsi dire, de voir Sa propre face et tous, des animaux les plus bas jusqu'au plus haut des dieux, sont comme autant de miroirs pour qu'Il Se réfléchisse, et Il en adopte encore d'autres, les trouvant insuffisant, jusqu'au corps humain. Il vient à connaître qu'il est le fini du fini, que tout est fini, qu'il ne peut y avoir d'expression de l'Infini dans le fini. Puis vient la marche rétrograde, et cela est ce que l'on appelle renonciation, Vairagya. En retrait des sens, en retrait ! Ne pas aller aux sens est le mot d'ordre de Vairagya. C'est le mot d'ordre de toute moralité, c'est le mot d'ordre de tout bien-être; car vous devez vous rappeler qu'avec nous l'univers commence en Tapasya, en renonciation, et alors que vous reculez de plus en plus, toutes les formes se manifestent devant vous, et elles sont mises de côté l'une après l'autre jusqu'à ce que vous restiez ce que vous êtes réellement. Cela est Moksha ou libération.

C'est idée que nous devons comprendre : [Sanskrit] "Comment connaître le connaisseur ? " Le connaisseur ne peut pas être connu, parce que s'il était connu il ne serait pas le connaisseur. Si vous regardez vos yeux dans un miroir, le reflet n'est plus vos yeux, mais quelque chose d'autre, seulement un reflet. Alors si cette Âme, cet Être Universel, Infini que vous êtes, n'est qu'un témoin, qu'est-ce que cela a de bon ? Il ne peut pas vivre, ni bouger, ni jouir du monde comme nous le faisons. Les gens ne peuvent pas comprendre comment le témoin peut se réjouir. " Oh ", disent-ils, vous Hindous êtes devenus tranquilles et bons à rien du fait de cette doctrine selon laquelle vous êtes des témoins ! " Tout d'abord, S'il y a un match de lutte, qui en jouit, ceux qui y prennent part ou ceux qui le regardent, les étrangers ? Plus vous êtes le témoin de quelque chose dans la vie et plous vous en jouissez. Et cela est Ananda; et donc lé félicité infinie ne peut être à vous que lorsque vous devenez le témoin de cet univers ; alors seulement vous êtes un Mukta Purusha. C'est le témoin seul qui peut travailler sans aucun désir, sans idée d'aller au paradis, sans aucune idée de blâme, sans aucune idée de louange. Le témoin seul jouit, et nul autre.

Pour en venir à l'aspect moral, il y a une chose entre l'aspect métaphysique et l'aspect moral de l'Advaitisme; c'est la théorie de Maya. Chacun de ces points du système Advaita demande des années pour le comprendre et des mois pour l'expliquer. C'est pourquoi vous m'excuserez si je ne fais que les effleurer en passant. Cette théorie de Maya a été la chose la plus difficile à comprendre de tous les temps. Laissez-moi vous dire en quelques mots que çà n'est sûrement pas une théorie, c'est la combinaison des trois idées Desha - Kala - Nimitta - espace, temps et causation - et ce temps, cet espace et cette cause ont plus loin été réduits en Nama-rupa. Supposez qu'il y ait une vague dans l'océan. La vague n'est distincte de l'océan que par sa forme et par son nom, et cette forme et ce nom ne peuvent pas avoir d'existence séparée de la vague ; ils n'existent qu'avec la vague. La vague peut s'affaisser, mais la même quantité d'eau demeure, même si le nom et la forme qui étaient sur la vague disparaissent à jamais. De même cette Maya est ce qui fait la différence entre moi et vous, entre tous les animaux et l'homme, entre les dieux et les hommes. En effet, c'est cette Maya qui fait que l'Atman est attrapé, pour ainsi dire, dans tant de millions d'êtres, et ces êtres ne se distinguent que par le nom et la forme. Si vous le laissez seul, que vous laissez partir le nom et la forme, toute cette variété disparaît à jamais, et vous êtes ce que vous êtes vraiment. Cela est Maya.

Encore une fois çà n'est pas de la théorie, mais un exposé de faits. Lorsque le réaliste déclare que cette table existe, ce qu'il veut dire est que cette table a une existence indépendante par elle-même, qu'elle ne dépend de l'existence d'aucune autre chose dans l'univers, et si cet univers entier était détruit et annihilé, cette table demeurerait exactement telle qu'elle est maintenant. Une petite pensée vous démontrera qu'il ne peut pas en être ainsi. Tout ici dans le monde des sens est dépendant et interdépendant, relatif et corrélatif, l'existence de l'un dépend de l'autre. Il y a donc trois étapes dans notre connaissance des choses; la première est que chaque chose est individuelle et séparée de toute autre; l'étape suivante est de voir qu'il y a une relation et une corrélation entre toutes les choses; et la troisième est qu'il n'y a qu'une seule chose que nous puissions voir comme multiple. Avec l'ignorant, la première idée de Dieu est que ce Dieu est quelque part en dehors de l'univers, ce qui veut dire que la conception de Dieu est extrêmement humaine; Il fait juste ce que l'homme fait, seulement sur une échelle plus grande et plus élevée. Et nous avons vu comment cette idée de Dieu est, en quelques mots, prouvée déraisonnable et insuffisante. Et l'idée suivante est l'idée d'un pouvoir que nous voyons manifesté partout. C'et le véritable Dieu Personnel que nous trouvons dans la Chandi, mais, notez ce que je dis, çà n'est pas Un Dieu dont vous faites le réservoir d'uniquement les bonnes qualités. Vous ne pouvez pas avoir deux Dieux, Dieu et Satan ; vous ne devez en avoir qu'un et osez L'appeler bon et mauvais. N'en ayez qu'un et prenez les conséquences logiques. Nous lisons dans la Chandi : "Nous Te saluons, O Mère Divine qui vit dans tout être en tant qu'espace. Nous Te saluons, O Mère Divine, qui vit dans tout être en tant que paix. Nous Te saluons, O Mère Divine qui vit dans tous les êtres en tant que pureté. " Nous devons à la fois prendre toute la conséquence de L'appeler le Formé-de-tout. " Tout ceci, O Gargi, est félicité; partout où il y a félicité il y a une portion du Divin." Vous pouvez l'utiliser comme vous le voulez. A cette lumière devant moi, vous pouvez donner cent roupies à un pauvre homme, et un autre homme peut forger votre nom, mais la lumière sera la même pour les deux. Cela est la seconde étape. Et la troisième est que Dieu n'est ni en dehors de la nature ni au-dedans de la nature, mais Dieu, nature, âme et univers sont tous des termes convertibles. Vous ne voyez jamais deux choses; ce sont vos mots métaphysiques qui vous ont illusionnés. Vous supposez que vous avez un corps et que vous avez une âme, et que vous êtes les deux ensemble. Comment cela peut-il être ? Essayez dans votre propre mental. S'il y a un Yogi parmi vous, il se connaît comme Chaitanya, pour lui de corps a disparu. Un homme ordinaire pense à lui en tant que corps, l'idée d'esprit a disparu de lui; mais parce que les idées métaphysiques existent que l'homme a un corps, une âme et toutes ces choses vous pensez qu'elles sont toutes là de manière simultanée. Une chose à la fois. Ne parlez pas de Dieu quand vous voyez de la matière; vous ne voyez que l'effet et que l'effet seul, et dès que vous pouvez voir la cause, l'effet disparaît. Où est le monde alors, et qui l'a enlevé ?

"Celui qui est toujours présent comme conscience, la félicité absolue, au-delà de toutes limites, au-delà de toute comparaison, au-delà de toutes qualités, toujours-libre, sans limite comme le ciel, sans parties, l'absolu,le parfait, un tel Brahman, ô sage, ô docte, brille dans le cœur du Jnani en Samadhi. (Vivekachudamani, 408)

"Là où cessent à jamais les changements de la nature, celui qui est pensée au-delà de toutes pensées, qui est égal à tous et qui n'a pourtant pas d'égal, incommensurable, celui que déclarent les Vedas, qui est l'essence dans ce que nous appelons notre existence, le parfait ; un tel Brahman, ô sage, ô docte, brille dans le cœur du Jnani en Samadhi. (Ibid., 409)

"Au-delà de toute naissance et de toute mort, l'Unique Infini, incomparable, comme l'univers entier noyé dans l'eau lors du Mahapralaya - eau au-dessus, eau au-dessous, eau de tous côtés, et pas une vague à la surface de cette eau, pas une ride - silencieux et calme, toutes les visions ont disparu, tous les combats, toutes les querelles et la guerre des fous et des saints ont cessé à jamais ; un tel Brahman, ô sage, ô docte, brille dans le cœur du Jnani en Samadhi. " (Ibid., 410)

Cela vient aussi, et lorsque cela vient le monde disparaît.

Nous avons vu que ce Brahman, cette Réalité était inconnue et inconnaissable, non dans le sens de l'agnostique, mais parce que Le connaître serait un blasphème, puisque vous êtes déjà Lui. Nous avons vu aussi que ce Brahman n'était pas cette table et qu'il était pourtant cette table. Enlevez le nom et la forme, et tout ce qui est réalité est Lui. Il est la réalité en toute chose.

"Tu es la femme, tu es l'homme, tu es le garçon aussi bien que tu es la fille, toi le vieil home qui t'appuies sur un bâton, tu es tout en tout dans l'univers. " C'est le thème de l'Advaitisme. Quelques mots de plus. Ici repose, nous le voyons, l'explication de l'essence des choses. Nous avons vu comment ici seulement nous pouvons prendre u appui ferme contre toute la ruée de connaissance logique et scientifique. Ici au moins la raison a une base ferme et, en même temps, le vedantiste indien ne maudit pas les étapes précédentes; il regarde en arrière et il sait qu'elles étaient vraies, qu'elles étaient seulement mal perçues et mal énoncées. Elles étaient la même vérité, seulement vue à travers le verre de Maya, peut-être déformée, mais pourtant la vérité et rien que la vérité. Le même Dieu que l'ignorant voit en dehors de la nature, le même que celui qui sait peu voyait comme interpénétrant l'univers, et le même que le sage réalise comme son propre Soi, comme tout l'univers lui-même, tous sont l'Unique et même Être, la même entité vue selon des points de vue différents, vu au travers de différents verres de Maya, perçu par différents mentaux, et toute la différence était due à cela. Pas seulement cela, mai une vue doit mener à l'autre. Quelle est la différence entre science et savoir commun ? Sortez dans la rue dans l'obscurité, et si quelque chose d'inhabituel s'y produit, demandez à un des passant quelle en est la cause. Dix contre un qu'il vous dira que c'est un esprit qui a causé le phénomène. Il court toujours après les fantômes et les esprits dehors, parce qu'il est de la nature de l'ignorance de chercher des causes en dehors des effets. Si une pierre tombe, elle a été jetée par un diable ou par un esprit, dit l'ignorant, mais le scientifique dit que c'est la loi de la nature, la loi de la gravitation.

Quel est partout le combat entre la science et la religion ? Les religions sont encombrées d'une telle quantité d'explications qui viennent de l'extérieur : un ange est en charge du soleil, un autre de la lune, et ainsi de suite ad infinitum. Tout changement est causé par un esprit, l'unique point commun d'agrément étant qu'ils sont tous en dehors de la chose. Science veut dire que la cause d'une chose est recherchée au moyen de la chose même. Alors que la science progresse pas à pas, elle a arraché l'explication des phénomènes naturels des mains des esprits et des anges. Parce que l'Advaitisme a fait de même dans les matières spirituelles, il est la religion la plus scientifique. Cet univers n'a pas été crée par un Dieu extra cosmique et il n'est pas l'œuvre d'un génie extérieur. Il se crée lui-même, se dissout lui-même, se manifeste lui-même, Unique Essence Infinie, le Brahman. Tattvamasi Shvetaketo : "Tu es Cela, O Shvetaketu!"

Vous voyez ainsi que cette religion, et celle-là seulement et nulle autre, peut être la seule religion scientifique. Et avec tout le bavardage sur la science qui continue quotidiennement actuellement dans l'Inde moderne à moitié éduquée avec tout le discours sur le rationalisme et la raison que j'entends tous les jours, j'espère que toutes vos sectes vont se rallier et oser être advaitistes et oser le prêcher au mondes dans les termes de Buddha : [Sanskrit] "Pour le bien de beaucoup, pour le bonheur de beaucoup. " Si vous ne le faites pas, je vous prendrai pour des couards. Si vous ne surmontez pas votre couardise, si votre peur est votre excuse, permettez la même liberté aux autres, n'essayez pas de démolir le pauvre adorateur d'idole, ne le traitez pas de démon, n'allez pas faire de prêche à tout homme qui n'est pas entièrement d'accord avec vous. Sachez d'abord que vous êtes vous-mêmes des couards, et si la société vous effraie, si vos propres superstitions du passé vous effrayent tant, combien plus ces superstitions effrayent et ligotent ceux qui sont ignorants ? Telle est la position de l'Advaita. Ayez pitié des autres. Plaise à Dieu que le monde entier soit demain formé d'advaitistes, non seulement en théorie, mais en réalisation. Mais si cela ne peut se faire, faisons la meilleure chose suivante; prenons les ignorants par la main, conduisons les toujours pas à pas de la manière dont ils peuvent aller, et sachons que toute étape dans l'évolution religieuse a été progressive. Elle ne va pas du mauvais au bien, mais du bien au meilleur.

On doit dire quelque chose de plus au sujet de la relation morale. Nos garçons disent allègrement de nos jours, ils l'apprennent de quelqu'un - le Seigneur sait de qui - que l'Advaita rend les gens immoraux, parce que si nous sommes tous un et tous Dieu, quel est donc le besoin d'avoir de la moralité ! En tout premier lieu, c'est l'argument de la brute qui ne peut s'abaisser que sous le fouet. Si on enlève le fouet, vous serez tous des démons ! Vous devrez tous être tués si tel est le cas. Il n'y a aucune aide pour vous ; vous devrez toujours vivre sous ce fouet et sous la baguette et il n'y a pour vous aucun salut ni aucun échappatoire.

En second lieu, l'Advaita et l'Advaita seul explique la moralité. Toute religion prêche que l'essence de toute moralité est de faire du bien aux autres. Et pourquoi ? Soyez désintéressés. Et pourquoi le devrais-je ? Un Dieu l'a dit ? Il n'est pas pour moi. Des textes l'ont déclaré? Laissez-les, ils ne sont rien pour moi, laissez-les le dire. Et s'ils le disent, qu'est-ce que cela peut me faire ? Chacun pour soi, et l'autre prend ce qui vient en dernier, c'est là toute la moralité du monde, du moins pour beaucoup. Quelle est la raison pour laquelle je devrais être moral ? Vous ne pouvez pas l'expliquer sauf si vous venez à connaître la vérité comme elle est donnée dans la Gita : "Celui qui voit tout le monde en lui-même, et lui-même en tout le monde, voyant ainsi le même Dieu qui vit en tous, lui, le sage, ne tue plus le Soi par le soi. " Sachez grâce à l'Advaita que si vous faites du mal à qui que ce soit, c'est à vous que vous en faites; ils sont tous vous. Que vous le sachiez ou non, vous travaillez par le biais de toutes les mains, vous bougez par le biais de tous les pieds, vous êtes le roi qui se réjouit dans le palais, vous êtes le mendiant qui mène cette existence misérable dans la rue, vous êtes dans l'ignorant aussi bien que dans l'érudit, vous êtes dans l'homme qui est faible et vous êtes dans le fort; sachez-le et soyez compatissant. Et c'est la raison pour laquelle nous ne devons pas faire de mal aux autres. C'est la raison pour laquelle je ne dois même pas m'en faire si je meurs de faim, parce qu'il y aura des millions de bouches qui mangent au même moment et elles sont toutes les miennes. Je ne dois donc pas me soucier de ce qu'il advient de moi et de ce qui est mien, car l'univers entier est mien, je jouis de toute la félicité en même temps; et qui peut me tuer ou tuer l'univers ? Ici est la moralité. Ici, dans l'Advaita seulement la moralité est expliquée. Les autres l'enseignent mais ils ne vous en donnent pas la raison. Bien, voilà pour l'explication.

Quel est le bénéfice ? C'est la force. Enlevez le voile de l'hypnotisme que vous avez jeté sur le monde, n'envoyer pas de mots ou de pensées de faiblesse à l'humanité. Sachez que tous les péchés et tous les maux peuvent être résumés par ce seul mot : faiblesse. C'est la faiblesse qui est le pouvoir moteur de toute action mauvaise; c'est la faiblesse qui est la source de tout égoïsme; c'est la faiblesse qui fait que des hommes en blessent d'autres; c'est la faiblesse qui les fait manifester ce qu'ils ne sont pas en réalité. Faites leur tous connaître ce qu'ils sont; qu'ils répètent ce qu'ils sont jour et nuit. Soham. Qu'ils la tètent avec le lait de leurs mères, cette idée de force : je suis Lui, Je suis Lui. Cela doit d'abord s'entendre : [Sanskrit] etc. Et puis qu'ils y pensent, et à partir de cette pensée, à partir de ce cœur des oeuvres apparaîtront que le monde n'a jamais vues. Qu'est-ce qui doit être fait ? Mais oui, certains disent que cet Advaita est impraticable; cela veut dire qu'il ne se manifeste pas encore sur le plan matériel. C'est vrai jusqu'à un certain point, car souvenez-vous de la parole des Vedas :

[Sanskrit]

"Om, cela est le Brahman; Om, cela est la réalité la plus grande; celui qui connaît le secret de cet Om, tout ce qu'il désire il l'obtient. " Mais oui, alors connaissons d'abord le secret de cet Om, que vous êtes le Om; connaissez le secret de ce Tattvamasi, et alors et alors seulement tout ce que vous voulez viendra à vous. Si vous voulez être grands matériellement, croyez que vous l'êtes. Je peux être une petite bulle, et vous pouvez être une vague de la hauteur d'une montagne, mais sachez que pour vous et moi l'océan infini est l'arrière-plan, le Brahman infini est notre dépôt de puissance et de force, et nous pouvons en tirer autant que nous voulons, vous et moi, moi la bulle et vous la vague haute comme une montagne. Alors croyez en vous-mêmes. Le secret de l'Advaita est : croyez d'abord en vous-mêmes, et croyez en tout le reste ensuite. Dans l'histoire du monde, vous verrez que seules ces nations qui ont cru en elles sont devenues grandes et fortes. Dans l'histoire de chaque nation, vous verrez toujours que seuls ces individus qui ont cru en eux-mêmes sont devenus grands et forts. Ici, en Inde, un anglais qui n'était qu'un employé est venu, et par manqué de fonds ou pour d'autres raisons il a essayé par deux fois de se faire sauter la cervelle; et après avoir échoué il a cru en lui-même, il a cru qu'il était né pour faire de grandes choses; et cet homme est devenu Lord Clive, le fondateur de l'Empire. S'il avait cru les prêtres et avait rampé toute sa vie : "O Seigneur, je suis faible, je suis vil ", où aurait-il été ? Dans un asile de fous. Vous aussi êtes rendus fous par ces mauvais enseignements. Partout dans le monde j'ai vu les mauvais effets de ces faibles enseignements d'humilité qui détruisent la race humaine. Nos enfants sont élevés de cette manière, et est-ce surprenant qu'ils deviennent à moitié fous ?

Cela c'est enseigner du côté pratique. Alors croyez en vous-mêmes, et si vous voulez la richesse matérielle, travaillez-y, elle viendra à vous Si vous voulez être un intellectuel, travaillez-y sur le plan intellectuel, et vous serez des géants intellectuels. Et soi vous voulez parvenir à la liberté, travaillez-y sur le plan spirituel, et vous serez libres et entrerez dans le Nirvana, la Béatitude Eternelle. Mais un défaut qui se trouve dans l'Advaita est qu'il a été travaillé pendant tant de temps sur le seul plan spirituel et nulle part ailleurs; le temps est maintenant venu où vous devez le rendre pratique. Il ne sera plus un Rahasya, un secret, il ne vivra plus avec les moines dans les cavernes, les forêts et dans les Himalayas; il doit descendre jusqu'à la vie journalière, quotidienne des gens; ils serra pratiqué dans le palais du roi, dans la caverne de l'ermite; il sera pratiqué dans la chaumière du pauvre, par le mendiant dans la rue, il sera pratiqué partout ; on peut le pratiquer n'importe où. Aussi n'ayez pas peu d'être une femme ou un Shudra, car cette religion est si grande, dit le Seigneur Krishna, que même un peu d'elle apporte beaucoup de bien.

C'est pourquoi, enfants des Aryens, ne restez pas assis oisifs; réveillez-vous, levez-vous, et n'arrêtez pas avant que le but ne soit atteint. Le temps est venu où cet Advaita doit être pratiqué. Faisons-le descendre des cieux sur la terre; c'est le décret actuel. Oui, les voix de nos ancêtres de jadis nous disent de le faire descendre des cieux sur la terre. Que vos enseignements imprègnent le monde, jusqu'à ce qu'ils soient entrés dans chaque pore de la société, jusqu'à ce qu'ils soient devenu la propriété commune de tout le monde, jusqu'à ce qu'ils soient devenus part et partie de nos vies, jusqu'à ce qu'ils soient entrés dans nos veines et fourmillent avec chaque goutte de sang qui s'y trouve.

Oui, vous devez êtres étonnés d'entendre qu'en tant que védantistes pratiques les américains sont meilleurs que nous. J'avais l'habitude de me tenir sur le rivage à New York et de regarder les immigrants qui venaient de différents pays ; écrasés, opprimés, désespérés, incapables de regarder un homme en face, avec un petit paquet de vêtements pour toute possession, et tous en haillons ; s'ils voyaient un policier ils avaient peur et ils tentaient aller de l'autre côté du chemin. Et, notez, après six mois ces mêmes homes marchaient droit, bien habillés, regardant tout le monde en face; et qu'est-ce qui avait fait cette merveilleuse différence ? Dites, cet home vient d'Arménie ou d'ailleurs où il était écrasé au-delà de toute considération, où tout le monde lui avait dit qu'il était né esclave et né pour rester dans une basse condition toute sa vie durant et où on lui marchait dessus au moindre mouvement de sa part. Là tout lui disait, pour ainsi dire : "Esclave ! Tu es un esclave, reste le. Tu es né sans espoir, tu dois rester sans espoir." L'air même murmurait cela autour de lui. Tu es né sans espoir, tu dois rester sans espoir ", tandis que l'homme fort lui écrasait la vie. Et quand il a atterri dans les rues de New York, il a vu un gentleman, bien habillé, lui serer la main; çà ne faisait aucune différence que l'un soit en haillons et l'autre bien vêtu. Il a fait un pas de plus et il a vu un restaurant, qu'il y avait des gentlemen qui dînaient à une table, et il a demandé une place au coin de la même table. Il s'y est rendu et il a trouvé une vie nouvelle, qu'il y avait un endroit où il était un homme parmi les hommes. Peut-être est-il allé à Washington, peut-être a-t-il serré la main au Président des Etats-Unis, et peut-être y a-t-il vu des hommes qui venaient de villages lointains, des paysans, et mal vêtus, serrer tous la main du Président. Alors le voile de Maya a glissé loin de lui. Il est Brahman, lui qui avait été hypnotisé dans l'esclavage et dans la faiblesse est une fois de plus éveillé, et il se lève et voit un homme dans un monde d'hommes. Oui, dans ce pays qui est le nôtre, le lieu même de la naissance du Vedanta, nos masses ont été hypnotisées dans cet état pendant des âges. Les toucher est pollution, s'asseoir avec eux est pollution ! Ils sont nés sans espoir, ils doivent rester sans espoir ! Et le résultat est qu'ils ont sombré, sombré, sombré et qu'ils en sont arrivés au dernier stade où un être humain peut arriver. Car quel pays y a-t-il dans le monde où l'homme doit dormir avec le bétail ? Et ne blâmez personne d'autre pour cela, ne commettez pas l'erreur de l'ignorant. L'effet est ici et la cause y est aussi. Levez-vous, soyez courageux, et endossez vous-mêmes le blâme. N'allez pas jeter de la boue aux autres; car toutes les fautes dont vous souffrez, vous en êtes la seule et unique cause.

Jeunes hommes de Lahore, comprenez ceci, c'est la raison pour laquelle ce grand péché, héréditaire et national, est sur nos épaules. Il n'y a aucun espoir pour nous. Vous pouvez créer des milliers de sociétés, vingt mille assemblages politiques, cinquante mille institutions. Ils ne seront d'aucune utilité jusqu'à ce qu'il y ait cette compassion, cet amour, ce cœur qui pense pour tous; jusqu'à ce que le cœur de Buddha vienne en Inde une fois de plus, jusqu'à ce que les paroles du Seigneur Krishna soient mises en pratique, il n'y aura pour nous aucun espoir. Vous imitez les européens, leurs sociétés et leurs assemblages, mais laissez-moi vous raconter une histoire, un fit que j'i vu de mes propres yeux. Un groupe de Birmans fut emmené à Londres par des personnes d'ici, qui s'avérèrent être des Eurasiens. Ils exhibèrent ces personnes dans Londres, prirent tout l'argent, puis ils firent prendre à ces Birmans la direction du Continent et ils les y laissèrent pour de bon ou pour de mauvais. Ces pauvres gens ne connaissaient pas un mot de quelque langue européenne que ce soit, mais le Consul d'Angleterre en Autriche les renvoya à Londres. A Londres ils étaient désespérés, sans connaître qui que ce soit. Mais une dame anglaise vint à en entendre parler, et elle prit ces étrangers de Birmanie dans sa propre maison, leur donna ses propres vêtements, son lit, et tout, puis elle envoya les nouvelles aux journaux. Et, notez, le jour suivant la nation entière était, pour ainsi dire, secouée. L'argent entra à flots et ces gens furent aidés et renvoyés en Birmanie. Toutes leurs institutions politiques et autres sont basées sur ce genre de sympathie; c'est la base en rocher de l'amour, au moins pour eux-mêmes. Ils peuvent ne pas aimer le monde ; et les Birmans peuvent être leurs ennemis, mais en Angleterre, cela va sans dire, il y a ce grand amour pour son propre peuple, pour la vérité, la justice et la charité envers l'étranger qui se trouve à la porte. Je serais le plus ingrat des homes sir je ne vous disais pas combine j'ai été merveilleusement reçu et avec quelle hospitalité dans chaque pays d'occident. Où est ici le cœur sur lequel construire ? Nous n'avons pas plus tôt commence une petite société par actions que nous essayons de nous escroquer les uns les autres, et toute la chose tombe en faillite. Vous parlez d'imiter les anglais et de construire une grande nation comme ils en constituent une. Mais où sont les fondations ? Les nôtres sont seulement en sable et c'est pourquoi l'immeuble s'écroule avec fracas en un rien de temps.

Aussi, jeunes homes de Lahore, levez une fois de plus cette puissante bannière de l'Advaita, car vous ne pouvez avoir cet amour merveilleux sur aucun autre terrain jusqu'à ce que vous voyiez que ce même Seigneur est présent partout. Déployez cette bannière de l'amour ! "Levez-vous, réveillez-vous, et n'arrêtez pas tant que le but n'est pas atteint." Levez-vous, levez-vous une fois de plus, car on ne peut rien faire sans renonciation. Si vous voulez aider les autres, votre petit ego doit s'en aller. En prenant les paroles des chrétiens : " Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon à la fois. " Ayez Vairagya. Vos ancêtres ont abandonné le monde pour faire de grandes choses. A l'époque actuelle il y a des homes qui abandonnent le monde pour aider à leur propre salut. Jetez tout, même votre propre salut, et allez aider les autres. Oui, vous dites toujours des paroles audacieuses, mais le Vedanta pratique est ici devant vous. Abandonnez votre petite vie. Qu'importe-t-il que vous mourriez de faim - vous, moi et des milliers comme nous - aussi longtemps que cette nation vivra ? La nation est en train de sombrer, la malédiction de millions sans nombre est sur nos têtes - ceux auxquels nous avons donné à boire l'eau du caniveau quand ils mouraient de soif et alors que la rivière perpétuelle coulait plus loin, les millions sans nombre à qui nous avons permis de mourir de faim en voyant l'abondance, les millions sans nombre à qui nous avons parlé de l'Advaita et que nous avons détesté de toute notre force, les millions sans nombre pour lesquels nous avons inventé la doctrine de Lokachara (usage), à qui nous avons théoriquement dit que nous étions tous les mêmes et tous unis au même Seigneur, sans même une once de pratique. "Mes amis, çà ne doit être que dans le mental et jamais dans la pratique ! " Enlevez cette tâche. " Levez-vous et réveillez-vous !" Qu'importe-il si cette petite vie disparaît ? Tout le monde doit mourir, le sain ou le pécheur, le riche ou le pauvre. Le corps ne reste jamais, pour personne. Levez-vous, réveillez-vous et soyez parfaitement sincères. Notre manque de sincérité est terrible en Inde; ce que nous voulons, c'est du caractère, cette fermeté d'esprit et ce caractère qui fait qu'un homme se cramponne à une chose désespérément.

"Que les sages blâment ou qu'ils louent, que Lakshmi vienne aujourd'hui ou qu'elle s'en aille, que la mort arrive tout de suite ou dans cent ans; il est en vérité le sage celui qui ne fait pas de faux pas en dehors du bon chemin. " Levez-vous et réveillez-vous, car le temps passé et toutes nos énergies seront gaspillées en paroles vaines. Levez-vous et réveillez-vous, que les petites choses, les querelles sur des petits détails et les bagarres sur les petites doctrines soient jetées de côté, car c'est ici qu'est le plus grand de tous les travaux, c'est ici que se trouvent les millions qui sombrent. Lorsque les Mahométans sont venus en Inde la première fois, quel grand nombre d'hindous nous étions ! Mais remarquez comme ils se sont réduits aujourd'hui ! De jour en jour ils deviendront de moins en moins nombreux jusqu'à ce qu'ils disparaissent totalement. Qu'ils disparaissent, mais avec eux disparaîtront les idées merveilleuses dont, avec tous leurs défauts et toutes leurs présentations erronées, ils sont encore les représentants. Et avec eux disparaîtra cet Advaita merveilleux, le joyau de crête de toute la pensée spirituelle. Alors levez-vous, réveillez-vous, les mains tendues pour protéger la spiritualité du monde. Et pratiquez-le tout d'abord pour votre propre pays. Ce que nous voulons n'est pas tant la spiritualité qu'un peu de descente de l'Advaita dans le monde matériel. Du pain d'abord et de la religion ensuite. Nous les avons trop bourrés de religion quand les pauvres hommes mourraient de faim. Aucun dogme ne satisfera les appétits insatiables de la faim. Il y a ici deux malédictions : d'abord notre faiblesse et deuxièmement notre haine, nos cœurs asséchés. Vous pouvez parler de doctrines par millions, vous pouvez avoir des sectes par centaines de millions; oui, mais cela n'est rien tant que vous n'avez pas un cœur pour ressentir. Ressentez pour eux comme notre Veda vous l'enseigne, jusqu'à ce que vous voyiez qu'ils sont des parties de vos propres corps, jusqu'à ce que vous réalisiez que vous et eux, le pauvre et le riche, le saint et le pécheur, sont tous des parties de l'Unique Tout Infini que vous appelez Brahman.

Gentlemen, j'ai tenté de vous exposer quelques uns des point les plus brillants du système Advaita, et le temps est venu maintenant où il doit être mis en pratique, non seulement dans ce pays mais partout. La science moderne et son traîneau - partout des coups de marteau pulvérisent les fondations en porcelaine de toutes les religions. Il n'y a pas qu'ici que les dualistes torturent les textes jusqu'à ce que vienne le temps où il ne continueront plus - car les textes ne sont pas le caoutchouc de l'Inde - il n'y a pas qu'ici qu'ils essayent de se faufiler dans les coins et les recoins pour se protéger ; il n'en est plus de même en Europe et en Amérique. Et un tant soit peu de cette idée devra même y aller à partir de l'Inde. C'est déjà arrivé là-bas. Cela devra grandir et croître et sauver aussi leurs civilisations. Car en occident le vieil ordre des choses est en train de disparaître, laissant la voie à un nouvel ordre des choses qui est l'adoration de l'or, l'adoration de Mammon. Ainsi cet ancien système brut de religion était meilleur que le système moderne, à savoir : compétition et or. Aucune nation, aussi forte qu'elle puisse être, ne peut se tenir sur de telles fondations, et l'histoire du monde nous dit que tout ce qui a eu de telles fondations est mort et enterré. Nous devons tout d'abord arrêter l'arrivée d'une telle vague en Inde. Aussi prêchez l'Advaita à chacun de telle sorte que cette religion puisse résister au choc de la science moderne. Pas seulement cela, vous devrez aider les autres ; votre pensée aidera l'Europe et l'Amérique. Mais par-(dessus tout, laissez-moi vous rappeler une fois de plus qu'il y a ici besoin de travail pratique, et la première partie en est que vous devez aller près des millions d'êtres de l'Inde qui sombrent, et les prendre par la main, vous souvenant des paroles du Seigneur Krishna :

[Sanskrit]

"Dans cette vie même ils ont conquis l'existence relative ceux dont le mental est fermement fixé sur l'identité de tout, car Dieu est pur et le même pour tous ; c'est pourquoi de telles personnes sont dites vivre en Dieu. "