YOGA VASISHTHA
MAHARAMAYANA

 

LIVRE III

 

Chapitre VI

Mumukshu praytnopdesha

(Exhortation pour l'atteinte de la Libération)

 

1.- Vasishtha dit : "C'est par la connaissance de ce suprême esprit transcendant et Dieu des dieux que l'on peut devenir adepte, et non par la rigueur d'austérités et de pratiques religieuses.

2.- Il n'est besoin de rien ici que de la culture et de la pratique de la connaissance divine, et de cette façon la vérité étant connue, on voit les erreurs du monde comme un voyageur rassasié regarde un mirage à la claire lumière.

3.- Il n'est ni loin ni trop près de nous, et il n'est pas atteignable par ce qu'il n'est pas. Il est l'image de la lumière et de la félicité et il est perceptible en nous-mêmes.

4.- Ici austérités et charités, voeux et observances religieuses ne sont bons en rien. C'est la calme quiétude de notre propre nature qui est seule utile dans les services envers Brahman.

5.- L'amour envers la société des vertueux et la dévotion à l'étude des bons livres sont les meilleurs moyens de connaissance divine, tandis que les services et pratiques rituéliques ne servent qu'à renforcer le piège de nos illusions innées que seule la véritable connaissance peut rompre.

6.- Dès que l'on connaît cette lumière intérieure qui est sienne comme l'Atman véritable, alors on est débarrassé de ses misères et l'on devient libéré dans cette vie."

7.- Rama dit : "Ayant connu le Soi en soi-même, on n'est plus exposé aux maux de la vie ni même à la mort.

8.- Mais dis-moi comment il est possible d'atteindre ce Paramatman d'une si grande distance, et quelles rigoureuses austérités et quelles quantités de peines y sont nécessaires."

9.- Vasishtha répondit : "On doit Le connaître au moyen de nos efforts humains, et à l'aide d'une compréhension claire et d'un raisonnement juste, et jamais par la pratique d'austérités ou d'ablutions, ni par des actes qui comprennent quelque peine corporelle que ce soit.

10.- Car sache, ô Rama, que toutes tes austérités et tes charités, ton assiduité et ta mortification ne sont d'aucune efficacité, à moins que tu ne renonces totalement à tes passions et à ton inimitié, à ta colère et à ton orgueil, à ton égoïsme, à ton envie et à ta jalousie.

11.- Pour celui qui est généreux avec de l'argent qu'il a gagné en triomphant les autres, et le coeur plein de passions viles, le mérite d'une telle générosité s'accroît pour le véritable propriétaire du bien et non pour son prétendu donateur.

12.- Et quiconque observe un voeu ou un rite le mental mu par les passions passe pour un hypocrite et ne récolte aucun bénéfice de ses actes.

13.- Aussi dirige tes efforts d'homme à obtenir les remèdes des bons préceptes et de la bonne compagnie pour extirper les maladies et les perturbations de ce monde.

14.- Aucune ligne de conduite si ce n'est l'effort de notre propre virilité, ne mène à l'apaisement de toutes les misères et des troubles de cette vie.

15.- Apprends maintenant la nature de cette virilité pour ton atteinte de la sagesse et l'annihilation des maladies des passions, des attachements et de l'animosité de ta nature.

16.- La véritable virilité consiste en ta continuation dans une honnête profession conforme à la loi et au bon traitement de ton pays, et en un mental satisfait qui se retire de l'odeur des jouissances de la vie.

17.- Elle consiste en l'effort de nos propres énergies au mieux de notre capacité sans porter aucun murmure ni aucun chagrin en notre coeur, et en notre dévotion envers la société du bien et à la lecture de bons livres et des Shastras.

18.- Il a de la classe le véritable brave qui est tout à fait content de ce qu'il obtient et qui rejette avec mépris ce qu'il lui est illégal de prendre (1); qui est attaché à la bonne compagnie et prêt à l'étude des oeuvres sans reproches.

19.- Et ceux qui ont un mental élevé et qui ont connu leur propre nature et ceux parmi tous les autres par leur raisonnement juste sont honorés des dieux Brahma, Vishnu, Indra et Shiva.

20.- On doit avoir recours avec zèle à celui qui est appelé homme juste par la majorité des gens de bien de l'endroit, comme étant le meilleur et le plus juste des hommes.

21.- Ces oeuvres religieuses sont dites composer le meilleur shastra, qui traitent principalement de la connaissance spirituelle, et celui qui médite constamment sur elles arrive de manière certaine à la libération.

22.- C'est au moyen de la juste discrimination qui vient à partir de la bonne compagnie et de l'étude des oeuvres bénies que notre compréhension est lavée de son ignorance comme l'eau sale est purifiée par les graines de Kata et que le mental des hommes est purgé par la philosophie du Yoga."